Rechercher
Rechercher

Diaspora

« El Líbano » de Colombia : le parcours diversifié des émigrés

La Colombie, un des pays qui a connu une vaste émigration libanaise, a un nombre record de villes et localités appelées « El Líbano ».
Le Liban, de par son nom biblique, est présent dans la pensée des peuples du monde et, grâce à la grande émigration des Libanais, est connu dans tous les continents. Ce pays passe ainsi d'un microcosme géographique à un macrocosme d'influences. Et en Amérique latine par exemple, 26 villes et localités portent le nom d'« El Líbano » : 21 en Colombie (dans les régions de Tolima, Antioquia, Cauca...), deux au Venezuela et une en Équateur, à Panama et au Salvador.
En Colombie, on compte donc le plus grand nombre d'« El Líbano », soit pour des questions spirituelles, soit en raison de l'affluence des émigrants libanais à la fin du XIXe siècle (voir notre édition du 16 juin 2008). Le ministre colombien de la Communication, Maria Del Rosario Guerra de Mesa, au cours d'une réunion en 2006 dans la ville de Cartagena, a déclaré que « les Arabes et les Colombiens ont en commun des facteurs génétiques, culturels et linguistiques qui, avec les traditions sociales, forgent notre identité nationale et ethnique. L'émigration arabe et spécialement syro-libanaise sont très significatives pour la vie économique, scientifique, culturelle et politique de la Colombie, et le peuple arabe est l'un des groupes ethniques qui a le plus influencé notre nation. Ainsi, il est connu de tous qu'une grande partie de la colonisation de Antioquia - un des départements colombiens - lui est due ». Selon l'ambassadeur de Colombie au Liban, Oscille Georgine Chaër Mallat, le nombre de Libanais résidant dans ce pays varie entre 400 000 et 500 000 personnes aujourd'hui  (voir notre édition du 8 janvier 2008).

Des cèdres au cœur
de la chaîne des Andes

Dans le département de Tolima en Colombie se trouve une vallée enclavée dans la chaîne centrale des Andes, pleine de cèdres. Elle aurait été habitée par les tribus Pantagoras, Marquetones, Panches et Bledos, dont les sociétés étaient hiérarchiques. Le nom de « El Líbano » a été donné à cette région en 1849, en vertu d'un décret officiel. En 1864, un mouvement de colonisateurs antioqueños (d'Antioquia, Colombie) est parti à la recherche de nouvelles terres habitables. La caravane était dirigée par Isidro Parra, un libéral ayant fui l'oppression religieuse de l'Eglise sévissant dans le pays. Il arriva à la vallée d'« El Líbano » et rencontra un Français qui habitait là depuis plus de 10 ans. Desiré Angée, ingénieur, avait en effet décidé de quitter Bogota et de mener une vie solitaire dans cette vallée en compagnie d'une ex-moniale, Mercedes González, avec qui il vivait une histoire d'amour. Desiré et Mercedes possédaient la plupart des terrains de cette vallée fertile. Isidro Parra forma à « El Líbano » un groupe libéral qui, à plusieurs reprises, prit les armes pour défendre ses idées et participa même à la guerre civile de 1885 et 1895. Puis « El Líbano » devint, au début du XXe siècle, réceptive aux idées marxistes et, avant Fidel Castro, effectua en 1929 un soulèvement armé aux couleurs de la gauche révolutionnaire en Amérique.

L'introduction du cinéma
par des Libano-Colombiens

Entre 1886 et 1900, « El Líbano » accueillit de nombreux émigrants, entre autres des Libanais, qui ont ouvert de nouveaux chemins vers tout le pays, contribuant à un développement socio-économique important de la région. Dans les années 1930, « El Líbano » devint la seconde ville du département de Tolima, grâce à sa richesse minérale, ses plantations de café, ses industries, sa fabrique de savon et son grand moulin à blé. La vie intellectuelle se développa dans la ville où plusieurs journaux furent publiés. Au début du XXe siècle, des Libanais amenèrent à « El Líbano », à dos d'ânes, des projecteurs de films et des batteries électriques importées du Mexique, et organisèrent des sessions de cinéma pour le divertissement du peuple dans l'intérieur du pays. Ces pionniers étaient David Jadet et Mustafá Tatar Salomón, originaires de Tripoli, au Liban-Nord. En 1910, ils formèrent la compagnie Jadet & Tatar, construisirent des salles de cinéma et projetèrent même des films censurés par le gouvernement, vu que « El Líbano » était une ville libérale. Elle devint ainsi la base logistique du cinéma dont elle fit une manifestation participant au développement culturel de la population. En 1927, le cinéma atteint son apogée à « El Líbano », avec la création de la «Sociedad Filmadora del Tolima S.C.» (Société cinématographique de Tolima), montée par le Colombien Carlos Arturo Sanín Restrepo, qui réalisa des films locaux avec des acteurs amateurs, grâce à des appuis financiers comme ceux des producteurs allemands de café. Le long métrage muet Los amores de Kelif, marqua la décentralisation et la fin de la période du cinéma muet national. « El Líbano », avec une population de près de 30 000 habitants, s'étend aujourd'hui sur une superficie de 300 kilomètres carrés, à 1 565 mètres d'altitude (www.libano-tolima.gov.co ).

Fernando Malkún Rojas et la civilisation maya
Parmi d'autres descendants de Libanais qui se sont distingués en Colombie, figure Fernando Malkún Rojas, né à Barranquilla, de double origine libanaise, son père étant né au Liban, au Proche-Orient, et sa mère à « El Líbano ». Diplômé en architecture, il s'est ensuite spécialisé dans l'histoire de la civilisation maya du Mexique. Il devint le disciple du maître philosophe et sociologue colombien Gerardo Schmedling (1946-2004), fondateur de l' « École de la magie de l'amour » et réalisateur renommé pour ses documentaires télévisés sur les civilisations anciennes, dont l'un des succès est Las Siete Profecías Mayas (Les sept prophéties mayas). Malkún donne aujourd'hui à travers le monde des conférences et organise des séminaires sur la science et la spiritualité des grandes cultures (www.fernandomalkun.com). Il est l'auteur d'une œuvre sur Sak Balam, El Profeta Maia (Sak Balam, le prophète maya), qui prédit, selon le calendrier maya, qu'en 2012 auront lieu de grands changements, une espèce d'apocalypse dans le monde. Malkún conclut que ce ne sera pas la fin du monde (les Mayas parlent de transformation et non de fin du monde), mais le début d'une nouvelle ère, dans laquelle les politiciens, les militaires et les forces économiques vont agir différemment, le changement touchant également les religions basées sur la peur et le jugement du bien et du mal. Il y aura dans la société plus d'harmonie qui enseignera le sens réel de l'amour, pour une meilleure compréhension de l'Univers.
Le Liban, de par son nom biblique, est présent dans la pensée des peuples du monde et, grâce à la grande émigration des Libanais, est connu dans tous les continents. Ce pays passe ainsi d'un microcosme géographique à un macrocosme d'influences. Et en Amérique latine par exemple, 26 villes et localités portent le nom...