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Moyen-Orient - Point Actu

Chute du régime Assad : ce qu’il faut savoir ce dimanche soir

Transition, sort de Bachar el-Assad, décisions libanaises, frappes israéliennes, réactions internationales... On fait le point.

Chute du régime Assad : ce qu’il faut savoir ce dimanche soir

A Damas, des habitants sur une statue déboulonnée de l’ancien président Hafez el-Assad, le 8 décembre 2024. Louai Beshara/AFP

Le pouvoir syrien s'est effondré dimanche face à l'offensive fulgurante de groupes rebelles et islamistes, qui a mis fin à cinq décennies de règne sans partage de la famille Assad. Voici ce qu'il faut savoir.

La chute du régime Assad

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, Hayat Tahrir al-Cham (HTC) a annoncé être entré dans Damas et avoir pris la prison de Sednaya, symbole des pires exactions du régime. Le HTC et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) ont déclaré que Bachar el-Assad avait quitté la Syrie en avion, après 24 ans au pouvoir. Peu après son départ, l'aéroport de Damas a été  abandonné par les forces gouvernementales.
« Le tyran Bachar el-Assad a pris la fuite » et « nous proclamons la ville de Damas libre », ont annoncé les groupes rebelles. Ils ont dit avoir libéré tous les prisonniers « injustement détenus » et appelé à sauvegarder les biens de l'Etat syrien « libre ». « Après 50 ans d'oppression sous le (parti au) pouvoir du Baas, et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements, (depuis le début du soulèvement en 2011, ndlr) nous annonçons aujourd'hui la fin de cette ère sombre et le début d'une nouvelle ère pour la Syrie », ont-ils encore dit.

Un peu plus tard dans la journée dimanche, Abou Mohammad al-Jolani, chef de HTC, qui est arrivé à Damas, a déclaré dans un communiqué lu sur la télévision d'État syrienne après la prise de Damas par ses forces qu'il n'y avait pas de place pour un « retour en arrière » et que son groupe était déterminé à « poursuivre la voie entamée en 2011 lors du printemps arabe » « L'avenir nous appartient », a clamé al-Jolani.

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Ce que l’on sait sur la transition

- « Les institutions de l'État syrien seront supervisées par l'ancien Premier ministre syrien Mohammad Jalali, jusqu'à ce qu'elles soient remises », a déclaré dimanche le chef de HTC Abou Mohammed al-Jolani.
Dans une déclaration signée de son vrai nom, Ahmed al-Charaa, le leader de Hayat Tahrir el-Cham a interdit aux forces armées de Damas de s'approcher des bâtiments publics et de tirer des coups de feu en l'air dans le but d'assurer une « transition ordonnée » après que les rebelles ont déclaré la fin du régime de Bachar el-Assad ce dimanche matin après avoir pénétré dans les rues de la capitale.
Une vidéo montrant des rebelles escortant Mohammad Jalali en dehors de son bureau a été publiée sur la chaîne Telegram officielle du groupe rebelle, indiquant escorter l'ancien chef du gouvernement syrien à l'hôtel « Four Seasons » de Damas. Dans une interview accordée à Al Arabiya, M. Jalali - nommé premier ministre par M. Assad en septembre - a déclaré qu'il avait été en contact avec M. Charaa pour discuter de la gestion de la période de transition actuelle, et a déclaré que la Syrie devrait organiser des « élections libres ».

- Dimanche après-midi, la coalition de l'opposition syrienne a déclaré dimanche qu'elle travaillait à la formation d'un organe de gouvernance transitoire doté de pleins pouvoirs exécutifs, ajoutant dans une publication sur X qu'elle aspire à établir des partenariats stratégiques dans la région et dans le monde.

- Le chef de la diplomatie turque a déclaré dimanche que son pays était en contact avec les rebelles en Syrie pour s'assurer que le groupe Etat islamique et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)  ne profitent pas de la chute du régime de Damas pour étendre leur influence. 

