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Économie - Agriculture

La pourriture brune, nouvelle hantise des agriculteurs

La bactérie menacerait de se répandre sur tout le territoire, si les mesures préventives adéquates ne sont pas prises.
Les cultures de pommes de terre au Liban sont-elles touchées par la pourriture brune ?
Cette interrogation hante consommateurs et agriculteurs depuis l'interdiction, il y a quelques jours, par la Syrie des exportations de pommes de terre libanaises vers son territoire. Damas avait expliqué avoir pris cette décision après avoir constaté que des échantillons de cette denrée, venus du Liban, était infectés par la pourriture brune. Les autorités de ce pays ont aussi invoqué une sanction similaire prise par l'Union européenne contre notre patate nationale, du fait de l'existence de doutes quant à sa bonne santé.
Le président de l'Association des agriculteurs, Antoine Hoayeck, a toutefois contesté la véridicité des tests effectués par la Syrie, réclamant une enquête libanaise sur cette affaire. « Nous sommes liés à la Syrie par un accord arabe de libre-échange en matière agricole, a-t-il précisé, dans un entretien avec L'Orient-Le Jour. Ils ne peuvent entraver nos exportations que si elles présentent des problèmes sanitaires. Comme nous sommes en pleine saison de récolte de la pomme de terre en Syrie, ils peuvent très bien monter cette affaire de toutes pièces pour protéger leurs propres productions. Nos autorités doivent enquêter en la matière. »
Effectivement, à la demande du ministère de l'Agriculture, Élie Choueiri, chef de département à l'Institut des recherches agronomiques du Liban (IRAL), a lancé une enquête scientifique sur cette affaire. « Je me suis rendu en Syrie où j'ai prélevé des échantillons sur les stocks de pommes de terre libanaises arrêtés à la frontière, a expliqué le chercheur à L'Orient-Le Jour. Les tests préliminaires se sont avérés positifs. Nous devons mener des examens complémentaires pour vérifier ces résultats. »
Néanmoins, Antoine Hoayeck ainsi qu'Antoine Tohmé, gros producteur, exportateur et importateur de pommes de terre dans la Békaa, indiquent que les 12 camions qui transportaient la pomme de terre potentiellement infectée ont purement et simplement disparu lorsque les enquêteurs libanais sont arrivés. D'où une impossibilité totale de prélever les échantillons nécessaires à la poursuite des tests.
Si ces informations s'avéraient véridiques, le départ de ces camions vers une destination inconnue constitue une menace grave pour l'agriculture libanaise. En effet, même si la pourriture brune est « anodine pour les hommes », selon Élie Choueiri, il reste qu'elle infecte la terre cultivable pendant de longues années. Toute poignée de sable ou tubercule contaminée peut transmettre la bactérie de la pourriture brune - Ralstonia Solanacearum pour les intimes - à une parcelle saine qui voit alors sa productivité chuter d'une manière vertigineuse.
« La pourriture brune provoque un flétrissement des plantes et une atrophie des tubercules, a indiqué le chercheur de l'IRAL. Elle nuit gravement à la rentabilité des exploitations. Il faut mettre toute parcelle infectée en quarantaine pendant 5 ans pour éviter une propagation du fléau contre lequel il n'existe aucun traitement curatif. »
Outre ces mesures préventives qui ne peuvent être prises que lorsque la présence du fléau sera établie et les parcelles infectées localisées, Antoine Tohmé a appelé à la mise en place d'un système de protection à la frontière pour empêcher les importations de patates contaminées provenant notamment d'Égypte. Selon lui, toute éventuelle infection au Liban serait due à des tubercules importées de ce pays où la pourriture brune est une véritable épidémie. « Selon la loi, les importations de pommes de terre destinées à la consommation doivent être aspergées d'un produit chimique dès leur arrivée à la frontière, afin de les rendre infertiles, a souligné l'agriculteur. Or souvent, la société qui a le monopole de cette mission déroge à ses obligations à la demande des agriculteurs qui veulent réduire leur coût en utilisant ces tubercules comme semence pour ne pas avoir à en acheter. D'où un risque croissant d'importer les bactéries avec les patates égyptiennes et de les inoculer à notre propre terre. »
Et l'agriculteur d'ajouter enfin que « l'État libanais doit veiller au respect de la loi pour défendre le secteur agricole au lieu de nuire à sa réputation en diffusant des informations inexactes ».
Les cultures de pommes de terre au Liban sont-elles touchées par la pourriture brune ?Cette interrogation hante consommateurs et agriculteurs depuis l'interdiction, il y a quelques jours, par la Syrie des exportations de pommes de terre libanaises vers son territoire. Damas avait expliqué avoir pris cette décision après avoir constaté que des...
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