
Zafer Chaoui (centre), entouré des membres du conseil d'administration de l'INVV. Photo fournie par Zafer Chaoui
Lors d’une réunion de l’assemblée générale qui s’est tenue mercredi passé, Zafer Chaoui, président de Château Ksara, a été reconduit à la tête de l’Institut national de la vigne et du vin libanais (INVV) pour un mandat de trois ans, après un premier mandat à partir de décembre 2021. « Les dernières élections auraient dû se tenir en décembre 2024, mais ont été retardées de quelques mois à cause de la situation sécuritaire dans le pays », précise-t-il à L’Orient-Le Jour.
Créé par une loi datant de 2000 et lancé en 2013, l’INVV joue le rôle d’une autorité de supervision indépendante composée de neuf membres issus des secteurs privé et public : six représentants du secteur privé et trois représentants de l’administration publique – un pour chacun des ministères de l’Agriculture, de l’Économie et du Commerce et de l’Industrie.
En ce qui concerne le secteur privé, l’assemblée générale a également élu Joe-Assaad Touma (Château St Thomas), Hassan Rahal (Cave Kouroum), Cynthia Kharrat (Château Oumsiyat) et Hiba Metni (Domaine S. Najm) comme représentants des producteurs de vin. Une répartition qui permet de représenter les producteurs de vins « de toute taille et, dans la mesure du possible, de toutes les régions du Liban », détaille Zafer Chaoui.
Le sixième siège réservé au secteur privé, celui d’un représentant pour les producteurs de raisin, reste encore vacant, alors que la filière n’est pas encore totalement réglementée. S’agissant des trois sièges dédiés aux représentants des ministères, ils sont occupés par Maryam Eid (secrétaire générale de l’INVV et représentante du ministère de l’Agriculture), Élie Bou Yazbeck (ministère de l’Économie et du Commerce) et Marwan Jawhar (ministère de l’Industrie).
12 millions de bouteilles
L’ancien conseil d’administration s’était donné six objectifs stratégiques majeurs qu’il n’a pas pu achever à cause de la situation difficile par laquelle passe le pays depuis 2019, précise Zafer Chaoui. Il souligne aussi que la nouvelle équipe compte adopter cette même stratégie pour son mandat en espérant les atteindre rapidement, alors que « le contexte politico-économique s’est significativement amélioré au Liban » depuis l’élection de Joseph Aoun à la présidence, la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement.
Celle-ci s’articulait en six volets : promouvoir l’INVV de sorte à ce qu’il devienne l’interlocuteur principal du secteur ; construire une base de données solide ; répondre aux problèmes et préoccupations du secteur en fonction des priorités ; avoir une relation saine avec les membres de l’assemblée générale ; réviser régulièrement les réglementations afin de ne pas être surpris par des décisions que le secteur ne pourrait pas appliquer ; et, finalement, renforcer les capacités techniques des acteurs du secteur.
Contrairement à l’Union vinicole du Liban (UVL), qui agit comme un syndicat rassemblant les producteurs de vin, l’INVV incarne un rôle « réglementaire », souligne Zafer Chaoui, qui a également occupé le poste de président de l’UVL par le passé. Mais « ces deux organismes travaillent ensemble et se complètent », ajoute-t-il.
Dans ce cadre, il rappelle que « l’adhésion des producteurs libanais de vin à l’INVV est obligatoire après la publication d’un décret en 2019 ». Une mesure nécessaire selon lui pour contrôler la production nationale et faire en sorte que le secteur reste en bonne santé avec l’augmentation des acteurs sur le marché local. « Au début des années 2000 il y avait huit producteurs de vin dans tout le pays. Aujourd’hui, il y en a 45 licenciés auprès des ministères de l’Agriculture et de l’Industrie, sans compter certains vignobles qui ne le sont pas et qui, en l’occurrence, n’exportent pas leur production », précise-t-il. Selon ses estimations, le Liban a produit quelque « 12 millions de bouteilles de vin en 2024, dont 40 à 45 % ont été exportés ».
Enfin, en ce qui concerne l’effet que pourrait avoir la guerre commerciale sur fonds de surtaxes douanières imposées par les États-Unis, sur la production et les exportations de vin libanais, Zafer Chaoui conclut : « Il nous faut attendre et voir, car pour l’instant rien n’est clair. »