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Liban - Texto

Boîte à questions

Se coucher un soir d'orage las, mais envahi par cette douce certitude d'avoir accompli sa mission. D'avoir dit ce qui devait être dit et surtout, d'avoir fait ce qui devait impérativement être fait. Un sentiment sûrement planant parce que tellement difficile à atteindre.
En attendant ce rare et doux état de grâce, ils font de leur mieux. Pas assez, diront les cyniques, mais c'est déjà tellement ça. Ils acceptent de s'asseoir côte à côte après s'être réciproquement traités de tous les noms, aussi bien les uns que les autres.
Mais pas seulement : ils travaillent, peut-être pour la première fois depuis longtemps, certains pour la première fois tout court, dans l'intérêt de la nation qu'ils espèrent - il faut oser - voir naître un jour. Tellement réconfortante, cette photo des Quatorze réunis dans la salle de conférences presque trop cosy, presque trop accueillante, du palais présidentiel de Baabda. Et tellement rassurant qu'à tour de rôle presque tout le monde soit en train de travailler à domicile, durant ces longs mois qui séparent cet intermittent et alternatif dialogue national.
C'est donc une nouvelle fois autour de l'inextricable mais tout aussi indispensable stratégie de défense nationale que les différents pôles du pouvoir se sont donné rendez-vous cette semaine. Avec toujours, dans la balance, ces deux éléments qu'il faut prendre en compte, qu'il faut jauger avec parcimonie à chaque fois que les mots défense et nationale se rencontrent dans la même phrase : la sécurité du Liban face à Israël vs la souveraineté de l'État. Le problème c'est que, et jusqu'à nouvel ordre, ce n'est pas un match.
Pourquoi faut-il que ces deux considérations soient intrinsèquement paradoxales ? D'ailleurs, quel cheminement a été suivi pour aboutir à ce paradoxe, justement ? Les dirigeants de ce pays se sont-ils une seule fois posé la question de savoir pourquoi c'est immanquablement le même raisonnement qui revient en boucle à chaque fois qu'il est question de trouver une solution aux armes qui échappent au contrôle de l'État ?
Pourquoi certaines parties s'ingénient-elles constamment à comparer l'armée libanaise à une passoire, à une institution qui serait tout bonnement incapable de se doter de sa propre stratégie, et surtout, au-delà, de garder ses informations pour elle-même ? Pourquoi s'ingénier à crier sur tous les toits que l'armée est faible face à Israël, comme si le but était de sous-entendre qu'il en sera ainsi pour toujours ? Comment cette transition a-t-elle pu être opérée sans un bruit, alors qu'au sortir de la guerre, tout le monde répétait à l'envi et à qui voulait l'entendre que l'armée avait été (re)soudée, rapiécée, rafraîchie, (re)liftée et qu'elle était désormais prête à affronter tous les dangers ?
Le problème c'est que, et jusqu'à nouvel ordre, il ne s'agit pas d'un match. Seules, ni la sécurité ni la souveraineté ne peuvent être effectives. Ce n'est que lorsque ces deux éléments vitaux se trouveront des points d'ancrage qu'ils existeront par eux-mêmes, respectivement, mais en constante symbiose. 
Se coucher un soir d'orage las, mais envahi par cette douce certitude d'avoir accompli sa mission. D'avoir dit ce qui devait être dit et surtout, d'avoir fait ce qui devait impérativement être fait. Un sentiment sûrement planant parce que tellement difficile à atteindre. En attendant ce rare et doux état de grâce, ils font de leur mieux. Pas assez,...
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