
le président libanais, Joseph Aoun, présidant le premier Conseil des ministres du cabinet de Nawaf Salam, à Baabda, le 6 mars 2025. Photo X / @lebanesepresidency
Le gouvernement libanais, réuni pour son premier Conseil des ministres depuis 11h, a approuvé jeudi par décret le budget de l'État pour l'exercice 2025, ainsi qu'un projet de loi visant à exempter les personnes impactées par les frappes israéliennes de certains impôts et taxes.
À l'issue de la réunion, la première depuis le vote de confiance au Parlement la semaine dernière, le Premier ministre Nawaf Salam a annoncé l'approbation du budget 2025 par décret. M. Salam a précisé que cette approbation visait « avant tout à éviter toute obstruction ou retard face aux besoins publics et services aux citoyens ». « Nous aurions pu reprendre le texte et annoncer que nous allions le retravailler, mais nous avons voulu éviter les solutions de fortune d'une part, et, d'autre part, nous n'avons pas le luxe du temps pour un tel remaniement avant de longues discussions au Parlement », a-t-il ajouté.
M. Salam a toutefois souligné que, parallèlement, le gouvernement avait chargé de ministre des Finances, Yassine Jaber, de préparer « dans un délai d'une semaine, un projet de loi visant à revoir les taxes incluses dans le budget, afin d'en atténuer les impacts sociaux et économiques négatifs sur les citoyens ». Le ministre de l'Industrie, Joe Issa el-Khoury, a affirmé après la séance que ce projet « conditionne » l'adoption du budget.
Le chef du gouvernement a poursuivi : « L'essentiel est que nous allons nous consacrer à la préparation du budget 2026, qui sera celui du développement et des réformes, et sur lequel vous pourrez nous juger – contrairement au budget 2025. »
Calendrier des réformes
Sur son compte X, en commentant le projet de budget, la députée Paula Yaacoubian, affiliée au mouvement de contestation a indiqué qu'elle allait présenter un recours devant le Conseil constitutionnel.
Ce projet de budget avait été finalisé – à la va-vite – par le précédent exécutif et envoyé au Parlement fin septembre, alors que l’offensive israélienne contre le Hezbollah commençait. Le texte avait été jugé inadapté à la réalité économique du pays, dans la mesure où il ne prévoyait pas de volet lié à la reconstruction, avant même que les bombes israéliennes ne s’abattent en masse sur le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth. L’exécutif a la faculté de promulguer ce texte par décret, car il a été envoyé dans les temps au Parlement, ce contre quoi a mis en garde le député Ibrahim Kanaan (ex-Courant patriotique libre CPL, aouniste), président de la commission des Finances et du Budget, mercredi. Le texte prévoit d'augmenter plusieurs frais et redevances. Avant de quitter ses fonctions, l'ancien ministre des Finances Youssef Khalil avait appelé à faire promulguer le projet.
Le Premier ministre Salam a souligné, en outre, la nécessité de finaliser l'application de l'accord de Taëf, qui avait mis fin à la guerre civile en 1989. Cette application nécessite « l'adoption de lois, tandis que d'autres points sont déjà encadrés dans des lois existantes et nous procéderons à l'adoption de ces textes par ordre de priorité ». Il a également indiqué qu'un accord avait été conclu pour « dresser une liste détaillée des réformes requises dans chaque ministère et fixer un calendrier pour leur mise en œuvre, dans les 30, 60 ou 90 jours, en fonction des priorités ». M. Salam a ajouté qu'une décision a été prise pour que les réunions du cabinet aient lieu dans un lieu spécifique, comme le stipule l'article 65 de la Constitution, et non dans le palais présidentiel ou le bureau du Premier ministre, afin de souligner qu'il est une institution indépendante du président de la République et du Premier ministre ». « Nous annoncerons la semaine prochaine comment cette décision prise aujourd'hui sera mise en œuvre », a-t-il précisé.
Concernant les nominations administratives, le Premier ministre a annoncé l'approbation d'un « mécanisme transparent » et de la formation de « comités organisationnels, avec le ministère de la Réforme administratives et le Conseil de la fonction publique ».
Exonérations fiscales pour les victimes de la guerre
S'exprimant après M. Salam, le ministre de l'information Paul Morcos a annoncé l'adoption d'un projet de loi visant à exempter les personnes touchées par la guerre entre le Hezbollah et Israël de certains impôts et taxes. Une demande notamment exprimée la veille par le député Firas Hamdane, issu de la contestation, lors d'une réunion avec Nawaf Salam. Cette décision est de nature à fausser le montant des recettes fiscales sur lesquelles l’exécutif pourra compter, alors même que vient d'être approuvé le budget.
M. Morcos a en outre indiqué que le président de la République « a informé le cabinet des résultats de sa visite en Arabie saoudite, en soulignant son importance ». Il a ajouté que, selon Joseph Aoun, les réformes sont une demande libanaise avant d'être une demande étrangère et a souligné que « l'Arabie saoudite est prête à aider si le Liban entreprend ces réformes ». Le chef de l’État s’est rendu en Arabie saoudite lundi pour son premier déplacement officiel à l’étranger, afin de lancer une nouvelle dynamique dans les relations entre les deux pays, refroidies par des années de tensions régionales. Il a ensuite participé au sommet arabe extraordinaire organisé au Caire pour Gaza, dont la déclaration finale a consacré une disposition liée à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, au retrait de l’armée israélienne du Liban et au désarmement du parti chiite.
M. Morcos a ajouté que M. Aoun a fait allusion à une deuxième visite en Arabie saoudite après la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de Ramadan, à laquelle se joindront plusieurs ministres.
Lors de son intervention, le président Aoun a également affirmé que c'est le Conseil des ministres qui est «la référence» pour les prises de décision, « et non les partis et communautés religieuses ». « Nous sommes ici pour prendre des décisions, pas pour faire de l'obstruction », a-t-il dit.
Aparté entre Aoun et Salam
Concernant les autres décisions approuvées par le gouvernement, M. Morcos a énuméré un projet de loi visant à retarder l'âge de départ à la retraite des diplomates, un prêt de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) pour la dépollution du lac Qaraoun dans la Békaa, l'autorisation pour l'armée de recruter des médecins, pharmaciens, infirmiers techniciens, assistants médicaux, techniciens administratifs et programmeurs, et la nomination de 36 officiers spécialisés dans divers domaines au profit de la Direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI).
La réunion du Conseil avait été précédée d'un aparté entre MM. Aoun et Salam sur les « développements » dans le pays et la région. Le gouvernement Salam a été formé le 8 février dernier. Joseph Aoun a, lui, été élu président quasiment un mois plus tôt, le 9 janvier. Jusqu'à cette élection, le Liban était sans président et le gouvernement de Nagib Mikati était uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes depuis mai 2022.
Can you please publish an article OLJ about the taxes and fees approved in the 2025 budget and their impact on taxpayers and the economy.
18 h 09, le 06 mars 2025