La réalité, mon réseau (social et journalistique), et moi : il y a plus ou moins de vérité dans chacun.
Mais quand les trois m’envoient à l’unanimité des signaux de dérapage de l’humanité, il est de fortes chances que le dérapage soit réel.
Dérapage lié à la nature humaine capable du bien comme du mal. Dérapage lié à l’ivresse, effet indésirable d’un excès de pouvoir et de richesse. Dérapage quand par un malheureux concours de circonstances (ou un plan prémédité pour les plus complotistes) les ivrognes se retrouvent au même moment à la tête des plus grandes puissances mondiales. Et là, dérapage garanti. Global.
Aujourd’hui, on a l’impression d’être au bord d’un avion à quelques kilomètres du sol avec un pilote et un copilote qui ont perdu la boussole et que, même pour l’atterrissage, les responsables de la tour de contrôle ont foutu le camp.
Scénario flippant, pas très optimiste, j’avoue. Mais heureusement pour nous, ça ne correspond pas tout à fait à la réalité, à une différence près.
En réalité, nous ne sommes pas de simples passagers accrochés à nos sièges, priant que les pilotes se redressent. Nous avons un mot à dire. Un poids qui compte dans la balance. Certes, nous ne possédons pas de pouvoir à impact global. Certes, nous sommes incapables en un claquement de doigts de détruire, de raser, de déplacer, de camoufler, de désinformer... et heureusement. Mais nous sommes ce que l’on sait bien être : des travailleurs. Pas au sens professionnel du terme uniquement, mais social aussi, et surtout. De petits acteurs dans un grand collectif. Et les travailleurs que nous sommes, peuvent changer la donne avec patience et détermination.
Face au tsunami de postes sur les réseaux, de nouvelles dans les journaux, d’émissions et d’analyses de partout, qui mènent tous à la même conclusion : « L’homme a perdu sa raison », il est grand temps de résister au mal qui semble dominer.
Dans notre petitesse, dans notre humble quotidien, résister sans tarder.
Résister, même si, pour survivre, il faut hiberner de temps à autre pour revenir plus fort.
C’est un sourire, une main tendue, de l’empathie, du réconfort, un mot tendre, un ton rassurant, une présence... qu’on peut offrir à nos familles, petites et grandes, à nos voisins, à nos collègues, au plus loin que notre énergie nous le permet.
Notre arme, c’est toutes ces petites choses qui ont la magie d’être contagieuses ! C’est parce que l’espoir se construit et se reconstruit comme tout, par petits bouts, étape par étape, que nos petits pas contagieux comptent.
Loin des sommets des pouvoirs dérapant, résistons.
À l’image de l’abeille, magnifique symbole de patience et de vie, résistons. Les abeilles se rendent-elles compte qu’en faisant leur petit miel dans leurs petites alvéoles, elles gardaient notre grande Terre en vie ?
À l’image des abeilles, sans faire trop de bruit mais sans jamais s’arrêter... résistons.
Et laissons le temps faire son travail lentement mais sûrement à ceux qui se croient éternels. Ceux qui pour parler ouvrent trop grand la bouche et pour se combler écrasent tout sur leur chemin.
Remplissons, sans qu’ils ne se rendent compte, les interlignes des grandes histoires qu’ils se croient écrire et laissons nos traces transparaître le jour où le temps, assassin comme on le dit, aura dit son dernier mot.
Le moment où le ciel se dégage, soyons encore là...
Dans les interstices de cette réalité noircie qu’on nous impose, il y a une lueur, bien plus qu’une lueur, j’y crois, un espoir éclatant. Ne le délaissons pas.
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