
Le hall des arrivées à l'AIB. Photo Mohammad Yassine/L'OLJ
Une nouvelle polémique a éclaté jeudi soir à l'Aéroport international de Beyrouth à l'arrivée d'un avion civil iranien de la compagnie Mahan Air. Une fouille par les forces de sécurité de l'AIB des bagages des passagers, qui a provoqué un tollé, a permis de découvrir de l'argent en liquide dans deux valises appartenant à des diplomates iraniens. Un incident qui survient alors que, mi-novembre, une délégation diplomatique iranienne accompagnant Ali Larijani, conseiller du guide iranien Ali Khamenei, en tournée au Liban, avait été fouillée à son arrivée à Beyrouth malgré son immunité diplomatique, ce qui avait fait grand bruit dans le pays, selon plusieurs médias locaux.
Lors de la fouille survenue jeudi, juste après l'atterrissage du vol de Mahan Air, le ministre libanais sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a déclaré à la chaîne MTV que « l'avion iranien de Mahan Air est désormais fouillé à l'aéroport de Beyrouth, sac par sac ». Une mesure prise après que, dans la journée, la chaîne saoudienne al-Hadath, citant des sources occidentales, avait rapporté que l'Iran « prévoyait de transférer des millions de dollars au Hezbollah via un vol de Mahan Air ». Plusieurs médias locaux avaient rapporté que les autorités libanaises avaient informé l'Iran qu'elles empêcheraient l'avion d'atterrir si la fouille allait être empêchée. Ils ont également indiqué que toute cargaison suspecte serait confisquée.
Petites valises diplomatiques
Selon le site Erem News basé à Dubaï, citant des sources libanaises et sécuritaire, les autorités à Beyrouth ont agi « rapidement » après ces informations et « des contacts intensifs ont eu lieu avec les autorités iraniennes à cet égard ».
Selon les informations du quotidien libanais an-Nahar, une fois que l'avion a atterri, la délégation iranienne a tenté d'empêcher la fouille de l'appareil arguant qu'il s'agissait d'une délégation diplomatique, ce qui a provoqué des tensions. Le quotidien rapporte que des membres supplémentaires du service de sécurité de l'aéroport ont été dépêchés sur place. La délégation a été convoquée et l'avion a aussitôt été fouillé, sans que rien ne soit initialement trouvé à bord. À l'AIB, selon le correspondant à Washington du site al-Arabiya Joseph Habbouche, un diplomate iranien a « refusé que ses bagages soient fouillés à son atterrissage au Liban jeudi soir ».
Après cet incident, le ministère des Affaires étrangères libanais a reçu un message de l'ambassade d'Iran au Liban concernant le contenu de deux « petits valises diplomatiques » transportées par un diplomate iranien « à bord du vol Mahan le 2 janvier 2025 ». Selon la représentation diplomatique, elles contenaient « des documents et des billets de banque destinés à payer des dépenses opérationnelles à l'usage exclusif de l'ambassade », selon le communiqué. Et la chancellerie d'ajouter : « En conséquence, l'entrée des valises a été autorisée conformément à la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques. » L'article 27 alinéa 3 de la Convention prévoit qu'une « valise diplomatique ne doit être ni ouverte ni retenue ».
Une source informée a confirmé que la sécurité de l'Aéroport est « renforcée » depuis la guerre et que tous les avions sont « rigoureusement fouillés », à l'exception des diplomates. C'est pour cette raison que l'ambassade iranienne a confirmé que les deux valises étaient bien des « valises diplomatiques », ce qui a permis aux diplomates qui les transportaient de les récupérer.
Vendredi, vers 11h30, un avion iranien a atterri à l'Aéroport de Beyrouth avec un diplomate iranien à son bord, dont le bagage personnel a été fouillé sans objection, selon la chaîne de télévision locale Al-Jadeed. La chaîne a également rapporté qu’un diplomate américain a subi les procédures de contrôle standard à l’aéroport dans la même journée.
« L'AIB, aéroport de Tel-Aviv »
En réaction à cet incident et dans une vidéo qui s'est propagée sur les réseaux sociaux jeudi soir, on pouvait voir un homme s'emporter et lancer à haute voix que l'AIB était « devenu l'aéroport de Tel-Aviv ». Selon les médias locaux, il s'agissait d'un passager libanais du vol en provenance d'Iran s'emportant contre les mesures d'inspection et de fouilles à leur encontre et le temps d'attente occasionné.
Après l'affaire, les réactions ont fusé. Selon des vidéos qui ont circulé en ligne dans la soirée, des individus à mobylette brandissant des drapeaux du Hezbollah ont exprimé leur colère dans la banlieue-sud de Beyrouth en paradant sur la route de l'AIB. Le parti chiite n'était pas immédiatement disponible pour commenter l'incident. L'armée libanaise a aussitôt fermé la route menant vers ce fief du parti chiite, ont rapporté plusieurs médias locaux.
« Le choix appartient au Hezbollah »
L'analyste sécuritaire Riad Kahwagi a de son côté rappelé sur X que « confier la sécurité de l'aéroport à l'armée était la seule manière d'éviter qu'il soit bombardé par Israël et fermé pendant la guerre ». « Pour rappel, cette guerre n'est pas terminée, et nous sommes dans la phase de l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié et approuvé par le Hezbollah. Toute tentative iranienne de faire passer des armes et de l'argent en contrebande par cet aéroport pourrait entraîner son bombardement et sa fermeture. Le choix appartient au parti » chiite.
« L'inspection de l'avion iranien à l'aéroport de Beyrouth est un événement historique qui confirme que le Hezbollah est fini », a écrit sur la plateforme X jeudi soir, le journaliste Rami Naïm, opposant notoire au Hezbollah. Il a ajouté que Wafic Safa, un haut responsable du parti, avait tenté de trouver les numéros des officiers libanais en question, en vain. « L'AIB ne sera pas un passage pour l'argent ou les armes iraniennes. L'armée libanaise nous rend fiers. Tel est le Liban que nous voulons », a-t-il poursuivi. Quant au journaliste proche du Hezbollah Souheil Diab, il a accusé la chaîne al-Hadath d'être derrière « l'opération » via une « fuite d'informations » concernant le contenu de l'avion.
Contactés, ni le directeur de l'AIB Fadi el-Hassan, ni les ministère de l'Intérieur et des Affaires étrangères n'étaient joignables dans l'immédiat.
On crie tous bravo, hourra, hezb dehors etc. etc. Mais que faisait-on du temps de sa splendeur ? on courbait l'échine, on marchait sans faire de bruit, on s'accommodait bon an mal an de l'inacceptable. Comme les temps changent ! Nous sommes des pleutres.
23 h 25, le 05 janvier 2025