Appel irakien à un soutien arabe face à la Turquie

BAGDAD, 25 Mai (AFP). — L’Irak a appelé dimanche avec insistance les Arabes à tenir une réunion pour condamner l’offensive turque dans le nord de son territoire, lancée il y a dix jours et qui semble s’installer dans la durée.
Le quotidien officiel «As-Saoura» a invité les pays arabes «à tenir une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères pour adopter une position unifiée condamnant la Turquie et réclamant le retrait immédiat de ses troupes du nord de l’Irak».
«Est-ce trop demander de la part de l’Irak, qui subit une agression militaire turque. Est-ce trop de la part de l’Irak qui a soutenu tous les Arabes, de demander et d’obtenir une position arabe officielle condamnant les vils agissements de la Turquie?», s’est demandé le journal.
La Turquie a lancé le 14 mai une attaque massive à la poursuite des séparatistes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) basés dans le nord de l’Irak, qui échappe au contrôle de Bagdad depuis 1991.
Présentée initialement comme une opération «limitée», l’incursion a pris de l’ampleur et un responsable militaire turc a annoncé dimanche que les effectifs des troupes turques luttant contre le PKK dans le nord irakien avaient pratiquement triplé pour passer à entre 25.000 et 30.000 hommes.
Selon lui, 1.450 militants du PKK ont été tués depuis le début de l’opération, au cours de laquelle les troupes turques se sont avancées assez profondément en territoire irakien.
Samedi, le quotidien «Babel», dirigé par Oudaï Saddam Hussein, fils aîné du président irakien, avait appelé les pays arabes à tenir un sommet ou une réunion ministérielle sur l’offensive turque et estimé que les pays arabes devaient demander une réunion «urgente» du Conseil de Sécurité de l’ONU.
«Une réunion arabe au niveau ministériel, ou même au sommet, est nécessaire pour défendre l’Irak», avait estimé «Babel», selon lequel «le temps est venu pour les Arabes de mettre fin à l’isolement de l’Irak et de sanctionner la Turquie si elle ne met pas un terme à ses incursions répétées» au Kurdistan irakien.
Cité samedi par le quotidien arabe «Al-Hayat», le représentant de l’Irak auprès de l’ONU à Genève, M. Barzan al-Takriti, a déploré la position des Arabes à l’égard de l’incursion turque.
«la position arabe face à l’Irak, mais aussi face à beaucoup de questions d’importance dans le monde arabe, dont le Soudan et la Libye, est affligeante et déplorable», a déclaré M. Takriti, demi-frère du président Saddam Hussein.
Il a rejeté comme «futiles et irréalistes» les informations faisant état d’une coordination entre l’Irak et la Turquie avant l’opération turque.
L’opération turque est intervenue au moment où les relations irako-turques connaissaient une nette amélioration, notamment au niveau des échanges commerciaux.
La Ligue arabe a dénoncé la Turquie dès le lendemain de l’opération. Parmi les pays arabes, la condamnation la plus violente est venue de la Syrie, dont un rapprochement s’esquisse avec l’Irak après une rupture de près de vingt ans.