Le président, Joseph Aoun, poursuit sa tournée officielle dans la région, portant le même message basé sur son discours d’investiture. Mercredi, il s’est entretenu avec l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, dans le cadre d’une visite officielle à Doha. À l’issue de cette réunion, les deux hommes ont convenu, selon des propos rapportés par la présidence, de « l’importance de préserver la paix civile au Liban » et de garantir le monopole des armes aux mains de l’État libanais.

Après Riyad, Le Caire et Paris, Doha est la quatrième capitale à faire l’objet d’une visite officielle du chef de l’État après son élection. Prochaine étape dans les jours qui viennent : les Émirats arabes unis.

M. Aoun et l’émir qatari s’étaient d’abord entretenus lors d’une réunion élargie, avant de se retirer pour un aparté, et leur rencontre s’est terminée par un déjeuner officiel, selon Baabda. « Cette visite s’inscrit dans le cadre des relations fraternelles profondes entre les deux pays et des liens historiques unissant leurs peuples frères, et elle a reflété leur volonté commune de renforcer et de consolider leur coopération dans tous les domaines », peut-on lire en introduction du communiqué conjoint publié à la fin de la visite. Parmi les annonces concrètes, le Qatar a assuré qu’il renouvellera son don de 60 millions de dollars destiné à soutenir l’armée libanaise, une initiative lancée pour la première fois en 2022.

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L’émirat va aussi livrer « 162 véhicules militaires  » à l’armée libanaise « pour lui permettre d’accomplir ses missions nationales, préserver la stabilité et contrôler les frontières sur l’ensemble du territoire libanais ». « Les deux parties ont souligné le rôle national de l’armée libanaise et l’importance de la soutenir, ainsi que la nécessité de mettre en œuvre la résolution 1701 dans son intégralité », peut-on encore lire. Cette résolution du Conseil de sécurité, qui a mis fin à une guerre en 2006 entre Israël et le Hezbollah, est une composante essentielle de la trêve conclue fin novembre dernier entre les deux mêmes belligérants, qui s’affrontaient depuis le 8 octobre 2023, soit au lendemain du début de la guerre de Gaza. Toujours selon le communiqué conjoint, l’émir du Qatar a affirmé au président « que l’État du Qatar se tient aux côtés du Liban, de son peuple et de ses institutions », réitérant la position ferme de Doha en faveur de la stabilité du Liban et de l’unité de son territoire. Joseph Aoun a exprimé « sa gratitude et sa reconnaissance ».

Sur le plan régional, les deux dirigeants ont « réaffirmé leur soutien ferme aux droits légitimes du peuple palestinien, en premier lieu l’établissement de son État indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément à l’initiative de paix arabe et aux résolutions internationales y afférentes  ». Ils ont également renouvelé leur soutien à l’unité, à la souveraineté et à l’indépendance de la Syrie, selon le même communiqué. Les deux dirigeants ont également insisté sur l’importance pour Beyrouth et Damas de s’accorder sur un tracé définitif de la frontière commune.

Mettre en œuvre la prestation de serment de Aoun

Selon un communiqué publié plus tôt dans la journée par Baabda, le président Aoun et l’émir du Qatar se sont mis d’accord lors de leurs réunions « sur l’importance de préserver la paix civile au Liban » et ont souligné « la nécessité de mettre en œuvre le contenu du discours de prestation de serment » de Joseph Aoun, « notamment en ce qui concerne le monopole des armes entre les mains de l’État libanais ». Cette dernière question fait beaucoup parler d’elle au Liban, et le président Aoun a affirmé à de nombreuses reprises ces derniers jours sa volonté de la régler. Il avait assuré mardi, dans un entretien à la presse, que « la décision a été prise » de garantir le monopole des armes à l’État, et donc de désarmer le Hezbollah, qui est sorti très affaibli de sa dernière guerre contre Israël, entre octobre 2023 et novembre 2024. Le chef de l’État libanais a, dans ce cadre, affirmé à l’émir qatari que « l’armée libanaise accomplit pleinement son devoir au Liban-Sud en application de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant toutefois que « l’occupation israélienne se poursuit et entrave le déploiement » de la troupe, notamment en raison des « attaques répétées », comme la frappe ayant eu lieu plus tôt à Wadi Hojeir et qui a fait un mort. Doha a fortement soutenu l’armée libanaise ces dernières années, notamment en apportant une aide financière pour le paiement des salaires des militaires et pour les commandes de carburant. Le président Aoun a, dans ce cadre, remercié l’émir du Qatar pour ces aides au Liban.

Soutien dans le secteur énergétique

De son côté, Tamim ben Hamad al-Thani a souligné « l’importance historique  » de la visite de Joseph Aoun à Doha, dans le cadre de la coopération entre les deux pays. « Ce qui nous importe, c’est que le Liban soit stable  », a-t-il lancé, estimant que l’ambiance est «  favorable  » à une telle stabilité, tant dans le pays qu’au sein de la communauté internationale. Il a ajouté que le Qatar est prêt à soutenir Beyrouth « dans les domaines de l’électricité, de l’énergie et dans tout autre secteur ». Il a estimé que l’élection, en janvier, de Joseph Aoun et la formation peu après du gouvernement de Nawaf Salam, après deux ans de vacance à la tête de l’État, offrent l’opportunité « d’activer » ce soutien. Le Qatar participait au quintette – qui comprend également les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite et l’Égypte – qui a contribué à résoudre l’impasse présidentielle au Liban, laquelle durait depuis octobre 2022.