
Le président Joseph Aoun recevant le secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU accompagné du commandant de la FINUL et d'une délégation. Photo tirée du compte X de la présidence libanaise @LBpresidency
Le secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a entamé mercredi une visite à Beyrouth, à quelques semaines du renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), prévu en août. Accompagné du général Aroldo Lázaro, commandant de la Finul, M. Lacroix a été reçu par plusieurs hauts responsables libanais, dont le président de la République, Joseph Aoun, au palais de Baabda.
« Le Liban reste attaché au maintien des forces de la Finul au Liban-Sud, et à l’application de la résolution 1701 des Nations unies en coordination avec l’armée libanaise, en vue de préserver la stabilité du Liban-Sud qui est devenue cruciale non seulement pour le Liban, mais pour toute la région », a déclaré le président Aoun au responsable de l'ONU, selon un communiqué officiel du palais. « Le rôle de la Finul dans la préservation de cette stabilité est essentiel », a-t-il poursuivi.
Cette visite de M. Lacroix au Liban intervient à quelques semaines du débat qui devrait avoir lieu à l’ONU en vue d’une éventuelle reconduction du mandat de la Finul. Il devrait plaider auprès des autorités libanaises, selon les informations de L’Orient-Le Jour, pour une coopération renforcée, la réaffirmation des engagements de toutes les parties à la résolution 1701, et la nécessité de protéger les acquis encore fragiles du maintien de la paix.
La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, stipule la création d’une Finul renforcée au Liban-Sud. Cette même résolution a de nouveau servi de base à l'accord du cessez-le-feu du 27 novembre 2024 entre les mêmes belligérants, mais la communauté internationale insiste cette fois pour la mise en application d’une autre de ses dispositions, relative au monopole des armes par l’État libanais, ce qui implique de facto le désarmement du Hezbollah.
Après son entretien avec M. Lacroix, M. Aoun a également émis l’espoir que « les pays donateurs qui contribuent à la Finul continuent à lui assurer le financement nécessaire ». « Le Liban effectuera les contacts avec les pays amis à cette fin », a-t-il ajouté.
M. Aoun a par ailleurs décerné au général Lázaro, dont le mandat prend fin, la médaille de l’ordre national du Cèdre, grade de commandeur, pour les efforts fournis en vue du maintien de la paix au Liban-Sud.
Le renouvellement du mandat de la Finul
Dans l'après-midi, le Premier ministre Nawaf Salam a reçu le secrétaire général adjoint au grand Sérail, toujours accompagné du commandant de la Finul. M. Lacroix s'était déjà entretenu auparavant avec le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné.
Insistant sur « l’importance de la présence de la Finul pour soutenir la stabilité au Liban et dans le Sud en particulier », M. Salam a fait part de la volonté du Liban de « renouveler sa mission dès que possible ». « L'État libanais est en train de soumettre une demande officielle à l'ONU à cet égard », a-t-il assuré.
Le chef du gouvernement a par ailleurs insisté sur la nécessité de « préserver la stabilité dans les circonstances actuelles » et « d'empêcher que le Liban soit entraîné ou impliqué dans la confrontation régionale en cours ». « L'armée libanaise continue d'étendre son déploiement dans les régions du sud », a-t-il affirmé, s'engageant à étendre l'autorité de l'État libanais sur l'ensemble de son territoire et à mettre en œuvre la résolution 1701.
« Les Nations unies soutiennent la demande du Liban de poursuivre le travail de la Finul », a réagi M. Lacroix, précisant que « la communication se poursuit avec les parties concernées afin de parvenir à un accord sur l'extension du mandat de la Finul ».
Les défis liés au renouvellement du mandat de la Finul et les développements au Liban-Sud étaient aussi au cœur de la réunion entre le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi et M. Lacroix.
M. Raggi a réitéré « l'attachement du Liban au maintien de la Finul », rappelant le rôle important de la force de paix dans l'instauration de la stabilité et du calme au Liban-Sud ». Il a aussi rejeté « toute atteinte au personnel de la Finul » de la part de populations de certains villages au Liban-Sud et insisté sur la nécessité de « proroger son mandat sans y apporter de modifications ».
Evoquant par ailleurs les attaques répétées de l’armée israélienne au Liban-Sud, malgré le cessez-le-feu, le ministre a observé que « Le Liban condamne toute agression israélienne contre les forces internationales », et dénoncé par la même occasion « toute attaque contre les membres de la force de paix par des ressortissants libanais ». Il a précisé que «les autorités libanaises sont à pied d’œuvre pour demander des comptes aux agresseurs et les traduire en justice».
Jean-Pierre Lacroix a pour sa part souligné « l'importance du renouvellement du mandat de la Finul et du maintien de son financement ». Il a salué « la coopération entre les forces internationales et l'armée libanaise au Liban-Sud pour la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité », insistant sur « l’importance du rôle de l'armée libanaise pour renforcer son déploiement dans le Sud et s'assurer le monopole des armes ».
Le chef de la diplomatie libanaise a par ailleurs exprimé ses remerciements au général commandant de la force internationale « pour le rôle et les efforts considérables qu'il a déployés en faveur du Liban durant son mandat en tant que commandant de la Finul ».
Ces dernières semaines, des clashs entre des « habitants » de certains villages du Sud et des patrouilles de la Finul ont éclaté à plusieurs reprises, en guise de protestation contre ce que certains d’entre eux dénoncent comme des «patrouilles sans coordination avec l’armée». Certains y voient un message du Hezbollah, dont ces régions sont généralement le fief, contre la présence de la Finul. Néanmoins, selon un communiqué publié par le parti chiite le 11 juin, le chef de son groupe parlementaire Mohammad Raad a affirmé que « le parti soutient la position de l’État libanais en faveur du renouvellement du mandat de la Finul ».
Si le Liban "reste attaché au maintien de la Finul" alors que toute la lumière soit faite sur les meurtres des casques bleus aux mains de sympathisants du hezballah ainsi que sur les obstructions faites á ses déplacements.
21 h 01, le 18 juin 2025