Le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, lors d'un discours télévisé, le 18 avril 2025. Photo Capture d'écran al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem a déclaré vendredi soir que son parti « ne permettra à personne de le désarmer », appelant à un « dialogue sur une stratégie de défense complète », alors que le président libanais Joseph Aoun avait affirmé la semaine dernière que « la décision a été prise » de garantir que l'État ait le monopole des armes. Dans un discours annoncé seulement quelques heures auparavant, le dignitaire chiite s'est dit prêt à participer à un tel dialogue à condition qu'Israël « cesse ses attaques » contre le Liban, qui se poursuivent malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre 2024, et a estimé que « désarmer le Hezbollah par la force reviendrait à rendre service à l'ennemi ».
« Vous devez retirer le désarmement de votre vocabulaire, a martelé Naïm Kassem, qui s'exprimait à côté de drapeaux libanais et du Hezbollah. Désarmer la résistance par la force rendrait service à l'ennemi et ne servirait qu'à créer des dissensions avec l'armée ». « Nous ne permettrons à personne de désarmer la résistance, et ferons face et couperons la main de ceux qui s'en prennent à elle et veulent désarmer le Hezbollah, tout comme nous avons fait face à Israël. Il n'y aura pas de capitulation », a-t-il lancé.
Il a en outre souligné que l'accord de cessez-le-feu ne s'applique, en ce qui concerne le démantèlement des positions et armes du Hezbollah, qu'au sud du Litani, où l'armée libanaise continue de se déployer. « Que l'on voie d'abord comment Israël respecte l'accord, qu'il arrête ses attaques et ses violations aériennes, ensuite nous pourrons discuter des autres clauses de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l'ONU, a-t-il ajouté. Ce texte, adopté en 2006 après la guerre précédente entre le Hezbollah et Israël, souligne qu'« il n'y aura pas d'armes sans le consentement du gouvernement libanais et pas d'autorité autre que celle du gouvernement libanais ».
Oui au dialogue... mais pas sous la pression
Le chef du parti pro-iranien a affirmé qu'une fois l'accord respecté dans toutes ses clauses par l'Etat hébreu, le Hezbollah serait « prêt à dialoguer » d'une stratégie de défense « sur la puissance du pays, les moyens de renforcer l'armée et de profiter de la résistance et de ses armes, mais pas sous la pression de l'occupation ». La stratégie de défense « n'est pas liée au désarmement, mais constitue une discussion aux niveaux diplomatique, économique et militaire, sur une politique de défense complète ». Et de préciser que « seul le président libanais Joseph Aoun peut définir comment et quand aura lieu le dialogue ». « Si l'État prend aujourd'hui la décision de repousser par la force Israël, et de lancer la bataille, nous sommes prêts à nous battre à la frontière », a encore lancé le successeur de Hassan Nasrallah.
Depuis la mise en œuvre la trêve, plus de 140 personnes ont été tuées au Liban dans des frappes et tirs israéliens quasiment quotidiens, dont le nombre a été estimé à « 2 700 attaques » par le chef du Hezbollah. Dans le courant de la journée de vendredi, l'armée israélienne avait revendiqué deux bombardements, menés avec des drones, contre des activistes du Hezbollah. Selon lui, les déclarations israéliennes sur le désarmement du Hezbollah « visent à affaiblir et occuper le Liban, dans le cadre du projet expansionniste » de l'Etat hébreu. Et c'est pour cette raison que le parti n'a pas intérêt à livrer ses armes, « ce qui permettrait à Israël d'entrer dans tout le Liban », a-t-il lancé, assurant que son parti « n'est pas faible », et que ceux qui le pensent « se font des illusions ».
Le discours d'investiture de Joseph Aoun
Naïm Kassem a rappelé dans son discours un paragraphe du discours d'investiture du chef de l'État, dans lequel il s'était engagé à « demander à ce que soit débattue une politique de défense intégrée, comme partie d'une stratégie de sécurité nationale », omettant toutefois de souligner que Joseph Aoun avait insisté, devant les députés, sur le fait que ce serait à « l'État libanais, je le répète, à l'État libanais, d'éradiquer l'occupation israélienne et de repousser ses agressions sur l'ensemble des territoires libanais ». Le président Aoun avait également affirmé dans son discours son intention d' « assurer le droit de l'État à détenir le monopole des armes », un extrait sur lequel n'est pas non plus revenu le chef du Hezbollah.
Il a en outre rappelé que les armes du Hezbollah sont « une réaction à l'occupation de territoires et l'expansionnisme israélien, qui vise à imposer un fait accompli et à parvenir au contrôle de la situation au Liban, et à l'incapacité de l'État libanais à protéger les Libanais ». « La résistance a pu arrêter Israël à la frontière-sud, et l'a empêché d'atteindre ses objectifs », même si cela a été fait « au prix de grands sacrifices ». C'est pour cela que le principal problème de l'État libanais est, selon lui, l'occupation israélienne, et non « les armes du Hezbollah, comme l'estiment un seul parti et quelques voix dissonantes », en allusion claire aux Forces libanaises, qui réclament un calendrier précis de désarmement.
Le chef du Hezbollah a par ailleurs appelé le gouvernement à « mettre la reconstruction à son ordre du jour », citant aussi les promesses de Joseph Aoun à cet égard, dans son discours d'investiture. Cette question divise, certains partis, surtout ceux opposés au Hezbollah, estimant que l'État libanais ne devrait pas œuvrer à la reconstruction des zones bombardées par Israël, le Hezbollah ayant ouvert unilatéralement le front contre l'État hébreu le 8 octobre 2023.
Concernant les élections municipales, qui doivent avoir lieu tous les dimanches du mois de mai dans les différentes régions, Naïm Kassem a demandé qu'elles aient lieu « en temps et en heure », affirmant « encourager tout ce qui permet de construire l'État ». Il a souligné que le Hezbollah allait approcher le scrutin « en coopération avec le mouvement Amal, les familles et les clans dans les localités concernées ».
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09 h 54, le 21 avril 2025