L'armée libanaise a renforcé son déploiement dans le sud du pays au cours des derniers mois, confisquant les armes du Hezbollah et démantelant ses positions, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis qui a mis fin à des mois de guerre entre le groupe chiite et Israël, rapporte vendredi le Washington Post, citant le Premier ministre libanais, des responsables militaires libanais et des diplomates.

« L’armée fait des progrès sérieux. Elle étend et consolide sa présence dans le Sud », a notamment déclaré le chef du gouvernement au quotidien américain. Il a également affirmé que son pays œuvrait à garantir le droit exclusif de l’État à détenir des armes, « au nord comme au sud du Litani ».

Des responsables militaires ont indiqué que 1 500 soldats supplémentaires ont été déployés dans le sud du pays jusqu’à présent, portant le total à 6 000, et que 4 000 autres sont en cours de recrutement. L’armée a également repris les vols de reconnaissance, mis en place des points de contrôle et sécurisé plusieurs localités après le retrait de soldats israéliens, rappelle le Washington Post.

Le quotidien souligne que l’accord de cessez-le-feu prévoit le déploiement progressif de 10 000 soldats libanais, chargés de confisquer les armes du Hezbollah et de démanteler les positions du groupe dans le sud. Un comité de surveillance du cessez-le-feu, composé de cinq membres et dirigé par un responsable américain, supervise sa mise en œuvre.

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Un diplomate proche du dossier, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a indiqué au Washington Post que le comité recevait des coordonnées de dépôts d’armements et de lance-missiles de la part d’Israël ou de Casques bleus de l’ONU, puis transmettait ces informations à l’armée libanaise, chargée d’intervenir. Selon ce diplomate, plus de 500 sites militaires opérés par le Hezbollah et d’autres groupes ont été démantelés à ce jour.

Cessez-le-feu fragile

Cependant, le cessez-le-feu reste fragile depuis le départ. Malgré une échéance fixée à la mi-février pour le retrait des forces israéliennes, celles-ci sont restées déployées sur cinq positions stratégiques dans le sud du Liban, près de la frontière, et ont poursuivi leurs frappes aériennes contre le Hezbollah.

Fin mars, Israël a mené des frappes dans le sud, puis dans la banlieue sud de Beyrouth, après deux tirs de roquettes lancés depuis le Liban vers son territoire. Le Hezbollah a nié toute implication, mais ces incidents ont mis en lumière la précarité du cessez-le-feu. À la recherche des auteurs de ces tirs, l’armée libanaise a arrêté des suspects liés au Hamas.

Ces dernières semaines, les appels se sont multipliés pour que l’armée libanaise désarme le Hezbollah sur l’ensemble du territoire, et non uniquement au sud du fleuve Litani, la région frontalière avec Israël.

Malgré les avancées enregistrées par l’armée dans le sud, elle se heurterait à un défi de taille pour y parvenir. Déjà très sollicitée pour sécuriser la frontière syro-libanaise, dont la configuration a changé depuis la chute de Bachar el-Assad, elle dépend également de l’aide internationale pour tout financer : salaires, carburant, nourriture… dans un pays en crise depuis 2019.

Le président Joseph Aoun a enfin déclaré qu’une solution probable serait d’intégrer certains miliciens du Hezbollah dans les rangs de l’armée, comme cela avait été fait avec d’anciennes milices à la fin de la guerre civile libanaise — une option qui pourrait toutefois se révéler bien plus difficile à concrétiser.