
Le Premier ministre Nawaf Salam (au centre) rencontre une délégation du syndicat de la presse, menée par le président du syndicat, Aouni Kaaki, le mardi 29 avril 2025. Photo publiée sur le compte X du Grand Sérail. @grandserail
Le Premier ministre Nawaf Salam a condamné mardi les violations de l'accord de cessez-le-feu par Israël, estimant que la présence continue de son armée sur des positions au Liban-Sud « menacera la stabilité », appelant à activer le rôle du comité de supervision de la mise en oeuvre du cessez-le-feu pour mettre un terme aux violations israéliennes, dans des propos rapportés sur le compte X du Grand Sérail.
Emboîtant le pas aux critiques fermes du président de la République, Joseph Aoun, après la frappe israélienne menée dimanche, avec un avertissement préalable, sur un entrepôt à Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, Nawaf Salam a affirmé lors d'une réunion avec le syndicat de la presse, que « l’attaque contre la banlieue sud de Beyrouth et les autres agressions israéliennes constituent une violation des dispositions de cessation des hostilités », estimant que « l’activation du mécanisme de surveillance est nécessaire pour mettre fin à ces agressions ». Le comité de supervision est formé de généraux français et américain, ainsi que de représentants du Liban, d'Israël et de la Force intérimaire de l'ONU au Liban.
« Contact permanent » avec les États-Unis et la France
Il en a également appelé à la France et aux États-Unis, parrains de l'accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Liban et Israël, qui a mis un terme à plus de treize mois de conflit entre le Hezbollah et l'État hébreu : « le Liban est engagé dans (l'application de) l’accord (qui prévoit notamment le désarmement du Hezbollah et le déploiement de l'armée libanaise au Liban-Sud, Ndlr), et la partie israélienne doit l’être aussi. Il nous importe que les positions américaine et française demeurent aux côtés du Liban pour atteindre cet objectif » a-t-il ainsi déclaré.
Avant d'insister, indiquant « qu’un contact permanent est maintenu avec les Américains, les Français, et toutes les forces influentes, en particulier les pays arabes et européens, en veillant à maintenir et renforcer cette pression (afin de mettre fin aux agressions) ».
Le Premier ministre irakien, Mohammad Chia al-Soudani et le roi de Jordanie, Abdallah II, ont discuté mardi après-midi lors d'un entretien téléphonique de la « nécessité (...) de consolider l’accord de cessez-le-feu au Liban », rapporte un communiqué du bureau de presse du Premier ministre irakien.
Contrairement aux dispositions prévues par l'accord, l'armée israélienne continue de bombarder presque quotidiennement le Liban-Sud, estimant « forcer » l'application de l'accord en frappant des « positions » du parti chiite, qui ont tué plus de 140 personnes depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, et son armée reste présente sur cinq collines près de la frontière, « stratégiques » selon elle. « Le Liban souhaite mettre un terme à toutes ces violations et mettre fin à l’occupation israélienne des cinq collines et de toutes les terres libanaises » a ainsi assuré M. Salam. « Si Israël ne se retire pas complètement, cela menacera la stabilité », a-t-il averti.
Dans une allocution lundi soir, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, a estimé que la position officielle face aux exigences israélo-américaines était « molle ». « Nous savons que le président de la République suit attentivement la situation, et que sa position, ainsi que celle du Premier ministre, était bonne, a-t-il affirmé. Et d’ajouter : Mais nous attendons plus d’action quotidienne et une intensification des démarches diplomatiques. »
Le Hezbollah « affirme toujours qu’il se place derrière l’État »
Interrogé sur le monopole des armes par l'État, leitmotiv de la présidence de Joseph Aoun, depuis son discours d'investiture le 9 janvier et la déclaration ministérielle du gouvernement, rédigée dix jours plus tard, qui le mentionne explicitement, Nawaf Salam a déclaré que le « parti affirme toujours qu’il se place derrière l’État » et que « l’État a pris une décision claire à ce sujet, sur la base de la déclaration ministérielle pour laquelle le parti a voté en faveur ».
Le parti chiite ne semble prêt à discuter de son désarmement qu'après l'arrêt des violations de l'accord par Israël, selon les propos de Naïm Kassem lundi soir. Ces dernières semaines, les dirigeants du parti refusaient catégoriquement d'évoquer le désarmement, et évoquaient la nécessité de définir une « stratégie de défense nationale ».
Semblant également répondre à la critique du chef du Hezbollah sur le « retard » pris dans la reconstruction des zones détruites par la guerre, qui y voyait une forme de « discrimination » à l'encontre de la composante chiite (principalement ciblée par la machine de guerre israélienne), Nawaf Salam a affirmé que « le gouvernement a commencé à travailler sur un plan de reconstruction, en commençant par les infrastructures ». « Un état des lieux des dégâts a été réalisé, et le travail est en cours pour mobiliser les moyens nécessaires. Le gouvernement a entamé des négociations avec la Banque mondiale, et un montant de 325 millions de dollars a déjà été assuré, avec pour objectif de l’augmenter » a-t-il fait savoir.
Le ministre libanais des Finances, Yassine Jaber, révélait il y a une semaine que « le Liban a obtenu un accord de principe pour augmenter la valeur du prêt accordé par la Banque mondiale pour la reconstruction, le faisant passer de 250 à 400 millions de dollars », avait rapporté son bureau de presse.
« L'armée a besoin de renforcer ses effectifs »
Nawaf Salam a encore insisté sur le « besoin » de l'armée libanaise de « renforcer ses effectifs », à l'heure où elle doit se déployer tout à la fois au Liban-Sud et à la frontière nord-est, où des incidents sporadiques ont opposé des clans chiites aux nouvelles forces de sécurité syrienne ces deux derniers mois, sur fond de frontière poreuse entre le Liban et la Syrie.
« L’armée a besoin de renforcer ses effectifs par de nouveaux recrutements, notamment en raison des importantes responsabilités qui lui incombent, notamment le déploiement dans le Sud et son élargissement, à la frontière nord-est, ainsi que son appui aux forces de sécurité intérieure et sa présence dans de nombreuses infrastructures publiques, notamment le port et l’aéroport » a-t-il ainsi déclaré. Ces deux infrastructures ont longtemps été accusées par les opposants au Hezbollah d'être utilisées par le parti pour le transfert d'armes et de liquidités en provenance de l'étranger.
Tandis que l'accord de cessez-le-feu prévoit le déploiement progressif de 10 000 soldats libanais au Liban-Sud, des responsables militaires ont indiqué il y a dix jours que 1 500 soldats supplémentaires ont été déployés dans le sud du pays jusqu’à présent, portant le total à 6 000, et que 4 000 autres sont en cours de recrutement.
Il faut que ce parti comprenne que les agressions que notre pays subit, sont le fruit de leurs provocations injustifiées pour défendre d’autres pays qui n’en ont cure de notre stabilité et de notre sécurité. Commençons par le commencement et exigeons le dépôt de leurs armes illicites et voyons si notre pays sera toujours menacé. Ils ont signé l’accord du cessez-le-feu en toute connaissance de cause et viennent jouer aux victimes grugées pour nous faire avaler la pilule de leur résistance à la noix dont personne ne leur a réclamée. Suffit les balivernes.
13 h 32, le 30 avril 2025