Le sort de Bachar el-Assad

Bachar el-Assad et sa famille se trouvent à Moscou, ont annoncé, dimanche soir, les agences de presse russe, citant une source au Kremlin. « Assad et les membres de sa famille sont arrivés à Moscou. La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l'asile », a indiqué cette source aux agence de presse publiques TASS et Ria Novosti.

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Sur le terrain : scènes de liesse et actions militaires

- Dans le centre de Damas, plusieurs dizaines de personnes ont renversé et piétiné une statue du père de Bachar el-Assad, Hafez, qui a dirigé la Syrie depuis 1971 jusqu'à sa mort en 2000, selon des images de l'AFP. A travers le pays, d'autres manifestants ont déboulonné les statues d'Assad père et fils, comme à Hama, dans le centre, à Alep, dans le nord, ou à Deraa, dans le sud. Sur la place des Omeyyades à Damas, les tirs d'armes à feu en signe de joie se mêlaient aux cris « d'Allah Akbar ». « La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad », scandaient des rebelles armés qui circulaient dans des rues de Damas, tirant en l'air.

- L'ambassade de Russie en Syrie a déclaré que son personnel était « en sécurité » après le renversement du président Assad et la prise de Damas par des groupes rebelles, a rapporté dimanche l'agence de presse russe TASS. L'ambassade iranienne a, elle, été saccagée, selon des médias iraniens, tandis que le personnel de l'ambassade d'Irak a été évacué vers le Liban. Plus de détails ici

- Des troupes de « l'Armée syrienne libre », forces rebelles syriennes soutenues par la Turquie, sont entrées dans la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, après avoir pris le contrôle de la majeure partie de la zone environnante des forces kurdes du YPG qui s'y trouvaient, a déclaré une source de sécurité turque à Reuters. « La lutte contre les YPG/PKK est très proche de la victoire. Des interventions aériennes et terrestres sont en cours pour prendre Manbij des mains des YPG/PKK », a déclaré la source, faisant référence à la milice kurde, considérée comme un groupe terroriste par Ankara, qui s'oppose à tout renforcement des forces kurdes en Syrie et le long de la frontière turque.

Quid de l'armée syrienne

Après l'annonce du départ d'Assad, des soldats de l'armée syrienne à Damas ont immédiatement retiré leur uniforme militaire, selon des témoignages des habitants recueillis par l'AFP. Un témoin a raconté avoir vu dimanche matin des dizaines de véhicules militaires abandonnés dans le quartier de Mazzé, abritant les locaux de plusieurs institutions sécuritaires, militaires mais aussi des ambassades. L'armée syrienne n'a publié aucun communiqué ou commentaire officiel. Des soldats interrogés par l'AFP ont assuré qu'il leur avait été demandé de se retirer de leurs positions et de rentrer chez eux.

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Au Liban

- Le Hezbollah aurait retiré toutes ses forces de Syrie depuis samedi, selon deux sources sécuritaires libanaises citées par Reuters. Cette information survient alors que le parti chiite avait, selon d'autres sources, envoyé plus tôt cette semaine 2 000 combattants en Syrie pour s'interposer à l'avancée des rebelles syriens vers Damas.

- L'armée libanaise a, de son côté, annoncé avoir renforcé sa présence à la frontière avec la Syrie. « Compte tenu de l'évolution rapide et des circonstances délicates que traverse la région, le commandement de l'armée surveille la situation à la frontière et à l'intérieur du pays pour prévenir toute menace à la paix civile », déclare-t-elle dans un communiqué. « Dans ce contexte, les unités chargées de surveiller et de contrôler les frontières nord et est ont été renforcées parallèlement au renforcement des procédures de surveillance, et les unités réparties dans tout le Liban mettent en œuvre des mesures exceptionnelles pour maintenir la sécurité et protéger la paix civile ». En soirée, notre correspondante dans la Békaa rapportait que l’armée libanaise s’est largement déployée dans la Békaa-centre et patrouille sur la route reliant Taalbaya, Saadnayel, Barr Elias et Masnaa, ainsi que dans le jurd de la Békaa-est.

