Élu président de la République jeudi, après une vacance de plus de deux ans, Joseph Aoun est le cinquième chef de l’État à avoir occupé le poste de commandant en chef de l’armée libanaise, après les mandats de Fouad Chehab (1958-1964), Émile Lahoud (1998-2007), Michel Sleiman (2008-2014) et Michel Aoun (2016-2022). Contrairement aux autres, ce dernier a toutefois connu un long intermède politique entre ses deux fonctions.
Pour l’occasion, L’Orient-Le Jour vous invite à relire les articles de notre chroniqueur politique Mounir Rabih dans le cadre de la série « Géopolitique de la présidentielle au Liban ».
Fouad Chehab, le précurseur
Succédant à Camille Chamoun et élu après une insurrection et des combats, Fouad Chehab devient le premier président de la République issu du commandement en chef de l’institution militaire, en 1958, grâce à un compromis entre Washington et Le Caire et soutenu par une coalition de forces politiques libanaises. L’ancien militaire reste au pouvoir pendant six ans et œuvre également à développer des régions périphériques et à moderniser l’État : une nouvelle façon de faire de la politique, qui sera connue les années suivantes sous le nom de « nahj (ligne politique) chéhabiste ».
Émile Lahoud, un président pour la Syrie d’Assad
Chef d’état-major des armées de 1989 à 1998 avant d’être élu président, la même année, Émile Lahoud a succédé à Élias Hraoui et est resté à la tête du pays jusqu’en 2007. Un mandat qui est marqué par son opposition au Premier ministre Rafic Hariri, qui est assassiné le 14 février 2005, et le départ des troupes de Damas du Liban le 26 avril de la même année.
Michel Sleiman, une présidence face à la montée de l’« axe de la résistance»
Alors qu’il est toujours à la tête de l’armée libanaise, Michel Sleiman est élu en mai 2008 dans le cadre d’un accord visant à rééquilibrer la scène politique locale. Il reste en poste durant six ans. Un mandat qui sera marqué par le renversement du gouvernement de Saad Hariri et la révolution syrienne déclenchée en mars 2011 qui marque la division des pro et anti-régime Assad.
Michel Aoun, l’allié du Hezbollah
Michel Aoun était commandant de l’armée libanaise de 1984 à 1990, avant les quinze années où il s’est exilé en France. Il retourne au Liban en avril 2005 à la suite du retrait des troupes syriennes. La même année, il lance son parti politique le Courant patriotique libre et signe en 2006 l’accord de Mar Mikhaël avec Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, qui scelle l’alliance entre les deux partis. Il accédera au pouvoir en octobre 2016, après une vacance présidentielle de deux ans. La révolution de 2019, l’effondrement économique et financier du Liban et l’explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 ont tous eu lieu durant sa présidence, qui a pris fin en 2022.
Nos presidents: au début Arme éh? Et puis prez, Arme lah!
14 h 26, le 10 janvier 2025