Le Grand Sérail de Beyrouth. Photo Anwar Amro/AFP
Sur le total de l’aide humanitaire promise par la communauté internationale à l’issue de la conférence de soutien au Liban qui s’est tenue à Paris le 24 octobre, 108 millions prévus pour l’aide humanitaire ont été versés à un certain nombre d’ONG au Liban, selon les chiffres annoncés mardi par le gouvernement libanais. D’après notre calcul, cela correspond à environ 13,9 % du total d’environ 775 millions de dollars de promesses d’aides humanitaires pour répondre aux besoins urgents du pays. Deux cent quatre millions de dollars supplémentaires ont également été promis aux forces armées libanaises, alors que l’offensive israélienne contre le Liban s’intensifie depuis le 23 septembre, faisant plus de 3 000 tués et des milliards de dollars de pertes matérielles.
Les chiffres détaillés du près d’un milliard de dollars d’aides humanitaires et militaires ont été annoncés lors d’une réunion mardi matin au Grand Sérail, en présence du coordinateur du comité d’urgence, le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, et du coordonnateur résident et humanitaire des Nations unies au Liban, Imran Riza, ainsi que de représentants des ministères et organisations internationales concernés.
Selon les informations données par les participants et reprises par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), les 108 millions de dollars ont été versés par les pays donateurs à un certain nombre d’organisations non gouvernementales, alors que la présidence française avait précisé que l’aide passerait par les agences onusiennes et non par les autorités gouvernementales libanaises. Ces dernières sont pointées du doigt par la communauté internationale pour la corruption endémique qui sévit dans le pays et qui a débouché sur une crise sans précédent depuis 2019.
Les responsables libanais et onusien ont en outre déterminé un mécanisme de coordination avec les pays donateurs afin d’assurer l’acheminement de l’aide promise aux différents secteurs humanitaires. Aucune information n’a été publiée par les autorités concernant les détails du processus.
Ce soutien international intervient alors que la guerre en cours a poussé plus de 1,4 million de personnes à quitter leurs domiciles au Liban-Sud, dans la Békaa et dans la banlieue sud de Beyrouth, selon les chiffres des autorités libanaises.
Principaux donateurs dévoilés, l’Arabie absente
L’ANI a publié, avec son compte rendu de la réunion, un tableau de données qui détaille, pour la première fois, les noms des 29 pays et institutions internationales donateurs et leurs contributions totales sur les plans humanitaire et militaire. Parmi les principaux contributeurs figurent les États-Unis, avec 295,2 millions de dollars, les Émirats arabes unis avec 130 millions de dollars, la France avec 108 millions de dollars, l’Allemagne avec 103,68 millions de dollars, l’Union européenne avec 86,4 millions de dollars, le Canada avec 36 millions de dollars et le Qatar avec 15 millions de dollars.
Fait notable, l’Arabie saoudite, traditionnellement l’un des principaux soutiens financiers du Liban, n’apparaît pas sur cette liste. Riyad a toutefois ouvert un pont aérien avec Beyrouth depuis plusieurs semaines, via lequel une vingtaine d’avions ont atterri au Liban avec des aides humanitaires, médicales et alimentaires. Les relations entre Beyrouth et Riyad se sont tendues ces dernières années en raison du soutien du Hezbollah à l’Iran et de ses prises de position hostiles contre le royaume qui appelaient les autorités libanaises à mettre un terme à cela, alors que le parti chiite, poids lourd de la politique libanaise, est représenté au sein du gouvernement et du Parlement.
Suivi de l’aide et transparence
La réunion au Grand Sérail a également porté sur la collaboration entre le comité d’urgence et l’ONU pour développer une plateforme unifiée pour le suivi de la distribution des aides aux déplacés, afin d’en assurer la transparence et garantir un accès complet aux données.
Lundi, à Riyad, lors d’un sommet conjoint entre la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique consacré aux conflits à Gaza et au Liban, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a appelé la communauté internationale à continuer à envoyer des aides humanitaires et expliqué que le Liban est en train d’établir un fonds de financement alimenté par les contributions internationales, sous la supervision d’une administration de l’ONU, et qui sera utilisé pour la reconstruction du pays.