« Même si nos prévisions actuelles tablent pour l'instant sur une croissance mondiale de 3,1 % l'an prochain, celles-ci seront revues à la baisse dans notre prochain rapport qui sera publié bientôt. Il nous faudra en tout cas attendre pas moins de 3 ans avant de renouer avec les taux de croissance observés au cours des dernières années précédant la crise », a-t-il ajouté.
Au niveau de l'emploi et du pouvoir d'achat, les conséquences du ralentissement de l'économie mondiale qui se font déjà sentir aux quatre coins de la planète risquent de s'aggraver à court terme. « En Chine, près de 30 millions d'emplois ont été supprimés depuis septembre dernier tandis qu'aux États-Unis les dépenses des ménages ont chuté de 13 000 milliards de dollars au dernier trimestre de 2008 », a indiqué Dugan. Pour le directeur des investissements à Merrill Lynch, la consommation des ménages, un élément essentiel de la croissance, ne saurait rebondir dans un contexte de resserrement du crédit.
L'effet de levier inversé (deleveraging), estimé aujourd'hui à 5 000 milliards d'euros en Europe, contribue à limiter davantage le potentiel de croissance, a-t-il expliqué. Les plans de relance des gouvernements devront ainsi non seulement porter sur une baisse des taxes et l'augmentation des investissements de l'État dans des projets d'infrastructure, mais surtout servir d'appui aux banques commerciales pour pallier le problème d'assèchement des liquidités, a-t-il ajouté.
M. Dugan a également mis l'accent au cours de la conférence sur le risque de déflation, faisant notamment allusion au rapport de la Banque d'Angleterre, publié en novembre dernier et dans lequel elle prévoit un taux d'inflation négatif au cours des deux prochaines années. « Les prix de l'immobilier témoignent d'ailleurs de cette chute importante des prix. En Europe, par exemple, les espaces commerciaux, qui ont déjà perdu 15 % de leur valeur, pourraient voir leurs prix chuter jusqu'à 50 % », a-t-il souligné. Cette déflation pourrait toutefois profiter aux consommateurs et investisseurs. « Avec une inflation égale ou inférieure à 0 %, un rendement variant de 3 à 5 % sur les bons de Trésor américains est, dans le contexte actuel, considéré comme un investissement profitable », a-t-il ajouté.
Pour l'année en cours, Merrill Lynch recommande d'ailleurs à ses clients d'investir dans l'or, les bons du Trésor, les placements privés (private equity) et les actions de sociétés appartenant à des secteurs particuliers, notamment ceux des télécoms, de la technologie et des médias...