
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, lors de la 163e session ordinaire de la Ligue arabe. Crédit : Ministère des Affaires étrangères.
Après sa convocation par le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi, l’ambassadeur d’Iran au Liban, Mojtaba Amani, a affirmé mercredi à la chaîne de télévision al-Jadeed qu’il n’avait pas pu se présenter, prétextant qu’il était « occupé » (et ce alors qu’il passait à la télévision).
Le diplomate iranien a également indiqué que le ministre étant en déplacement au Caire, il aurait été reçu par le secrétaire général du ministère, Hani Chmaytelli. Face à cette tentative de snober cette convocation – intervenue sur fond de propos polémiques de M. Amani sur le projet du président, Joseph Aoun, et du Premier ministre, Nawaf Salam, de désarmer le Hezbollah –, M. Raggi persiste et signe. Selon nos informations, il a convoqué de nouveau l’ambassadeur iranien jeudi au palais Bustros, et cela alors qu’il est toujours en déplacement.
Dans une publication sur le réseau social X, M. Amani avait qualifié vendredi les appels au désarmement du Hezbollah de « conspiration manifeste contre les nations ». Lors de son interview mercredi, l’ambassadeur a souligné que l’Iran respectait « ce sur quoi les Libanais se sont mis d’accord » en ce qui concerne la remise des armes du Hezbollah. Revenant sur la guerre menée par Israël, il a estimé que « le Hezbollah et le Hamas n’ont pas été vaincus ».
En outre, le diplomate a déclaré que l’Iran souhaitait « participer au soutien du peuple libanais touché par l’agression israélienne ». « Nous voulons participer à la reconstruction du Liban et discutons à cet effet avec certaines parties internationales », a-t-il ajouté sans plus de précisions. Abordant l’interdiction des avions iraniens d’atterrir à Beyrouth suite à des menaces israéliennes de cibler l’aéroport, l’ambassadeur a affirmé que son pays « comprenait la situation libanaise ». Il a enfin indiqué que Téhéran n’avait pas encore adressé d’invitation officielle au président libanais pour qu’il se rende en Iran, ce dernier étant « actuellement occupé à suivre les répercussions de la guerre ».
Neutralité positive
De son côté, et dans un discours prononcé lors de la 163e session de la Ligue arabe au Caire, Joe Raggi a réaffirmé mercredi l’engagement du Liban en faveur d’une politique étrangère fondée exclusivement « sur la défense des intérêts » nationaux et le « refus de toute ingérence étrangère dans ses affaires internes », dans une allusion à peine voilée à l’influence iranienne exercée par le Hezbollah.
Le ministre a poursuivi en affirmant que le Liban « adhère à une politique de neutralité positive, de respect mutuel de la souveraineté et des intérêts arabes communs, à la construction de partenariats stratégiques avec les pays arabes et au refus de toute conspiration contre leurs régimes et leur souveraineté ».
« Nous apprécions profondément la solidarité des pays arabes frères envers le Liban en ces temps difficiles, ainsi que l’aide apportée pour atténuer l’impact des crises successives sur le pays et pour soutenir ses divers secteurs, agences et institutions gouvernementales », a poursuivi le ministre, ajoutant que le Liban « travaille sérieusement à la stabilisation politique et sécuritaire, et à la mise en œuvre de réformes économiques, ce qui contribuera à renforcer la coopération économique avec les pays arabes frères et à encourager l’investissement ».
Il a encore dit que le chantier des réformes a été lancé. S’agissant du cessez-le-feu conclu fin novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah, M. Raggi a déclaré que le « monde a été témoin de l’engagement total du Liban à respecter les dispositions de cette déclaration », prévoyant notamment le désarmement des infrastructures du Hezbollah au sud du fleuve Litani et le déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud.
« Pourtant, Israël insiste pour saper cet accord, en poursuivant ses violations quotidiennes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban, en bombardant villes et villages, en entravant le retour des habitants dans leurs localités, en occupant des zones frontalières et en refusant de libérer les prisonniers libanais qu’il détient », a dénoncé le ministre. « Nous appelons la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour qu’il cesse ses agressions, qu’il se retire immédiatement, totalement et sans condition de tous les territoires libanais, et qu’il respecte à nouveau les termes de l’accord d’armistice entre le Liban et Israël » de 1949, a poursuivi le ministre des Affaires étrangères.
En ce qui concerne la crise des réfugiés et migrants syriens, le ministre des Affaires étrangères a affirmé « la disposition de l’État libanais à coopérer avec Damas pour permettre le retour des Syriens déplacés que le Liban accueille depuis 2011, maintenant que les conditions sont devenues propices à ce retour et que les raisons de leur déplacement ne sont plus valables ». « Nous œuvrons également à la délimitation des frontières entre nos deux pays ; un accord a été trouvé pour former des comités juridiques et techniques libano-syriens chargés de ce dossier, ce qui permettra à l’État libanais de contrôler ses frontières, d’y exercer sa souveraineté et d’empêcher toute forme de contrebande », a fait valoir le ministre.
Complètement daccord avec l'un des commentaires sauf sur un point: " lavés du cerveau" devrait lire " lavés de cerveaux" .
16 h 21, le 26 avril 2025