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Retard à l’allumage

Le plus cocasse quand on regarde le Proche-Orient est de voir que non seulement l’histoire se répète, mais qu’en plus elle dégueule salement. Obstination liée à l’ego ou à un mental atrophié, les dirigeants arabes ont toujours été en retard d’une paix. Depuis 1948 du siècle dernier, chaque étape du conflit avec les Shlomo voisins a connu son « non » catégorique rythmé par les index qui frétillaient et la raclée qui suivait.

Aussi, chaque dérouillée militaire entraînait la ponte d’un nouveau « non » à la normalisation, aussitôt assorti d’un rétropédalage concomitant et d’un virage sur l’aile à 180°. De fait, les chefs arabes avalaient discrètement leur chapeau issu du « non » précédent, au moment où la raclée qui motivait ce dernier avait épuisé sa validité. Et rebelote pour un nouveau round ! On ne change pas une méthode qui jusque-là a fait admirablement ses preuves...

À cela faudra sans doute noter que si parmi les caciques calcifiés du monde arabe certains ont purgé leur crise d’ados mal dégrossis, d’autres en sont encore à faire commerce de la cause palestinienne, prétexte idéal à claquemurer et affamer leurs populations sous le poids des guerres sans cesse déclenchées et sans cesse perdues. On ne bâtit ni écoles ni universités et pas un fifrelin n’est dépensé dans des projets générateurs d’emploi. En revanche, on se gave de quincaillerie militaire inutile aussitôt pulvérisée dès les premières escarmouches. Sans oublier le trafic de poudre à sniffer pour financer le bazar. Bref, un tableau féérique façon Jardin, Nature, Obscurantisme et Traditions.

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Poisse d’Orient

Le dernier épisode en date se joue maintenant au Liban-Sud. Déglingué par la dernière guerre qui l’a rétamé en profondeur, le Parti de la demi-douzaine de barbes qui surnagent en est réduit à regarder les grouillots des formations sous-fifres tirer au trébuchet et à la baliste des roquettes médiévales. La machine à remonter le temps dans toute sa splendeur ! H.G. Wells doit frissonner dans sa tombe...

Toujours égal à lui-même, tout en nonchalance et pusillanimité, l’État libanais regarde passer les trains. Il ne se souvient de sa souveraineté que lorsqu’il s’agit de se répandre en jérémiades auprès de l’ONU contre les pitbulls lâchés par Bibi le Nataniais, jamais contre les tarés qui les ont asticotés. Faut croire qu’elle plane toujours, l’ombre de l’Homo barbudens (celui qui a cramé, pas son successeur planqué à Téhéran). Donc, plus on a la trouille, plus on est poli.

Certes, on a bien arrêté deux ou trois clampins hallucinés qui se voyaient entrant à Jérusalem avec leur catapulte sous les vivats de la foule. Mais comme il se doit, les zélés des renseignements ont fait de la rétention d’infos : ni compte rendu de l’enquête ni identification des suspects, encore moins de leurs motivations. Rien, nada, ballpeau, walou... Sans même une pensée pour les infortunés villageois qui s’étaient viandés sur les missiles et les obus israéliens dégustés pendant les représailles.

Après on s’étonne de voir les occupants s’incruster. Et le pire est à venir tant que l’État libanais n’aura pas fait sa part du boulot : désarmer les milices jusqu’à la dernière ficelle du string. Et plus ça traîne, plus ça empire. Le réveil sera dur quand la zone frontalière démilitarisée s’étendra jusqu’aux portes de Beyrouth...

