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Économie - Crise au Liban

La Banque mondiale table sur une contraction de 5,7 % du PIB au Liban en 2024

« La baisse cumulée du PIB réel depuis 2019 devrait désormais dépasser 38 % d'ici à la fin de 2024, aggravant la crise économique préexistante du Liban », note le rapport.

La Banque mondiale table sur une contraction de 5,7 % du PIB au Liban en 2024

Beyrouth vue de Dbayé le 8 décembre 2024. Photo P.H.B.

Dans son dernier rapport sur le Liban, intitulé « Des pressions accrues sur un pays rongé par la crise », la Banque mondiale (BM) confirme la précarité de la situation, déjà décrite dans son précédent opus, dédié au suivi de la situation économique du Liban (Lebanon Economic Monitor, ou LEM), qui avait été publié mi-novembre. Un constat qu'elle dresse en se basant sur des indicateurs traditionnels, mais aussi sur d'autres non conventionnels.

Selon les auteurs du rapport, l’activité économique du Liban devrait se contracter de 5,7 % en 2024, alors que la Banque mondiale tablait sur une expansion de 0,9 % pour ce même exercice, dans un scénario sans conflit. Reprenant une estimation évoquée il y a déjà près d’un mois, la Banque mondiale précise ainsi que l'aggravation du conflit au Liban à partir de septembre 2024 a entraîné en tout « une baisse d’environ 6,6 % de la croissance du PIB réel ».

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« La baisse cumulée du PIB réel depuis 2019 devrait désormais dépasser 38 % d'ici à la fin de 2024, aggravant la crise économique préexistante du Liban », notent-ils. Toujours selon eux, la contraction de 2024 équivaut à une perte de 4,2 milliards de dollars en termes de consommation et d'exportations nettes, « reflétant l'impact dévastateur des déplacements massifs, des destructions et de la réduction de la consommation privée, qui représentait 134 % du PIB en 2023 ».

La BM soulève aussi « des pertes importantes » dans des secteurs-clés de l’économie, « tels que le tourisme, pilier de l'économie libanaise ». Dans son précédent rapport, la BM indiquait que les dommages causés aux structures physiques s'élèvent à eux seuls à 3,4 milliards de dollars, avec près de 100 000 logements partiellement ou totalement endommagés. « La destruction du stock de capital et la migration de la main-d’œuvre qualifiée érodent encore plus le potentiel économique du Liban, ce qui pose des risques importants pour la croissance à long terme », relève le texte.

Stabilité précaire de la livre

En ce qui concerne le taux de change, l’organisation observe que bien qu’il « se soit stabilisé depuis août 2023, cette stabilité reste précaire et non durable, faute d’un cadre monétaire solide ». Pour elle, celle-ci dépend des restrictions budgétaires et des limitations de dépenses imposées sur les comptes des institutions publiques à la Banque du Liban (BDL), ainsi que de l’accélération du recouvrement des recettes et des excédents non dépensés du secteur public. Une stratégie qui a certes permis de limiter temporairement la circulation des devises, mais dont le résultat s’est fait « au prix d’un retard dans les investissements essentiels au redressement et au développement », précise la BM. Et d’ajouter : « L’augmentation des demandes de financement postconflit risque d’épuiser les réserves de change restantes ou d’accroître la circulation des devises, ce qui compromettrait la stabilité du taux de change et intensifierait les pressions inflationnistes, soulignant le caractère non durable de l’approche actuelle de stabilisation du taux de change. »

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En parallèle, les besoins de financement des ministères durant cette phase de postconflit en 2024 et 2025, et la diminution des recettes fiscales, dont la TVA, résultant de ce conflit, devraient aggraver encore plus la situation budgétaire du Liban. Or, à la suite de son défaut sur les eurobonds en mars 2020, le Liban n’est en mesure de fournir qu’une aide humanitaire minimale et limitée pour les déplacements internes et pour sa riposte au conflit. Dans ce cadre, la Banque mondiale souligne qu’une « restructuration complète de la dette est nécessaire pour rétablir l’accès aux marchés internationaux des capitaux, ce qui permettrait au pays de faire face aux problèmes multiformes auxquels il est confronté ».

Sortir de la liste grise

Dans un tout autre registre, les auteurs du rapport indiquent également compter sur des données non conventionnelles pour observer d’autres aspects de la crise libanaise. Parmi eux figure l’indicateur de luminosité nocturne, ou Night-Time Lights (NTLs), qui indique une baisse spectaculaire de 62,3 % de l’éclairage nocturne entre 2019 et 2023, reflétant le ralentissement sévère de l’activité économique dans la foulée de la crise de 2019.

En cinq ans, l'effondrement économique a entraîné une inflation vertigineuse cumulée de 5 970,7 % en livres libanaises, entre septembre 2019 et septembre 2024, selon la Banque mondiale. Elle précise toutefois qu’un travailleur hypothétique percevant un revenu en dollars aurait subi une baisse cumulée de 4,9 % de son pouvoir d’achat sur cette même période.

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Enfin, la Banque mondiale précise que « l'aggravation du ralentissement économique exacerbe les problèmes macroéconomiques non résolus et souligne l’urgence de mettre en œuvre des réformes globales, seule voie viable après la sortie du conflit ». Les priorités, selon elles, consistent en la stabilité macroéconomique, l'amélioration de la gouvernance, le renforcement des services publics et le développement du capital humain. À ce niveau, la BM indique que l’inscription du Liban sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), le 25 octobre, a accru les risques pour sa réputation et pourrait entraîner une augmentation des coûts de transaction et ainsi que des retards dans les entrées de capitaux. Pour cela, elle souligne la « nécessité urgente » de renforcer la supervision et la conformité dans les secteurs non financiers à haut risque afin de sortir de cette liste.

« Le déblocage de l’accès au financement, en particulier par le biais d’une réforme globale comprenant la résolution de la crise du secteur bancaire et la restructuration de la dette, est essentiel pour atteindre ces priorités et fournir le soutien institutionnel nécessaire au redressement et au développement à long terme du Liban », conclut-elle. 

Dans son dernier rapport sur le Liban, intitulé « Des pressions accrues sur un pays rongé par la crise », la Banque mondiale (BM) confirme la précarité de la situation, déjà décrite dans son précédent opus, dédié au suivi de la situation économique du Liban (Lebanon Economic Monitor, ou LEM), qui avait été publié mi-novembre. Un constat qu'elle dresse en se basant sur des...
commentaires (1)

Tout ça á cause de Hezballah....ils devraient compenser les autres libanais!!!!

Moi

10 h 02, le 11 décembre 2024

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Commentaires (1)

  • Tout ça á cause de Hezballah....ils devraient compenser les autres libanais!!!!

    Moi

    10 h 02, le 11 décembre 2024

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