
Le secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem au cours de son intervention télévisée, le 28 avril 2025. Photo al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem a qualifié lundi la frappe israélienne qui avait touché la veille la banlieue sud de Beyrouth d'« injustifiée », estimant qu'il s'agit d'une « agression politique visant à modifier les règles en vigueur ».
Un avion de chasse israélien avait bombardé dimanche après-midi un bâtiment à Hadeth, menacé environ une heure auparavant par l'armée israélienne, dans un rare avertissement depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu fin novembre 2024.
« Hier (dimanche), une agression a pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth. Cette attaque est grave et injustifiée. Il s'agit d'une agression politique visant à modifier les règles en vigueur et à instaurer de nouvelles équations sous pression américaine », a souligné le dignitaire chiite dans un discours retransmis sur la chaîne al-Manar. Il a dénoncé une « violation flagrante » du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.
S'il a salué la réaction – assez sévère – du président de la République Joseph Aoun et du Premier ministre, Nawaf Salam, il a estimé que la position officielle face aux exigences israélo-américaines était « molle ». « Nous savons que le président de la République suit attentivement la situation, et que sa position, ainsi que celle du Premier ministre, était bonne, a-t-il affirmé. Et d’ajouter : Mais nous attendons plus d’action quotidienne et une intensification des démarches diplomatiques. » Il a, dans ce cadre, appelé à ce que les ambassadeurs des pays garants de l’accord de cessez-le-feu (les États-Unis et la France) soient convoqués officiellement par le Liban, afin que celui-ci proteste contre les violations israéliennes. Cet « appel » ne peut être dissocié de la convocation, la semaine dernière, par le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi, de l’ambassadeur iranien Mojtaba Amani. Le ministre a notamment demandé au diplomate de respecter la souveraineté du Liban et de ne pas interférer dans ses affaires internes, à la veille de critiques formulées par M. Amani contre le concept de désarmement du Hezbollah.
Réagissant à la frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, le chef de l'État a « appelé la France et les États-Unis, parrains de l'accord de cessez-le-feu et faisant partie du comité normalement chargé de la surveillance de l'application de l'accord, à « assumer leurs responsabilités et à forcer Israël à mettre immédiatement un terme à ses attaques ». Le Premier ministre a de son côté pressé les « États qui parrainent la trêve à prendre des mesures pour mettre fin à ces attaques et accélérer le retrait total d'Israël du territoire libanais ».
La 1701 « en temps voulu »
Le secrétaire général du Hezbollah a en outre affirmé que l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU « dans son intégralité » viendra en temps voulu, quand Israël aura lui aussi « assumé ses responsabilités » dans le cadre de cette décision, en arrêtant les attaques contre le Liban et en se retirant du Sud. Cette référence au désarmement du parti pro-iranien, prévu dans les résolutions internationales dont la 1701, sonne comme un adoucissement de la rhétorique du Hezbollah, dont les dirigeants refusaient ces dernières semaines le monopole des armes aux mains de l’État, tel que prôné par le président Aoun.
Le dignitaire chiite a également estimé que le retrait israélien, l’arrêt des attaques contre le Liban ainsi que la libération des prisonniers devaient être la première priorité du gouvernement libanais, appelant Beyrouth à tirer avantage du fait que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est « affaibli » après de longs mois de guerre à Gaza. « Le Liban restera fort avec son armée, sa résistance et son peuple », a-t-il lancé, en référence au fameux triptyque « armée, peuple, résistance » prôné par le Hezbollah, mais dans la pratique, abandonné par la déclaration ministérielle du gouvernement Salam et le discours d’investiture de Joseph Aoun. Toutefois, dans une claire volonté de souffler le chaud et le froid, Kassem a ajouté : « Ne nous demandez pas plus de concessions. Nous avons suspendu le travail de toutes nos unités à la frontière et on nous demande de faire plus ? » Et d'appeler dans ce même cadre l’État libanais à « ne pas faire des concessions à l'ennemi ».
Il a dans ce cadre précisé que « le Hezbollah et la résistance se sont engagés à respecter le cessez-le-feu et ont favorisé le déploiement de l'armée libanaise sans aucune violation », pointant du doigt le fait qu' « Israël a violé cette trêve et agressé le Liban plus de 3 000 fois ». Naïm Kassem a ainsi souligné que « les buts d'Israël sont clairs : il veut contrôler le Liban, y établir des colonies, rester dans le pays et l'affaiblir pour qu'il ne s'oppose plus à ses projets ». « Nous n'abandonnerons pas notre force, la force du Liban, la force de l'armée libanaise et la force de l'État libanais », a-t-il martelé.
Selon le chef du Hezbollah, la deuxième priorité du gouvernement devrait être le lancement du chantier de la reconstruction des zones détruites par la guerre. « Le gouvernement a beaucoup tardé à lancer la reconstruction, qui est pourtant de sa responsabilité essentielle », a-t-il dénoncé, y voyant une forme de « discrimination » contre la composante chiite (principalement ciblée par la machine de guerre israélienne). « Même s’il n’y a pas encore d’aide extérieure suffisante, il existe des ressources internes. Il faut commencer immédiatement et montrer au peuple que l’État agit », a lancé Naïm Kassem.
Il a ensuite indiqué que « la troisième priorité est l'édification de l’État ». « Nous soutenons le président de la République et le gouvernement dans l’arrêt des attaques, la reconstruction et l'édification de l’État, et nous n’écouterons pas ceux qui veulent la sédition », a-t-il poursuivi.
Les municipales
Naïm Kassem a enfin abordé le dossier des élections municipales étalées sur les quatre week-ends du mois de mai, appelant à une « forte participation ». « Nous avons formé une alliance avec le mouvement Amal pour gérer le processus électoral loin des politiques de conflits et de divergences », a-t-il précisé.
Il a souligné que « le premier objectif des municipales est de servir nos populations vulnérables, de veiller à leurs intérêts, de développer leurs zones, remédier à leurs privations et contribuer à leur progrès grâce aux ressources disponibles ». « Nous devons aussi assurer l'unité des villages et des villes, favoriser une atmosphère de compréhension, de convivialité et de coopération, et bénéficier de l'attention et de la fraternité de chacun », a-t-il conclu.
Au prochain discours il devrait nous informer de l’utilité de leurs armes. Est ce que uniquement pour menacer le peuple libanais? Parce que depuis la raclée qu’ils ont pris, ils demandent à l’armée de les protéger sans jamais tirer une seule cartouche. Ou alors pour la décoration de leurs fiefs avec les discours fallacieux qui vont avec?
15 h 38, le 29 avril 2025