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Idées - Point de vue

L’ONU a un rôle à jouer en Syrie

L’ONU a un rôle à jouer en Syrie

Des Syriens peignent un graffiti sur un mur de la vieille ville de Homs. Aaref Watad/AFP

L’effondrement subit du régime syrien – le président Bachar al-Assad n’a même pas informé ses plus proches collaborateurs avant de s’enfuir à Moscou – a laissé les acteurs régionaux et internationaux se démener pour stabiliser le pays.

Bien entendu, de nombreuses tentatives ont été faites pour rétablir la stabilité en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011, quand Assad a brutalement réprimé les manifestations pacifiques du printemps arabe. Malgré les nombreux échecs, la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l’unanimité en décembre 2015, reste la pierre angulaire des efforts diplomatiques internationaux visant à résoudre le conflit syrien. Elle fournit une feuille de route claire pour une transition politique dirigée par les Syriens dans le cadre d’une nouvelle constitution, avec des élections supervisées par l’ONU et des mesures visant à garantir une gouvernance inclusive.

Il est vrai que peu de progrès ont été réalisés sur l’un ou l’autre de ces fronts. Le comité constitutionnel, l’organe chargé de mettre en œuvre la résolution 2254, illustre à la fois le potentiel et les limites du processus de l’ONU. Composé de représentants du régime Assad, de l’opposition et de la société civile, il était censé rédiger une nouvelle constitution pouvant servir de base à un règlement politique. Mais après de nombreuses réunions à Genève, le comité n’a obtenu que peu de résultats concrets, en raison de l’obstruction de la délégation du régime.

Le régime n’a subi aucune conséquence pour avoir fait dérailler le processus, car le Conseil de sécurité des Nations unies était lui-même profondément divisé. Le statut de la Russie en tant que membre permanent disposant d’un droit de veto lui a permis de protéger Assad d’une action internationale plus énergique. Son intervention militaire de 2015 a sauvé son régime et fondamentalement modifié l’équilibre des forces sur le terrain. L’envoyé spécial des Nations unies, Geir Pedersen, a tenté de sortir de l’impasse en séduisant le régime par la perspective d’un allègement des sanctions, mais ces propositions n’ont eu aucun effet.

Condition préalable

Aujourd’hui, tout est différent. Alors que le premier dignitaire étranger à se rendre à Damas après la chute du régime a été le chef des services de renseignement turcs Ibrahim Kalin, le deuxième (d’après ce que nous savons) était Pedersen. En outre, de nombreux gouvernements affirment être en contact avec le principal groupe rebelle, Hay›at Tahrir el-Cham (HTC), et son gouvernement intérimaire. Le fait que les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays continuent de désigner officiellement le HTC comme une organisation terroriste n’a pas posé de problème.

Bien que beaucoup de choses restent en suspens, la feuille de route 2015 des Nations unies reste la meilleure option pour garantir une gouvernance inclusive, qui est une condition préalable à la stabilité en Syrie. La question est toutefois de savoir si tous les acteurs nationaux et régionaux adhéreront au processus.

Israël n’a pas hésité à pousser ses troupes au-delà du plateau du Golan, mettant fin à un arrangement qui prévalait depuis la guerre du Kippour de 1973 (lorsque même les gains minimes qu’elle a réalisés dans la région ont enflammé les passions dans tout le monde arabe). Elle a également mené des frappes aériennes préventives contre ce qui reste du matériel militaire et des installations d’armement de la Syrie.

Pour la Turquie, la grande question est de savoir si elle peut accepter un cadre de gouvernance syrien incluant les Kurdes. La priorité du gouvernement turc est de marginaliser tout élément associé au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’il considère comme un groupe terroriste (tout comme les États-Unis et l’Union européenne). Idéalement, un nouveau règlement en Syrie pourrait même contribuer à désamorcer la question kurde en Turquie même.

Un risque évident est que les restes de l’État islamique exploitent la nouvelle incertitude pour renforcer leur propre position. Mais HTC et divers groupes kurdes ont combattu Daech pendant des années. Ils seront désormais encore plus déterminés à lui résister. L’un des principaux atouts du processus de l’ONU est l’absence d’alternatives favorables ; s’il venait à s’effondrer, le résultat serait catastrophique pour toutes les parties concernées. L’accent mis par les rebelles victorieux sur la construction et le maintien des institutions étatiques montre qu’ils sont bien conscients des dangers.

Lever les sanctions

Pour réussir, le processus doit être mené par les Syriens pour les Syriens, mais avec une aide extérieure. La situation humanitaire est épouvantable et nécessite une attention immédiate. L’Europe et les États-Unis devraient faire savoir clairement à tous les acteurs concernés qu’ils sont prêts à lever les sanctions économiques qui pèsent sur la Syrie pour soutenir une transition politique.

Les enjeux sont particulièrement importants pour l’Europe, dont les politiques sont encore hantées par la crise des réfugiés de 2015. La répétition de cet épisode serait un cauchemar. La Turquie a bien sûr un intérêt vital à ce que la stabilité règne à sa frontière. Elle accueille depuis longtemps des millions de réfugiés syriens qu’elle aimerait voir rentrer chez eux, et nombre d’entre eux se disent aujourd’hui prêts à partir.

Le processus à venir sera cependant long et compliqué. La gouvernance syrienne n’a jamais été une affaire simple. Si l’un des acteurs-clés commence à poursuivre unilatéralement son propre agenda, les conditions pourraient se détériorer rapidement. Néanmoins, le processus des Nations unies représente la meilleure façon d’avancer, donnant à l’organisation une chance de montrer au monde qu’elle reste indispensable dans des situations telles que celles-ci.

Copyright : Project Syndicate, 2024.

par Carl BILDT

Ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Suède.

L’effondrement subit du régime syrien – le président Bachar al-Assad n’a même pas informé ses plus proches collaborateurs avant de s’enfuir à Moscou – a laissé les acteurs régionaux et internationaux se démener pour stabiliser le pays.Bien entendu, de nombreuses tentatives ont été faites pour rétablir la stabilité en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011, quand...
commentaires (2)

La meilleure chose que pourrait faire l'ONU serait de transferer la distribution de l'aide aux refugies Syriens en Syrie meme, et non plus au Liban.

Michel Trad

21 h 28, le 05 janvier 2025

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Commentaires (2)

  • La meilleure chose que pourrait faire l'ONU serait de transferer la distribution de l'aide aux refugies Syriens en Syrie meme, et non plus au Liban.

    Michel Trad

    21 h 28, le 05 janvier 2025

  • -TOUT CE PELERINAGE QUI COURT, -SANS QU,AUCUN NE RATE PAS SON TOUR, -POUR SOLLICITER LA BONNE GRACE, -DE CEUX QU,ON TRAITAIT AVEC DISGRACE, -PAS SI LONGTEMPS QUE CA M,IMPRESSIONNE, -ET CONFOND EN MOI CHAQUE NEURONE, -SUR COMBIEN SI BAS ON PEUT DESCENDRE, -POUR SES PROPRES INTERETS DEFENDRE. -LA CAJOLERIE EN SA TOTALE, -N,EST QUE DE VOCATION COMMERCIALE. -CE QU,ON DETRUISIT EN *HUMANISTES*, -AVEC LE CONCOURS DES JIHADISTES, -ON ENTEND AUJOURD,HUI REBATIR. -POUR LE FRIC ON PEUT TOUS *S,AVILIR*. =VOS DEMOCRATIES ET DROITS HUMAINS, -EUROPEENS ET AMERICAINS, -IDIOTS QUI GOBENT VOS DEUX VACCINS.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    10 h 45, le 05 janvier 2025

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