Après une deuxième convocation par le ministre libanais des Affaires étrangères Joe Raggi, l’ambassadeur d’Iran au Liban, Mojtaba Amani, s’est rendu jeudi au palais Bustros, où il a été reçu par le secrétaire général Hani Chmaytelli. Celui-ci lui a fait parvenir, selon le communiqué officiel du ministère, un message sur « la nécessité de se conformer aux règles diplomatiques qui régissent les accords internationaux portant sur le respect de la souveraineté des pays et la non-ingérence dans leurs affaires internes, en particulier les accords de Vienne ».

C'est une publication sur le réseau social X, où il avait qualifié vendredi dernier les appels au désarmement du Hezbollah de « conspiration manifeste contre les nations », qui a provoqué cette convocation du diplomate. Lors d’une interview sur la chaîne locale al-Jadeed mercredi, Mojtaba Amani a reconnu avoir été convoqué par le ministère libanais des AE, mais n’avoir pu se rendre au rendez-vous parce qu’il était « occupé ». Il a souligné que l’Iran respectait « ce sur quoi les Libanais se sont mis d’accord » en ce qui concerne la remise des armes du Hezbollah. Revenant sur la guerre menée par Israël, il a estimé que « le Hezbollah et le Hamas n’ont pas été vaincus ».

Le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi, qui était en déplacement au Caire cette semaine, a convoqué une nouvelle fois M. Amani après sa première absence. Selon des sources informées interrogées par L’Orient-Le Jour, M. Raggi était de retour jeudi et se trouvait bien à son bureau. Pour les observateurs, le fait que l’ambassadeur d’Iran, le puissant allié régional du Hezbollah, ait malgré tout été reçu par le secrétaire général et non le ministre lui-même pourrait être perçu comme un « message » politique à l'intention de Téhéran.

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« Éviter tout malentendu » entre l'Iran et le Liban

L'ambassade d'Iran au Liban a de son côté précisé, dans un communiqué, que Mojtaba Amani avait apporté des « éclaircissements » sur ses récents propos, soulignant que « leur contenu était général et s'appliquait à tous les pays sans exception, y compris l'Iran ». La chancellerie a ajouté que « cette visite avait pour objectif d'éviter toute confusion ou malentendu potentiel entre les deux pays » concernant les déclarations de l'ambassadeur. M. Amani a insisté sur « l'importance d'empêcher les ennemis de semer la discorde entre l'Iran et le Liban » affirmant que la « vigilance et la coopération constituaient les meilleures garanties pour contrer de telles tentatives ». L'ambassadeur iranien a également affirmé « l'engagement indéfectible de la République islamique d'Iran à soutenir l'indépendance, la souveraineté, la stabilité et la sécurité du Liban », et a exprimé la volonté de son pays de « renforcer son soutien et d'élargir les perspectives de la coopération bilatérale dans divers domaines ». 

Le monopole des armes aux mains de l’Etat était au cœur du discours d’investiture du président de la République Joseph Aoun, prononcé le 9 janvier dernier, et de la déclaration ministérielle du cabinet Nawaf Salam. Cela implique de facto le désarmement du Hezbollah, très affaibli après la dernière guerre de treize mois avec Israël débutée le 8 octobre 2023 jusqu'au cessez-le-feu du 27 novembre 2024, la mort de ses principaux leaders et la destruction d’une grande partie de son arsenal.

Cette semaine, dans un discours prononcé lors de la 163e session de la Ligue arabe au Caire, Joe Raggi a réaffirmé l’engagement du Liban en faveur d’une politique étrangère fondée exclusivement « sur la défense des intérêts » nationaux et le « refus de toute ingérence étrangère dans ses affaires internes », dans une allusion à peine voilée à l’influence iranienne exercée par le Hezbollah.

L’ambassadeur Mojtaba Amani avait été blessé par l’explosion d’un bipeur lors de cette attaque israélienne à distance, qui avait fait à la mi-septembre, 12 morts et des milliers de blessés parmi les cadres du Hezbollah, juste avant l’élargissement du conflit avec Israël le 23 septembre 2024.