« Les armes du Hezbollah restent, restent, restent... jusqu’à l’apparition de l’imam al-Mehdi. » Cette phrase lancée par le chercheur proche du Hezbollah Kassem Kassir dans le cadre d’une émission télévisée a suscité la polémique. En effet, les réactions politiques et sur les réseaux sociaux se sont multipliées. Kassem Kassir s’est empressé d’expliquer qu’il avait lancé cette phrase en réaction aux multiples provocations formulées par d’autres invités dans le même talk-show. Mais la polémique causée par cette phrase donne une idée de l’état d’esprit général face au sujet délicat que constitue le dossier des armes du Hezbollah.
Certains pourraient se réjouir du fait qu’au moins, ce sujet n’est plus tabou et que le débat est désormais ouvert publiquement. Mais cette approche ne satisfait pas le Hezbollah qui estime que son ouverture à une discussion nationale sur ses armes, dans le cadre d’une stratégie nationale de défense, est exploitée par certaines parties, en particulier par ses adversaires qui se présentent comme ayant remporté une victoire sur lui. De plus, le pays est entré en campagne pour les élections municipales. Même si celles-ci ont essentiellement un caractère de développement, familial et social, l’enjeu politique reste important et évoquer la fin imminente des armes du Hezbollah pourrait créer une certaine mobilisation populaire.
Le Hezbollah, lui, considère que la façon dont ce dossier est évoqué par certaines parties politiques ne sert pas du tout l’établissement d’un dialogue sérieux et productif sur ce sujet. Au contraire, elle l’entrave, parce qu’elle suscite un raidissement de la position de sa base qui se sent provoquée, voire prise pour cible. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Kassem Kassir aurait réagi de cette façon radicale sur le plateau d’al-Jadeed dimanche soir.
Pour le Hezbollah, en effet, il s’agit d’un dossier délicat, qui ne devrait pas être exploité à des fins politiques. Les protagonistes libanais devraient plutôt répondre aux interrogations du parti chiite. Par exemple, les milieux de celui-ci rappellent que dans le cadre de l’invasion de 1982, les soldats israéliens avaient encerclé Beyrouth avant d’exiger le départ du commandement de l’Organisation pour la libération de la Palestine et des combattants palestiniens du Liban, avec leurs armes. Une force multinationale formée de soldats américains, français et italiens était même venue pour surveiller ce départ qui avait eu lieu en août 1982. À partir de cette date, il n’y avait plus dans les camps palestiniens que des civils. Cela n’a pas empêché les massacres de Sabra et Chatila contre les Palestiniens. Aujourd’hui, qui pourrait donner une garantie aux membres du Hezbollah et à leurs familles qu’ils ne seront pas tués après avoir déposé leurs armes, dans un contexte de fortes divisions internes ? L’armée libanaise, qui est en train de se renforcer, a-t-elle les moyens d’empêcher des tueries à grande échelle ? De même, à la frontière avec la Syrie, la situation est-elle devenue stable et sûre ? Les échos qui parviennent au Hezbollah font état d’une volonté de la part du nouveau régime en Syrie de le punir pour ses interventions dans la guerre aux côtés du régime Assad. Qui peut aujourd’hui garantir au Hezbollah qu’il n’y aura pas des actions de représailles en provenance de Syrie ?
Ces questions délicates, qui ne sont pas évoquées publiquement mais en interne au sein du parti, devraient être discutées dans la plus grande franchise, même si le Hezbollah place officiellement les discussions sous le thème de la stratégie nationale de défense. Pour cela, les débats doivent se dérouler discrètement, loin des polémiques et des surenchères politiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Hezbollah a accueilli favorablement la proposition du président de la République de mener un dialogue bilatéral sur ce sujet. Pourquoi, dans ce cas, se demandent les milieux de la formation chiite, certaines parties politiques tiennent-elles à l’évoquer en public, et surtout à se présenter comme ayant remporté une victoire ? Pourquoi cette insistance à le montrer ainsi face à son environnement populaire qui a déjà de nombreux sujets de souffrance, comme s’il s’agissait de retourner le couteau dans la plaie ou de le pousser dans ses derniers retranchements pour qu’il réagisse ?
Toutes ces questions, le Hezbollah se les pose dans ses réunions internes. Dans ce cadre, les débats portent sur le fait de savoir s’il s’agit d’une volonté de la part de certaines parties de provoquer le Hezbollah en profitant de sa faiblesse supposée, pour renforcer leur popularité, ou bien s’il s’agit d’un vaste plan préparé par l’extérieur pour susciter des troubles internes au Liban. En tout cas, pour lui, il serait préférable de donner une chance réelle au dialogue bilatéral et par conséquent de lui permettre de se dérouler dans un climat aussi calme que possible.
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16 h 30, le 15 avril 2025