Pas un lavedu de la médiacratie locale ou internationale qui n’ait cru bon de nous livrer ses états d’âme sur la fameuse castagne télévisée entre un président américain aux cheveux jaunes et son homologue ukrainien jaune de rage. Après les stars du premier rang, on a eu droit à la tripotée des sous-fifres palpitant d’émotion, venus déposer leur analyse laborieuse aux pieds des micros et caméras. À ce rythme-là, les chauffeurs vont bientôt pondre des communiqués, et les gardiens d’immeuble donner des conférences de presse.
Aussi, le neuneu du cru ou d’ailleurs analysera-t-il la situation selon des paramètres purement indigènes. Du coup, les âneries qui se disent sur les réseaux et les plateaux télé sont aussi grosses qu’un câble d’EDL volé par une tribu du Hermel. Normal, plus il y a d’ahuris, moins il y a de gens pour s’en apercevoir…
Pour bien frimer en société, il est de bon ton de dire aujourd’hui que la crise sur l’Ukraine entre l’Amérique trumpiste et les angelots de l’Union européenne n’est que l’appendice dérisoire d’un conflit planétaire plus profond. Le tout ânonné en branlant lentement du chef et en arborant la mine compassée de celui qui détient une info béton ne souffrant aucune discussion. Le coup fait mouche à chaque fois, et l’on raconte même que dans certains salons huppés le succès s’accompagne en prime d’une drague à la clé.
À partir de là, petite technique : il convient de bien embrouiller la théorie pour lui donner un max de crédibilité. En effet, les simplets sont toujours très impressionnés par les mouvements compliqués de pions sur les échiquiers et les conspirations de chancelleries. Pour qui a du temps à perdre, il existe ainsi tout un fatras de formules catastrophistes passe-partout, empaquetées et prêtes à l’emploi, destinées aux niaiseux toujours prompts à confondre marche de l’histoire et hoquets de l’historiette. C’est un coup les chars russes défilant sur les Champs-Élysées, un autre le président US recruté par le Kremlin pour faire la guerre à l’Europe, ou encore les troufions nord-coréens dégustant des nouilles, place Maidan à Kiev.
Pourtant les initiés qui l’ont suffisamment pratiqué savent que le Donald doré n’est qu’un négociateur retors qui adore trimbaler de long en large puis de travers son interlocuteur, jusqu’à ce que ce dernier finisse par baisser son pantalon. Vlad Proutine, lui, est plus subtil et préfère le polonium radioactif pour convaincre et vaincre les plus durs des récalcitrants. Quant au dictateur nord-coréen à talonnettes Kim Jong-un, il rase gratis sa propre armée en l’envoyant au casse-pipe en Ukraine, tout en se gavant d’atomes très peu crochus.
Une étude scientifique vient d’ailleurs de révéler que dans le trio, un dirigeant sur trois est aussi cinglé que les deux autres.
gabynasr@lorientlejour.com
Excellent
08 h 54, le 27 mars 2025