

Chère lectrice, cher lecteur,
L'identité, c’est un peu comme l’amour. Il y a d’abord le fantasme, et puis la réalité.
J’ai toujours préféré le fantasme. Beaucoup plus fiable.
Française d'origine libanaise par ma mère et syrienne par mon père, la France et le Liban ont constitué mes vrais pays : là où la vie se vit, avec ses joies, ses peines et la confrontation quotidienne à nos propres limites.
En revanche, la Syrie a longtemps été un rêve. Bien sûr, comme au Liban, il y avait/a la guerre, une guerre sans merci. Mais je la vivais à distance. La Syrie ne relevait pas du vécu mais des idées. Avec la Palestine, elle a nourri mon rapport à la politique et forgé ma vision du monde.
En mars 2011, à l'orée du soulèvement syrien, j’ai voulu croire que le régime chuterait rapidement et que nous ferions aussitôt nos valises pour nous installer à Damas. Je m’imaginais, non sans un soupçon d’orientalisme (mea culpa), dans une vieille maison damascène, avec sa cour intérieure, sa petite fontaine et son éternel jasmin. Une étape qui serait la dernière dans mon périple, mais d’où je pourrais m’élever vers quelque chose de plus grand, d’encore plus beau… et d’assez abstrait.
Et puis un jour, le 8 décembre 2024, l'inamovible Assad est tombé. Beaucoup de Syriens exilés, à la fois euphoriques et incrédules, rentraient dans leur pays. Je me suis contentée de célébrer l’événement à Paris, puis à Beyrouth. Je lisais avec intérêt les articles de mes collègues sur place. Mais à l'époque, je n’aurais pas pu les « suivre » de l’autre côté de la frontière. La Syrie me paraissait alors une affaire trop personnelle pour être professionnelle. L'inquiétude, puis la colère, ont ensuite pris le pas sur mon enthousiasme, en particulier après le massacre de centaines de civils alaouites au cours du mois de mars. Et la guerre génocidaire que mène Israël contre les Palestiniens à quelques kilomètres d’ici a eu raison de mes espoirs, pourtant maigres, en un avenir meilleur pour le Moyen-Orient.
Tandis que je me prépare pour mon premier voyage à Damas, j’ai donc délaissé les grandes utopies. J’ai simplement hâte de pouvoir déambuler dans le vieux souk avec mes proches, de découvrir les recoins de la ville à travers leurs regards. Et de les observer cueillir ces bribes de temps volé après des décennies d’exil.
Soulayma Mardam Bey, journaliste



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