Telles sont les données misérables de notre histoire contemporaine. Comme d’habitude, les intelligents arbitreront. Sinon à quoi servirait l’intelligence si l’imbécillité n’existait pas ?

gabynasr@lorientlejour.com

Le plus cocasse quand on regarde le Proche-Orient est de voir que non seulement l’histoire se répète, mais qu’en plus elle dégueule salement. Obstination liée à l’ego ou à un mental atrophié, les dirigeants arabes ont toujours été en retard d’une paix. Depuis 1948 du siècle dernier, chaque étape du conflit avec les Shlomo voisins a connu son « non » catégorique rythmé par les index qui frétillaient et la raclée qui suivait. Aussi, chaque dérouillée militaire entraînait la ponte d’un nouveau « non » à la normalisation, aussitôt assorti d’un rétropédalage concomitant et d’un virage sur l’aile à 180°. De fait, les chefs arabes avalaient discrètement leur chapeau issu du « non » précédent, au moment où la raclée qui motivait ce dernier avait épuisé sa...
commentaires (9)

Exactement! Les Arabes se sont mobilisés en 1948 pour empêcher l'application du plan de partition de 1947. Résultat: Israël avale plus de 30% de la région octroyée aux Palestiniens, et la Jordanie occupe la Cisjordanie. Les fanfaronnades nassériennes en 1967 entraînent l'occupation de toute la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du Golan syrien, et Moshé le borgne aura ce mot historique: "bientôt les Arabes en seront à revendiquer le retour aux frontières du 4 juin 1967". Et depuis, les traités de paix se succèdent, à commencer par les Palestiniens!

Georges MELKI

10 h 40, le 10 avril 2025

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Commentaires (9)

  • Exactement! Les Arabes se sont mobilisés en 1948 pour empêcher l'application du plan de partition de 1947. Résultat: Israël avale plus de 30% de la région octroyée aux Palestiniens, et la Jordanie occupe la Cisjordanie. Les fanfaronnades nassériennes en 1967 entraînent l'occupation de toute la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du Golan syrien, et Moshé le borgne aura ce mot historique: "bientôt les Arabes en seront à revendiquer le retour aux frontières du 4 juin 1967". Et depuis, les traités de paix se succèdent, à commencer par les Palestiniens!

    Georges MELKI

    10 h 40, le 10 avril 2025

  • Je suis très fan de votre humour, Monsieur Nasr, mais votre tue-mouche d'aujourd'hui a, de mon humble point de vue en tous cas, visé à côté. Oui, les cerveaux de nos dirigeants régionaux ne sont pas mieux débarrassées de leurs atrophies héréditaires voire génétiques, ça on est d'accord. Mais penser que les propositions de paix n'ont pas été spécifiquement formulées par nos Shlomos de voisins, de telle sorte à être rejetées, est, comme dit le poète Aragon, une innocence que je vous envie. Sans rancune pour le tue-mouche, mon admiration reste intacte.

    Sary

    21 h 50, le 04 avril 2025

  • Résumé Génial de notre quotidien qui dure depuis des âges!! Merci Gaby!!!

    Wlek Sanferlou

    14 h 23, le 04 avril 2025

  • C’est exactement ça ce qu’il se passe au Liban avec un président et un premier ministre qui ne savent rien faire d’autre que manier la langue de bois . Affligeant.

    Kanaan Adèle

    11 h 13, le 04 avril 2025

  • A lire et à méditer par les Les responsables politiques de notre pays. EXCELLENT M. Nasr, je vous nommerais ambassadeur du Liban dans le monde si j’étais président de notre pays. Votre clairvoyance manque à nos dirigeants qui ne cessent de nager dans les eaux troubles volontairement tout en appelant à être secourus.

    Sissi zayyat

    11 h 07, le 04 avril 2025

  • Excellent. Merci beaucoup.

    Brunet Odile

    08 h 06, le 04 avril 2025

  • Tout à fait d’accord, la situation est bien comme ça. A trop vouloir ménager la chèvre et le choux on va finalement perdre sur les deux tableaux.

    Goraieb Nada

    07 h 46, le 04 avril 2025

  • Genial ! Bravo

    Antoine Chouery

    07 h 38, le 04 avril 2025

  • "Se répandre en jérémiades auprès de l’ONU contre les pitbulls lâchés par Bibi le Nataniais, jamais contre les tarés qui les ont asticotés". Avec la gouaille qu'on lui connaît, Gaby Nasr énonce des vérités auxquelles les princes qui nous gouvernent (ou font semblant de nous gouverner) feraient bien de réfléchir. Oui, "Le pire est à venir tant que l’État libanais n’aura pas fait sa part du boulot : désarmer les milices "!

    Yves Prevost

    07 h 34, le 04 avril 2025

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