
Un véhicule de l'armée libanaise déployé à Wadi Khaled, au Liban-Nord. Photo relayée par notre correspondant Michel Hallak
Théâtre d'affrontements depuis vendredi dernier entre des « clans libanais » proches du Hezbollah et accusés de se livrer à des activités de contrebande et les nouvelles forces de sécurité syriennes (anciennement Hay’at Tahrir el-Cham), la frontière nord libano-syrienne a connu un calme précaire durant la nuit de lundi à mardi, alors que l’armée libanaise et les forces syriennes ont intensifié leur déploiement et renforcé leurs positions de part et d’autre.
Selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, l’armée libanaise a poursuivi mardi son déploiement et renforcé ses positions avec la mise en place de points de contrôle fixes et mobiles. Les forces syriennes ont par ailleurs bloqué les passages illégaux à l’aide de barrières de terre et de bulldozers, tout en procédant à leur propre déploiement du côté syrien, faisant face aux positions de l’institution militaire libanaise.
Face à cette situation, les citoyens libanais vivant le long de la frontière « restent en état d’alerte et de vigilance accrue », redoutant toute infiltration de combattants armés en territoire libanais, rapporte notre correspondante.
Par ailleurs, Karam Khodor Zeaïter, un neveu du député du mouvement Amal Ghazi Zeaïter, a été retrouvé mort dans la localité de Wadi Hanna en Syrie, selon une source sécuritaire citée par notre correspondante. Le jeune homme, qui souffrait d'autisme, habitait dans le village de Hawik, situé en territoire syrien. Il avait été enlevé et une rançon avait été demandée à sa famille pour le libérer, a par ailleurs indiqué à L'Orient-Le Jour une autre source sécuritaire ayant requis l'anonymat. La dépouille de la victime a été transportée à l'hôpital gouvernemental de Hermel pour être examinée par un médecin légiste. Ce dernier, selon les informations de notre correspondante, a confirmé que le jeune homme avait été violemment battu et qu’il présentait des ecchymoses au visage ainsi qu’à l'œil gauche. L'incident a laissé place à la tristesse et la colère dans les régions et des hommes armés appartenant aux clans Zeaïter et Jaafar ont été aperçus sur la route de Qald el-Sabeh, dans le nord du Hermel.
Une autre source sécuritaire avait confirmé dimanche à notre publication le retrait de tous les habitants chiites des villages situés du côté syrien, venus se réfugier au Liban, ainsi que la fermeture de la quasi-totalité de la frontière de part et d’autre. Selon le général Khalil Gemayel, un ancien officier spécialisé dans les questions frontalières, les clans chiites en Syrie ont été boutés hors des villages de « Samkiyyat, Hwayek, Zayta, Jantliyé, Matraba, Haouch el-Sayed Ali », des localités syriennes où vivaient jusque-là près de 30 000 Libanais aujourd’hui refoulés au Liban.
« Liés aux miliciens du Hezbollah »
Lundi, les nouvelles autorités de Damas ont accusé le Hezbollah d’avoir attaqué les forces de sécurité syriennes et de parrainer des activités de contrebande à la frontière. Elles avaient lancé des opérations de lutte contre la contrebande la semaine dernière dans cette zone, où le parti chiite est bien implanté. Le Hezbollah était aussi l’allié de l’ex-président syrien Bachar el-Assad, renversé en décembre.
« La plupart des groupes de contrebandiers à la frontière libanaise sont liés aux miliciens du Hezbollah, dont la présence représente désormais une menace à la frontière syrienne car ils soutiennent les trafiquants de drogue et d'armes », a affirmé lundi le lieutenant-colonel Moayed el-Salama dans un communiqué repris par l'AFP.
Les forces syriennes ont déjà saisi « des fermes, des entrepôts et des usines de production et de conditionnement de haschisch et de pilules de captagon », a aussi affirmé M. Salama, faisant référence à la puissante drogue de synthèse que la Syrie produisait en masse sous Bachar el-Assad. Des presses spécialisées dans l'impression de fausse monnaie, ainsi que des cargaisons d'armes et de drogues sur le point d'être introduites ont également été trouvées, a-t-il ajouté.
Samedi, l'armée libanaise a déclaré avoir répondu à des tirs provenant de l'autre côté de la frontière syrienne, deux jours après l'annonce par les nouvelles autorités de Damas du lancement d'opérations contre les contrebandiers. L'armée libanaise n'a pas précisé l'identité des auteurs des tirs.
La Syrie partage une frontière de 330 kilomètres avec le Liban, sans démarcation officielle à plusieurs endroits, ce qui la rend poreuse et propice à la contrebande.
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