Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a appelé mardi le Hezbollah à demander un cessez-le-feu « indépendamment de Gaza » et à appliquer la résolution 1701 telle quelle, tout en prônant un dialogue national pour élaborer une stratégie de défense.
« Nous demandons à la résistance de s’inscrire dans le consensus libanais en réclamant un cessez-le-feu ainsi que l'application de la résolution 1701, indépendamment des événements à Gaza et dans la région. Le parti devra participer immédiatement à un dialogue national présidé par le président de la République pour élaborer une stratégie de défense qui mette fin aux différends sur ses armes », a déclaré M. Bassil.
Cela fait des années que la formation aouniste réclame la mise en place d'une stratégie de défense, une question hautement sensible et gelée à l'ombre des armes du Hezbollah, seul parti à avoir maintenu et développé son arsenal après la fin de la guerre civile en 1990. Ce sujet est source de frictions entre les différentes formations politiques libanaises. L’ancien président Michel Aoun, fondateur du CPL et allié du Hezbollah, avait exprimé son souhait d’élaborer une stratégie de défense, mais l’avait finalement écartée après son élection. Depuis la fin de son mandat, le 31 octobre 2021, le Liban est sans chef de l’État.
La 1701 sans modification
Pour Gebran Bassil, « la seule solution pour mettre fin à la guerre est l’application de la résolution 1701 en deux phases : d'abord l'arrêt des hostilités, puis un cessez-le-feu complet et la recherche d’une solution permanente ». Il a ajouté que « la solution durable réside dans l’application des résolutions internationales, le respect de l’accord de cessez-le-feu et l’engagement envers l’accord de Taëf. Ces éléments sont contenus dans la résolution 1701, et c’est là que la stratégie de défense intervient ».
Adoptée en 2006 pour mettre fin aux hostilités entre le Hezbollah et Israël, la résolution 1701 stipule que seules l’armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) peuvent opérer au sud du fleuve Litani. Cependant, le parti chiite a maintenu une présence significative dans cette région, que les frappes aériennes et offensives terrestres israéliennes prétendent détruire.
M. Bassil a souligné que « la résolution 1701 est adéquate pour résoudre la crise et ne nécessite aucune modification ». Il a néanmoins précisé que bien que ce texte ainsi que la stratégie de défense constituent « une base pour arrêter la guerre », ils ne suffisent pas. « Pour qu'une solution soit durable, il faut garantir un soutien et un accord internationaux et internes pour développer l’armée et neutraliser le Liban face aux conflits régionaux », a poursuivi le chef chrétien.
Il a ajouté qu’Israël n’avait « respecté aucun des termes de la première phase de la résolution 1701, à l’exception de l’arrêt de ses attaques militaires », mais a maintenu ses violations de la Ligne bleue, avec plus de 37 000 incursions documentées, et occupé le village de Ghajar, empêchant ainsi le passage à la deuxième phase.
Stratégie de défense et consensus national
Le chef du CPL a affirmé que la stratégie de défense devrait découler d’un consensus national sur la gestion de l’armement, tout en préservant l’unité du pays, en restituant au Liban ses droits et en le protégeant sous l’autorité de l’État. Selon lui, « un conflit national et un désarmement par la force mènerait, en l’absence de l’État, au chaos et à la guerre civile ».
« Tout patriote et homme de bon sens choisirait la résolution 1701 et la stratégie de défense », a-t-il insisté, ajoutant qu'il n'existait « pas d’autre choix » à moins que certains ne veuillent « des aventures folles et des paris perdants » conduisant à de nouvelles divisions et à la disparition de l’État, comme ce fut le cas au cours des guerres de 75 à 90 ».
Gebran Bassil a aussi rappelé son opposition au front de soutien proclamé par le Hezbollah « car nous y avions vu un danger pour les intérêts du Liban et une menace pour sa sécurité ». « Le Liban fait face à un projet destructeur visant à le soumettre, à lui imposer une tutelle sécuritaire, à violer sa souveraineté et ses ressources, à détruire ses infrastructures, ses monuments, son économie et à modifier son régime démocratique et son tissu social », a-t-il dit encore.
Le « front de soutien » pour soutenir le Hamas dans la bande de Gaza avait été ouvert par le parti chiite au Liban-Sud le 8 octobre 2023. Plus de 3 240 personnes ont été tuées selon les autorités libanaises depuis le début des affrontements. La majorité des victimes ont été tuées depuis septembre dernier, quand Israël a lancé sa campagne de bombardements et une offensive terrestre au Liban.
Le chef du CPL possède la rhétorique et le bagou d’un chef d’État, la sagesse et l’intelligence des philosophes. Serieusement? On crois rêver. N'importe quoi.
07 h 46, le 14 novembre 2024