
Une école sur les hauteurs du village libanais de Qasr, dans le Hermel, endommagée par un bombardement des nouvelles forces de sécurité syriennes, le 13 février 2025. Photo d’illustration Matthieu Karam/L’Orient-Le Jour
Les villages du Hermel frontalier de la Syrie retiennent, encore une fois, leur souffle, alors que l’Ouest syrien est secoué depuis deux jours par des combats d’une violence inédite depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, le 8 décembre 2024. Ces affrontements ont fait plus de 140 morts parmi les milices loyales à l’ex-régime Assad et les nouvelles forces de sécurité qui mènent des opérations de ratissage et ont imposé un couvre-feu dans les zones concernées. Les combats ont eu lieu dans les provinces côtières de Lattaquié et Tartous, mais aussi celle de Homs, située à une quarantaine de kilomètres du Hermel libanais, où des combats meurtriers ont opposé en février des clans libanais chiites aux militaires du nouveau régime syrien.
« Tirs nourris à l’arme lourde »
La tension est montée d’un cran à la frontière dans la nuit de jeudi à vendredi. Des tirs d’armes à feu et des explosions en provenance de Syrie ont ainsi été entendus dans plusieurs villages de la Békaa et du Hermel, près de la chaîne de l’Anti-Liban, selon notre correspondante dans la région, Sarah Abdallah, dans ce qui semble être une tentative de repousser toute éventuelle infiltration du côté libanais. Des développements qui ont semé la panique parmi les riverains.
« Nous avons entendu des tirs nourris à l’arme lourde durant toute la nuit. Ils fusaient de toutes parts. Nous avions peur car les roquettes tombaient non loin du village», témoigne un résident de Qasr, village frontalier de la Syrie. « Côté libanais, nous n’avons pas vu d’éléments armés ni de tirs. L’armée libanaise a mis en place des mesures de sécurité dans le village et les gens prennent leurs précautions. Mais la situation était très difficile jeudi soir », poursuit cet homme qui a requis l’anonymat.
« La situation est mauvaise »
« La situation est mauvaise. On ne sait pas du tout ce qui nous attend », confie à L’Orient-Le Jour Mohammad Zeaïter, président de la municipalité de Qasr, dont le village n’a pas dormi de la nuit. « Personne n’a tenté d’intervenir ou de riposter du côté libanais », assure-t-il.
Des sources locales contactées par notre correspondante ont dans ce contexte affirmé que ni le Hezbollah ni les clans de la région n’avaient l’intention de mener des représailles. Sur Telegram, la Direction des opérations militaires syriennes assure pourtant que des groupes affiliés au Hezbollah ont essayé jeudi dans la nuit de traverser la frontière pour se rendre vers le rif de Homs.
Au Liban-Nord, des membres du clan Ghannam ont pour leur part organisé jeudi soir un sit-in de soutien au nouveau pouvoir syrien à Wadi Khaled, région frontalière de la Syrie qui abrite de nombreux clans sunnites hostiles au Hezbollah, selon des informations de notre correspondant dans la région, Michel Hallak. Dans un communiqué publié vendredi, des « habitants et dignitaires » de Wadi Khaled ont ainsi souhaité « la sécurité (en Syrie), sous la direction du président Ahmad el-Chareh ». « Nous, habitants de Wadi Khaled, soutenons l’armée libanaise dans son contrôle de la frontière face au passage des fauteurs de troubles ou des armes au profit des loyalistes à Assad », ajoute le texte.
Des affrontements armés avaient éclaté début février entre des clans libanais, proches du Hezbollah et soupçonnés de se livrer à des activités de contrebande, et les nouvelles forces de sécurité syriennes. Les combats avaient fait plusieurs morts, des blessés et des otages des deux côtés. Ces clans, principalement des familles Jaafar et Zeaïter, dont certains membres habitaient depuis de nombreuses années dans des villages situés du côté syrien, se sont finalement repliés au Liban, après un ultimatum des nouvelles autorités syriennes.
Si les habitants du Hermel veulent reprendre le contrôle de leur région, ils devraient collaborer avec l’état en dénonçant tous ceux qui sont venus se cacher chez eux et qu’ils ont accueillis à bras ouverts alors qu’ils n’ont qu’un but, les détruire, comme ils ont fait dans les autres régions usurpées. Il faut cesser de collaborer avec les vendus de tous bords et les mafieux si on aspire à une vie meilleure et pour longtemps.
11 h 45, le 08 mars 2025