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- Des scènes de liesse ont également eu lieu à travers le Liban. À Bar Elias, à une douzaine de kilomètres de la frontière avec la Syrie, des feux d'artifice et des coups de feu sont lancés, selon notre journaliste sur place Caroline Hayek. « Que ton âme soit maudite, Hafez », scandaient des personnes présentes dans la ville, en allusion au père du président syrien Bachar el-Assad. Certains insultaient également le Hezbollah, allié du régime.
Plus tôt, des centaines de personnes avaient également célébré au Liban-Nord, dans la nuit de samedi à dimanche, l'annonce de la prise de Homs et de Damas par les rebelles syriens, au cours d'une offensive éclair.

- Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, et son ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, ont annoncé dans un communiqué conjoint, après une réunion « suivre avec intérêt les développements actuels en Syrie », insistant sur la nécessité de « préserver la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de la Syrie, ainsi que la non-ingérence dans ses affaires intérieures. » Dans ce texte, MM. Mikati et Bou Habib soulignent « la volonté du Liban d'établir les meilleures relations avec l'État syrien et ses représentants, afin de préserver les intérêts communs des deux pays ».

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Réaction israélienne

- L'armée israélienne a pris le contrôle du versant syrien du mont Hermon, sur le plateau du Golan, afin « d'empêcher les rebelles de conquérir la région », rapportait le Haaretz dimanche après-midi. Un peu plus tôt, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait a ordonné à l'armée israélienne de « prendre le contrôle » de la zone tampon du Golan ainsi que « de positions stratégiques adjacentes ».

- Il a également déclaré que la chute de Bachar el-Assad était « un jour historique » et la chute d'un « maillon central » de « l'axe du mal » dirigé par l'Iran. « C'est un jour historique dans l'histoire du Moyen-Orient » et « une conséquence directe des coups que nous avons portés à l'Iran et au Hezbollah, les principaux soutiens du régime d'Assad », a déclaré M. Netanyahu depuis le Golan syrien occupé et annexé par Israël.

- L'aviation israélienne a mené trois frappes aériennes contre un important complexe de sécurité, dans le district de Kafr Sousa, à Damas, ainsi que contre un centre de recherche où des scientifiques iraniens auraient mis au point des missiles, ont déclaré dimanche soir à Reuters deux sources sécuritaires. Ces opérations font suite à une précédente série de frappes plus tôt dans la journée contre des bases aériennes de l'armée syrienne, dans le sud de la capitale syrienne.

Réactions  internationales

- La politique de l'Iran à l'égard de la Syrie est susceptible d'évoluer, a mis en garde la diplomatie iranienne. L'Iran « adoptera une approche et des positions appropriées » en fonction « de l'évolution en Syrie et dans la région, ainsi que du comportement des acteurs » sur le terrain, a affirmé dans un communiqué le ministère iranien des Affaires étrangères.

- L'Arabie saoudite a déclaré qu'elle soutient le peuple syrien et de ses choix à ce « stade critique ».

- Joe Biden a affirmé dimanche soir que Bachar el-Assad devrait « rendre des comptes » pour les « centaines de milliers de Syriens innocents » qui ont été « maltraités, torturés, et tués ». Il a également averti que « certains des groupes rebelles » ayant participé à l'offensive éclair qui a provoqué la chute de Assad avaient des « antécédents de terrorisme et de violation des droits humains ». « Nous avons pris note des déclarations des dirigeants de ces groupes rebelles ces derniers jours, et ils disent ce qu'il faut en ce moment. Mais alors qu'ils s'apprêtent à prendre de plus grandes responsabilités, nous allons évaluer non seulement leurs mots, mais aussi leurs actes », a prévenu le président américain lors d'une allocution à la Maison Blanche.

- Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré dimanche déclaré que la nouvelle administration syrienne devait être inclusive, car le peuple syrien déciderait désormais de son propre avenir. M. Fidan a en outre affirmé que le peuple syrien n'était pas en mesure de reconstruire seul et que les acteurs internationaux ainsi que les puissances régionales devaient agir avec prudence pour préserver l'intégrité territoriale de la Syrie, mettant en garde contre la possibilité que des organisations terroristes profitent de la situation.

-La France « salue la chute du régime de Bachar al-Assad » après « plus de 13 ans d'une répression d'une grande violence contre son propre peuple », a réagi dimanche le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Christophe Lemoine. Paris « appelle tous les Syriens à l'unité, à la réconciliation, et à rejeter toute forme d'extrémisme », poursuit-il dans un communiqué.

- Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a averti que la Syrie ne devrait pas « sombrer dans le chaos ».

- Le roi de Jordanie Abdallah II a indiqué que son pays respectait « les choix » des Syriens, appelant le pays voisin à éviter de sombrer dans le « chaos ».


Le pouvoir syrien s'est effondré dimanche face à l'offensive fulgurante de groupes rebelles et islamistes, qui a mis fin à cinq décennies de règne sans partage de la famille Assad. Voici ce qu'il faut savoir.La chute du régime AssadDans la nuit du 7 au 8 décembre, Hayat Tahrir al-Cham (HTC) a annoncé être entré dans Damas et avoir pris la prison de Sednaya, symbole des pires exactions...
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LE MORCELLEMENT DE LA SYRIE ET DU LIBAN COMMENCERA TRÈS BIENTÔT !

Chucri Abboud

10 h 11, le 09 décembre 2024

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Commentaires (5)

  • LE MORCELLEMENT DE LA SYRIE ET DU LIBAN COMMENCERA TRÈS BIENTÔT !

    Chucri Abboud

    10 h 11, le 09 décembre 2024

  • Que d'interrogations pour l'avenir de ce pays où tant de personnes sont mortes ou ont souffert le martyr. Nous basculons enfin vers l'espoir !

    Cartier Murielle

    16 h 37, le 08 décembre 2024

  • .... (l'officier russe a refusé de les prendre à bord et n'a accepté que la valise Louis Vuitton vide). Ne reste plus que le siège élévateur passant du premier au deuxième étage (que nous avions payé très cher) et le Oud centenaire encore dans son étui offert pour son dernier anniversaire. Vous savez, mon mari est un grand mélomane et a une sensibilité à fleur de peau. Il ne comprend pas cette haine. Je l'aime. Asma.

    Ca va mieux en le disant

    16 h 34, le 08 décembre 2024

  • Yahné, la vie est vraiment injuste. Après tant d'amour redistribué à notre Peuple, nous sommes remerciés de manière ingrate. Non seulement avons-nous dû embarquer la nuit du 3 décembre dans un sous-marin russe à Tartous mon chien chéri, mes enfants, mon mari et moi, mais comme si cela ne suffisait pas, notre belle résidence a été saccagée. Incompréhensible. Toutes ces années de décoration intérieure, mes beaux hibiscus, ma collection Modes

    Ca va mieux en le disant

    16 h 33, le 08 décembre 2024

  • Quelle nouvelle, Quel bouleversement ! On en tombe tous de nos branches. Les routes de l'Iran vers le Levant sont maintenant faites de poussière, entre le hezb (décapité), gaza rasée, assad exfiltré (probablement par sous-marin russe), les cartes du moyen-orient sont rebattues au delà de l'imaginable. Dans tout ce fatras, mes pensées vont aux civils palestiniens de Gaza si durement touchés par l'opération de nettoyage génocidaire israélienne.

    Ca va mieux en le disant

    14 h 22, le 08 décembre 2024

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