Les premiers Libanais sont arrivés en groupe en Argentine et se sont installés sur tout le territoire : à Ushuaia, ville la plus australe du monde, Tierra del Fuego (Terre de Feu), Jujuy, ville du Nord composée de métis quechuas et calchaquis, Buenos Aires, Córdoba, Cuyo et en Patagonie… Ils ont été notamment attirés, comme les autres émigrés, par les offres de travail des entreprises anglaises et françaises construisant les lignes de chemins de fer à Buenos Aires et à l’intérieur du pays. Ils ont initié le commerce et sont devenus les premiers colporteurs et vendeurs à crédit en Argentine, fondant par la suite des magasins à Buenos Aires – particulièrement au quartier Retiro – et dans d’autres grandes villes du pays. Ils ont commencé par apprendre les langues indigènes comme le quichua et le guarani, avant même le « castellano » ou l’espagnol, devenant parfois des références pour indiquer un chemin dans les pampas (plaines) : « De la tieda del Turco, Salim debe seguir hasta rio… » (du magasin du Turc – Libanais ou Syrien –, Salim devra poursuivre jusqu’au fleuve…).
Une des caractéristiques des Libanais en Argentine, au début du XXe siècle, a été de fonder un grand nombre d’associations, de clubs et de lieux de culte dans tout le territoire, en se regroupant comme les autres émigrés pour conserver leurs traditions et leur langue. Ils fondèrent aussi des hôpitaux comme l’ Hospital Sirio Libanés de Buenos Aires, en raison de la carence de l’État, et des banques comme Banco Sirio Libanés del Rio de la Plata, devenue aujourd’hui Banco Credito Rural Argentino.
Au tout début du XXe siècle, des missionnaires se sont joints aux pionniers libanais, qui étaient au départ en majorité des chrétiens, et ont fondé en 1901 la Mission libanaise maronite en Argentine, construisant un an plus tard la première église de rite oriental et le collège San Marón à Buenos Aires, une institution culturelle d’enseignement de la foi et du patriotisme. En 1913, les mêmes missionnaires libanais ont fondé une imprimerie, éditant deux fois par semaine le journal El Misionero (Le Missionnaire), trait d’union entre le pays du Cèdre et les émigrés en Argentine, dans le but de divulguer leur culture et leur histoire, et d’informer sur les relations s’établissant entre les deux pays. Les numéros de ce journal sont des documents importants pour la recherche sur l’émigration arabe et libanaise, et son développement en Argentine. Actuellement, El Misionero est réédité dans un format moderne illustrant la réussite de cette publication historique
(http://www.misionlibanesa.com.ar).
En 1999, a été construite la nouvelle église San Marón à Buenos Aires, rappelant le couvent Saint-Antoine de Kozhaya dans la vallée de la Kadischa, avec une architecture de style libanais, et des arcs et des pierres du Liban transportées par voie maritime. Plus de 500 tonnes qui ont suivi le même trajet que les émigrés voyageant dans le passé vers l’Argentine. Ces pierres proviennent de toutes les régions du Liban, la diversité de leurs couleurs constituant une partie du Liban en Argentine.
En 1905, ce fut au tour des grecs-catholiques melkites de construire leur première église à Córdoba, suivis en 1914 par les grecs-orthodoxes à Santiago del Estero. Musulmans, druzes et juifs libanais fondèrent également des lieux de culte et autres associations dans les diverses provinces du pays. Ils développèrent par la suite, à partir des années 1930, des institutions commerciales et sociales, comme l’Asociación Patriotica Libanesa, le Club Libanés de Buenos Aires, le Centro Social Libanés, le Diario Sirio Libanés (journal publié en arabe et espagnol), le Club los Cedros, l’Asociación de Damas Libanesas, l’Asociación de San Marón, l’Asociación de Damas de San Jorge, l’Asociación Akarense, la Cámara de Comercio Argentino-Libanesa (Chambre de commerce argentino-libanaise)…
Avec l’indépendance du Liban, en 1943, fut ouverte une représentation diplomatique entre les deux pays, et en 1954, le président Camille Chamoun visita officiellement l’Argentine, lors d’une tournée qui le mena également au Brésil et en Uruguay. Les relations diplomatiques s’ajoutèrent ainsi aux relations humaines. En cette année 2008, le ministre de la Justice, Charles Rizk, a participé au mois de février à Buenos Aires au congrès qui a réuni trente pays arabes et d’Amérique du Sud. Il a rencontré à cette occasion des membres de la colonie à l’ambassade du Liban dans la capitale argentine et affirmé l’intérêt porté par le gouvernement libanais aux émigrés. Il a évoqué l’élaboration d’une carte pour les émigrés d’origine libanaise ne portant pas la nationalité libanaise, qui leur donnerait des droits économiques et sociaux, ainsi que des droits de propriété et d’investissement en facilitant leur entrée au Liban sans visa. Il a également fait part du projet de loi électorale reconnaissant aux Libanais détenteurs de la nationalité le droit de vote lors des législatives à partir de l’étranger.
Les Libanais forment aujourd’hui une des plus grandes colonies d’immigrants en Argentine, passant de 700 personnes en 1880 à 3 000 en 1890, puis 20 000 en 1912, pour atteindre aujourd’hui le nombre approximatif de 1 million et demi, si l’on compte tous les immigrants et leurs descendants. Ils sont actifs dans tous les domaines de la vie argentine – politique, diplomatie, culture, littérature, sciences, armée, justice… – et ont participé aux derniers développements historiques, sociaux et économiques du pays qui les a reçus. Une grande partie d’ntre eux continuent de maintenir des contacts directs avec le Liban à travers leurs familles ainsi que les échanges commerciaux. Nous citerons comme publication de liaison la Revista Árabe, que l’on peut consulter à l’adresse :
www.revistaarabe.com.ar/hist_inmigracion_arg.asp.
Le flux des émigrés allant en Argentine et y retournant a donné lieu au Liban à une colonie de Libano-Argentins composée de plusieurs milliers de personnes, comme à Aïn Ebel au Liban-Sud (http://ain-ebel.org/argentina.htm).
Parmi les restaurants argentins figure la Casa de Carne La Estancia, à Gemmayzé, qui sert des plats argentins et où l’on danse le tango, bien apprécié des Libanais tout comme le jeu de football de l’équipe argentine.
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