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Liban

Sayegh à Paris : Gagner les élections pour « sanctuariser le Liban » face au projet du Hezbollah

« Il faut que nous entrions à jamais dans la culture du dialogue, que le Liban devienne véritablement le creuset du dialogue des cultures. Nous voulons au Liban un État laïc, une laïcité à inventer et qu'il ne faudra pas copier. » C'est par ces grandes idées d'apparence toutes simples que le vice-président du parti Kataëb Sélim Sayegh a conclu la conférence qu'il a tenue à Paris sur le thème des « Élections libanaises, enjeux et perspectives ».
C'est en mettant en relief les grandes « inquiétudes qui animent en ce moment le peuple libanais », dans le cadre très chic mais toujours très sobre de la mairie du 16e arrondissement, que le vice-président du parti Kataëb, Sélim Sayegh, a donné le coup d'envoi parisien de la campagne électorale du parti.
Oscillant entre « les roses de l'espoir et les épines de la réalité », les propos de Sélim Sayegh ont d'emblée tenu à attirer l'attention de son auditoire sur « les dangers que représenterait la victoire électorale du Hezbollah et de ses alliés » en juin prochain, car la donne au Liban « sera complètement modifiée ».
« J'ai répertorié 11 domaines qui viendront à être modifiés dans le cas où le camp du 8 Mars viendrait à remporter les élections », a indiqué M. Sayegh, soulignant d'abord le risque quant à l'application de la résolution 1701. Celle-ci « deviendrait caduque » car l'armée et les Casques bleus de la Finul ne seraient plus en mesure de « sanctuariser le Sud » comme c'est le cas actuellement. Interrogé par L'Orient-Le Jour sur la manière dont cette évolution pourrait se concrétiser sur le terrain, M. Sayegh a affirmé qu'une fois que le Hezbollah sera au pouvoir, l'armée pourrait très probablement être amenée à se retirer du Sud, ce qui laisserait libre cours aux activités de la Résistance. De plus, ce changement dans la composition de la majorité pourrait provoquer une osmose entre l'armée et le Hezbollah, d'autant plus que « l'histoire proche a démontré que le Hezbollah a su et pu neutraliser l'armée au moment voulu ».
S'attardant en outre sur ce qu'il a appelé « la stratégie de protection nationale », conformément à la lettre de la déclaration ministérielle, M. Sayegh a indiqué que les récents développements militaires à Gaza ont montré au Hezbollah l'efficacité du modèle Hezbollah-Hamas, et que « rien ne vaut un modèle pareil au Liban ». Pour le Hezb, il est donc inutile à l'heure actuelle de « présenter ou de proposer une stratégie de protection, parce qu'il sait ce qu'il faut faire, il n'a pas besoin d'exposer sa stratégie, elle doit rester secrète. Cela va à l'encontre de la logique étatique », a relevé le vice-président des Kataëb.

La fin des accords
de Doha

« La victoire du Hezbollah signifierait également la fin des accords de Doha » puisque le système du tiers de blocage, « d'ores et déjà utilisé à outrance », viendra à être appliqué, « transposé à toute minorité au Liban, d'où le danger car le tiers de blocage ne correspond en réalité qu'à une logique de rapport de forces dans la rue », a fait valoir le cadre Kataëb, avant de se demander « si aujourd'hui la majorité ne parvient pas à faire fonctionner le pays, qu'en sera-t-il lorsque celle-ci sera devenue minoritaire ? ». Il a ensuite relevé que le cours des choses mènera également à l'isolement du président de la République qui perdrait par là le rôle d'arbitre qui est actuellement le sien. « Il sera réduit à régner sur le palais présidentiel, et encore... »
S'en prenant d'autre part à l'hégémonie du Hezbollah au sein de sa propre alliance, M. Sayegh a affirmé : « Nous avons vu comment ils exercent le pluralisme, lequel est de toute évidence inexistant. » « Certains tentent de modérer ce parti en s'alliant à lui, or depuis trois ans déjà, cela n'a pas fonctionné. »
Le danger de la victoire du Hezbollah s'exprimerait également sur le plan du tribunal international car « plus aucun témoin n'osera comparaître devant le tribunal » lorsque celui-ci se mettra en marche. « La campagne actuellement orchestrée par le Hezbollah et ses alliés pour la libération des quatre officiers ne relève pas du hasard », a aussi insisté Sélim Sayegh.
« Pour toutes ces raisons, il faudrait vaincre le Hezbollah et amener ce parti à la table du dialogue afin d'œuvrer à la sanctuarisation de ce pays, à sa neutralité positive. » Interrogé par L'Orient-Le Jour sur le point de savoir si, et de toute évidence, le Hezbollah n'était pas déjà présent autour de la table du dialogue, M. Sayegh a répondu en dénonçant le « simulacre de dialogue » qui a actuellement lieu au Liban. « Le Hezbollah a les armes et ne voit pas pourquoi il agirait autrement, sauf dans le cas d'une victoire claire et franche de l'autre camp », a-t-il insisté.
« Il faut que nous entrions à jamais dans la culture du dialogue, que le Liban devienne véritablement le creuset du dialogue des cultures. Nous voulons au Liban un État laïc, une laïcité à inventer et qu'il ne faudra pas copier. » C'est par ces grandes idées d'apparence toutes simples que le vice-président du parti...
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