Cinq personnes ont été tuées mercredi dans des frappes israéliennes menées par drone au Liban-Sud, selon les informations recueillies par notre correspondant Mountasser Abdallah. Une sixième personne, blessée la veille, a succombé à ses blessures à Khiam, où la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) s'est déployée pour la première fois depuis le cessez-le-feu. Le ministère de la Santé a pour l'instant confirmé quatre morts pour la journée de mercredi.
L'armée libanaise a également déployé des soldats autour de cette localité, qui a été le théâtre de violents affrontements entre le Hezbollah et Israël durant les deux mois de guerre. Dans un communiqué, l'armée a précisé que ses troupes devaient d'abord localiser et déterrer toutes les munitions non explosées.
Trois frappes
Selon notre correspondant, les cinq victimes de la journée ont été tuées dans trois frappes à Aïnata, Beit Lif, et Bint Jbeil.
La dernière, qui a été accompagnée par des rafales de tirs, a eu lieu en fin d'après-midi, emportant deux personnes et en blessant une troisième dans le quartier d'el-Ouwayné dans la localité de Bint Jbeil. La personne blessée n'a pas finalement pas survécu.
Dans la matinée, le premier des cinq tués de la journée, un homme, a été atteint près de Aïnata, sur la route reliant cette localité à Bint Jbeil. Un bilan confirmé par le ministère de la Santé en cours de journée, qui fait également état d'un blessé. Aucune information n'était pour l'heure disponible sur l'identité de la victime.
Dans le même caza, une frappe de drone a également tué une personne qui circulait en camionnennette dans la zone dite de « Wadi el-Ouyoun » (la vallée des sources, en arabe), à Beit Lif. L'homme tué a été identifié comme s'appelant Hamza Beddah, originaire du village. Les informations de sources locales indiquent qu'il se trouvait sur le chemin du retour, après s'être rendu dans son élevage bovin à Wadi el-Ouyoun.
Enfin à Khiam (Marjeyoun), c'est un homme identifié comme étant Amine Khachich, un combattant du Hezbollah, qui a été frappé par un missile lancé depuis un drone dans la nuit de mardi à mercredi. L'Agence nationale d'Information (Ani, officielle) précise que c'est la Finul qui aurait retrouvé son corps, mais qui n'était pas joignable pour confirmer cette version des faits. Une image montrant cet homme présenté comme un combattant du parti chiite mort « sur la route de Jérusalem » a circulé dans les milieux pro-Hezbollah et été obtenue par notre correspondant.
Déploiement libanais et de la Finul à Khiam
Plus tôt dans la journée, des habitants de Khiam avaient fait état de la disparition de cet homme. Selon leurs témoignages, obtenus par L'Orient-Le Jour, Amine Khachich était introuvable depuis la veille au soir, où il avait été signalé comme se trouvant près de son domicile, situé à l’entrée nord de la localité. Plusieurs résidents auraient mentionné, citant son épouse, qu'il avait reçu un appel de personnes se présentant comme des membres des services de renseignement de l’armée libanaise, qui lui auraient demandé de les rejoindre à l’extérieur de son domicile.
Cette frappe a eu lieu alors que l'armée israélienne a déjà mené des centaines de tirs et frappes sur le Liban-Sud depuis l'entrée en vigueur, le 27 novembre, du cessez-le-feu entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Ces frappes ont tué au moins 26 personnes selon notre décompte, alors que les 14 mois de conflit ont fait plus de 4.000 morts.
L'annonce de ce décès à Khiam intervient alors que, pour la première fois depuis le début du cessez-le-feu au Liban, des véhicules de la Finul sont entrés dans la matinée à Khiam, selon notre correspondant. Alors que des explosions étaient toujours entendues mercredi matin dans la localité, résultant d’opérations de destruction d’habitations menées par l’armée israélienne, les équipes de génie de l'armée libanaise étaient également attendues dans la journée dans le quartier nord de Khiam avec des bulldozers pour ouvrir les routes bloquées par les décombres des bâtiments détruits.
Des unités de l'armée devaient également être déployées plus tard dans d'autres quartiers, une fois qu'il aurait été confirmé que l'armée israélienne s'en était retirée. Dans un communiqué publié en début de soirée, l'armée libanaise a annoncé avoir positionné des unités en cinq endroits autour des localités de Khiam, en coordination avec la FINUL, « dans le cadre de la première phase de déploiement dans la région, en conjonction avec le retrait de l'ennemi israélien ». Ce déploiement a été autorisé « suite aux contacts établis par le comité de supervision », a précisé l'armée, ajoutant que la prochaine phase aura lieu après que « les unités spécialisées » auront examiné la ville afin de détecter toutes les munitions non explosées. Le commandement de l'armée a enfin appelé les citoyens à ne pas s'approcher de la zone et à respecter les instructions des unités militaires jusqu'à la fin du déploiement.
Perquisition israélienne
À Kfar Kila, à quelques kilomètres au sud-ouest de Khiam, des soldats israéliens ont perquisitionné la maison d'un résident, selon Elie Soulaymane, maire de la localité voisine de Bourj el-Moulouk. Les soldats, qui étaient accompagnés de véhicules, ont effectué une descente dans la résidence de Jamil Jouki à la périphérie de Kfar Kila, fouillé le bâtiment, interrogé ses habitants - une famille de quatre personnes composée du père, de la mère et de leurs deux enfants - et confisqué leurs téléphones portables. Ils ont ensuite ordonné à la famille de quitter la maison immédiatement et de ne pas y revenir jusqu'à nouvel ordre.
Parallèlement, l'aviation israélienne continuait de survoler le Liban-Sud mercredi, notamment la région de Zahrani, Arnoun et Zaouter.
Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de bombardements intensifs, Israël et le Hezbollah continuent de s’accuser mutuellement de violer l’accord. L’armée israélienne occupe toujours une bande frontalière au Liban, interdisant aux habitants de s’y rendre. Dans un message sur X, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a ainsi une nouvelle fois indiqué mercredi matin que la bande frontalière, délimitée notamment par les villages de Chebaa, Hebbariyé, Marjeyoun, Arnoun, Yohmor, Kantara, Chakra, Baraachit, Yater et Mansouri, restait interdite d'accès aux Libanais « jusqu'à nouvel ordre».
Ailleurs dans le pays, c'est davantage la question des réfugiés syriens qui fuient les rebelles qui ont pris le contrôle de la Syrie qui agite la situation aux frontières. Au Liban-Nord, l'armée libanaise a renforcé sa présence près du point de passage d'Arida, à la frontière entre le Liban et la Syrie, a indiqué notre correspondant au Liban-Nord. Ce dernier a précisé que certains postes frontaliers côté syrien avaient été abandonnés à la suite de la chute du régime de Bachar el-Assad.
Dans la Békaa, le gouverneur de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, a indiqué lors d'un point presse qu'un nombre important de personnes déplacées, tant syriennes que libanaises, étaient arrivée via le nord de Baalbek-Hermel par des points de passage non autorisés. Il a assuré que l'armée libanaise multipliait les efforts pour sécuriser les frontières malgré des ressources limitées, appelant à ce que la Troupe bénéficie de davantage de soutien. M. Khodr a également mentionné le retour en Syrie de 1 500 réfugiés syriens de la ville de Ersal dont les tentes ont été démontées de façon permanente afin d'empêcher tout retour.
Et on va laisser cette racaille tuer et détruire sans respect du cessez le feu !! Il faut réagir et ne pas les laisser faire .. tfeh alla haïk chaab
15 h 56, le 12 décembre 2024