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Liban - Texto

Si ce soir…

Chaque campagne électorale a ses impératifs. En Israël, il a fallu affamer, assoiffer, torturer, raser Gaza, histoire de pouvoir faire l'impasse sur un programme électoral solide, convaincant, courageux et, surtout, pacificateur.
Ici, depuis la 1701 et Doha, le choix facile des armes n'est plus vraiment une option, n'en déplaise aux nombreux amateurs. Au lieu de cela, pour se préparer au mieux au couperet du 7 juin prochain, le mieux pour nos dirigeants reste de puiser dans la section scandales en tout genre, sans jamais craindre d'en faire trop. S'ils vivaient en Grande-Bretagne, ils feraient le bonheur de la presse people. Mais ils ne vivent pas en Grande-Bretagne, loin s'en faut. Rien ici n'est comparable à la douceur de vivre outremer. D'ailleurs ici, le seul avantage, c'est qu'on a le smog en moins.
Alors, ces écoutes ? Pourquoi en faire tout un plat alors qu'à bien y réfléchir, ce n'est pas un big deal, partant du fait qu'un parti-milice possède déjà son propre réseau d'écoutes et de télécommunications totalement secret et complètement distinct de l'infrastructure étatique. Tout ce raffut autour de ce pseudo-scandale se révèle donc parfaitement inutile à ce stade du jeu.
Dans le genre violence verbale, certains pensent en outre qu'il est fort à propos, à l'approche du scrutin, de se montrer sous un jour milicien qu'on ne leur connaissait pas. C'est vrai que proférer des menaces à tout-va peut se révéler pratique, parce que cela finit toujours par mobiliser quelques miliciens nostalgiques des tranchées.
Si ce soir chacun rentrait à la maison. Et réfléchissait deux minutes. Pas cinq, juste deux.
Il faut le reconnaître, on ne fait pas encore campagne au Liban sur des propositions concrètes mais uniquement sur des questions touchant à l'identité du pays, à sa place géopolitique dans la région. Mais... entre ces empoignades de bas niveau et un débat sur l'opportunité d'octroyer ou non un congé parental aux hommes, il reste quand même de la marge.
Alors, si ce soir chacun d'entre eux s'asseyait à son bureau - pour peu qu'il en ait un - et réfléchissait un tout petit peu... à un programme.
Oui messieurs. Un programme, un vrai. Cinq points pour expliquer pourquoi les Libanais et les Libanaises devraient voter pour vous, et pour personne d'autre que vous. Cinq points pour expliciter votre point de vue sur l'économie, la dette publique, le chômage - si, si, je vous assure, il y a des chômeurs au Liban -, l'avenir de la Caisse nationale de Sécurité sociale et les raisons pour lesquelles personne n'a jamais réussi à l'assainir, les projets que vous envisagez de mettre en œuvre pour pousser les jeunes expatriés à rentrer au pays. Juste ça, rien de plus. Pas de discours-fleuve sur les circonstances exceptionnelles et particulièrement délicates que traverse le pays, ni de considérations interminables concernant les derniers développements politiques sur la scène interne. Juste cinq points, s'il vous plaît. Si ce soir vous faites ça, c'est sûr, je vous le promets, je voterai pour vous.
Chaque campagne électorale a ses impératifs. En Israël, il a fallu affamer, assoiffer, torturer, raser Gaza, histoire de pouvoir faire l'impasse sur un programme électoral solide, convaincant, courageux et, surtout, pacificateur.Ici, depuis la 1701 et Doha, le choix facile des armes n'est plus vraiment une option, n'en déplaise aux nombreux amateurs. Au lieu de...
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