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Liban - La Situation

La 1701 pratiquement absente des tournées de Marini et de Murr

Les propos tenus hier par l'émissaire de Nicolas Sarkozy, le sénateur Philippe Marini, montrent que la stratégie adoptée par la Syrie à l'égard du Liban depuis des décennies est bien moins éculée qu'on ne le pense et reste toujours aussi rentable pour le régime du Baas.
Depuis tout temps, faut-il le rappeler, il a suffi à Damas de susciter ou du moins d'attiser les problèmes au Liban pour en concéder ensuite la solution à l'Occident et s'en trouver couvert d'éloges et comblé de cadeaux politiques. Enlèvements d'Occidentaux, cessez-le-feu introuvable à Beyrouth, vacance de la magistrature suprême... La Syrie a tellement employé ce schéma que l'adage du « pompier pyromane » est désormais profondément ancré dans l'esprit de chaque Libanais. Un schéma qui a valu à Bachar el-Assad un satisfecit délivré par le sénateur picard et président du groupe interparlementaire d'amitié France-Syrie. Philippe Marini a en effet salué sans sourciller le « rôle positif » joué par Damas pour assagir le Hezbollah durant l'offensive israélienne contre Gaza, grâce à « l'influence » qu'il exerce sur le parti de Dieu...
Laquelle « influence » pourrait parfaitement servir à obtenir une application intégrale, parfaite et sans équivoque de la 1701, résolution internationale adoptée par la communauté internationale pour garantir la sécurité et la stabilité du Liban, sans que quiconque n'ait à jouer de « rôle positif ». Néanmoins, Philippe Marini n'a pas jugé bon d'évoquer cette résolution, lors de ses déclarations à la presse depuis Beyrouth, pas plus que le ministre de la Défense, Élias Murr, en visite hier à Damas.
Pourtant, des milieux politiques autorisés indiquent que le patron de Yarzé n'a pas cessé au cours des derniers jours de déclarer aux parties concernées que son déplacement en Syrie « s'inscrit dans le cadre de la coopération visant à renforcer l'application de la 1701 ». Mais une fois sa démarche accomplie, avec la bénédiction officielle du gouvernement, le ministre de la Défense n'a inclus aucune allusion à la résolution onusienne dans le communiqué publié hier par son bureau de presse. « Une régression », lâchent des milieux proches de la majorité. Il semble d'ailleurs que cette dernière ne devrait pas déplorer cette lacune, vu qu'Élias Murr a miraculeusement échappé à un attentat et qu'il n'a pas mis les pieds en Syrie depuis 3 ans.
Toujours est-il que le ministre de la Défense a annoncé s'être entendu avec son homologue syrien, Hassan Torkmani, sur « un mécanisme de renforcement des patrouilles le long des frontières communes pour colmater les brèches entre les terminaux frontaliers fixes ». Formule quelque peu opaque qui peut tout aussi bien désigner une forme de coopération sécuritaire renforcée que pratiquement pas grand-chose.
Sur un autre plan, et au moment où Élias Murr rencontrait Bachar el-Assad à Damas, la guerre des épiciers réveillée par le projet de budget 2009 s'est poursuivie de ce côté de la frontière. Les ténors du 8 Mars ont continué leur offensive médiatique visant à obtenir l'attribution de quelque 60 milliards de livres au Conseil du Sud. Une bagatelle, à en croire le député du mouvement Amal, Ali Khreiss, qui a déclaré que « cette somme ne couvre même pas les frais de l'étude de faisabilité d'un projet conduit par le Conseil du développement et de la reconstruction ». De quoi rassurer le contribuable quant au bon usage qui est fait des deniers publics.
Mohammad Chatah, lui, a sorti les mesures de destruction massive pour riposter à la campagne du 8 Mars. Le ministre des Finances, qui n'a cessé de jurer durant les jours qui ont suivi son entrée en fonctions que son gouvernement n'augmentera pas la taxe sur la valeur ajoutée, a brandi la menace d'une hausse de la TVA si ses adversaires persistaient dans leurs revendications. Une mesure qui n'était pas stipulée dans son projet de budget.
À en croire que, pour certains, la politique fiscale est moins une affaire économique cruciale pour le quotidien de centaines de milliers de personnes qu'un outil de dissuasion et de vengeance personnelle, synonyme de punition collective. Keynes s'en retourne dans sa tombe.
Les propos tenus hier par l'émissaire de Nicolas Sarkozy, le sénateur Philippe Marini, montrent que la stratégie adoptée par la Syrie à l'égard du Liban depuis des décennies est bien moins éculée qu'on ne le pense et reste toujours aussi rentable pour le régime du Baas. Depuis tout temps, faut-il le rappeler, il a suffi...
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