Les dirigeants des pays arabes et musulmans réunis lundi à Riyad ont appelé à interdire les exportations d'armements vers Israël, en réponse aux guerres menées par ce dernier à Gaza et au Liban, tout en accusant l'armée de l'État hébreu de « crime de génocide ».
Dans leur communiqué final, les participants au sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique appellent tous les pays à « interdire l'exportation ou le transfert d'armes et de munitions à Israël ».
Les dirigeants ont aussi appelé Israël à se retirer totalement des territoires arabes qu'il occupe pour parvenir à une paix régionale « globale ». Cette paix « ne peut être obtenue sans mettre un terme à l'occupation israélienne de l'ensemble des territoires occupés » depuis 1967 - quand Israël a commencé à occuper la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le Golan syrien - « et ce conformément aux résolutions de l'ONU et au plan de paix arabe de 2002 », mentionne la déclaration finale. Les dirigeants appellent à l'unité de tous les territoires palestiniens - bande de Gaza et Cisjordanie occupée - au sein d'un Etat palestinien, dont ils réaffirment que la capitale doit être Jérusalem-Est.
Les participants ont en outre « fermement condamné » les actions de l'armée israélienne, qualifiées de « crime de génocide (...) en particulier dans le nord de la bande de Gaza au cours des dernières semaines », dénonçant la torture, les exécutions, les disparitions et le « nettoyage ethnique ». Ils ont exprimé leur « condamnation des attaques continues des autorités israéliennes et de leurs représentants contre l'ONU et son secrétaire général », citant notamment les restrictions imposées aux responsables essayant d'accéder au « territoire de l'Etat de Palestine ».
Avant la diffusion du communiqué final, l'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) rapportait que le brouillon de projet de résolution du sommet attribuait à Israël « la responsabilité de l'échec des négociations pour un cessez-le-feu au Liban et à Gaza ». Ce texte réaffirmait « le soutien à l'armée libanaise en tant que garant de l'unité du pays » et soulignait l'importance de fournir « une aide humanitaire » au Liban. Par ailleurs, toujours selon l'Ani, les États arabes ont également appelé à « l'urgence de l'élection d'un président au Liban, à la formation d'un gouvernement conformément à la Constitution et à la mise en œuvre de l'accord de Taëf ».
Mikati et les « affaires internes » du Liban
Lors de sa prise de parole au sommet, le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a appelé les pays de la région et du monde à respecter la spécificité du Liban et « à s'abstenir de s'ingérer dans ses affaires internes » en soutenant un groupe spécifique, ajoutant qu'ils devraient plutôt soutenir le Liban en tant qu'État et entité. Il a également fait appel aux pays arabes, islamiques et à la communauté internationale pour qu'ils soutiennent un cessez-le-feu immédiat entre le Hezbollah et Israël.
« Le Liban traverse une crise historique et fatidique sans précédent qui menace son présent et son avenir, car il souffre d'une agression israélienne flagrante qui viole les règles les plus élémentaires du droit international humanitaire et des Conventions de Genève, qui sont conçues pour protéger les civils dans les conflits armés », a déclaré M. Mikati. Plus de 3 150 personnes ont été tuées au Liban au cours du conflit qui dure depuis un an entre le Hezbollah et Israël.
M. Mikati a par ailleurs déclaré qu'Israël ne pouvait pas continuer « son agression persistante contre le Liban et son peuple ainsi que la violation de sa souveraineté. » Le chef du gouvernement sortant a en outre estimé que ce déplacement constituait un nouveau fardeau à la situation intérieure du Liban, « déjà accablé par des crises successives. » Il a par ailleurs révélé que le Liban a conçu un programme de soutien pour l'accueil des déplacés afin de préparer, une fois un cessez-le-feu en place, le retour de ces personnes dans leurs villages
Il a ensuite appelé la communauté internationale à continuer à envoyer des aides humanitaires et expliqué que le Liban est en train d'établir un fonds de financement alimentée par les contributions internationales, sous la supervision d'une administration de l'ONU, et qui sera utilisé pour la reconstruction du pays.
« Soutenir le Liban en tant qu'État »
Dans une allusion au soutien iranien au Hezbollah, Nagib Mikati a appelé les pays de la région et du monde à respecter la spécificité du Liban et à s'abstenir de s'ingérer dans ses affaires internes en soutenant un groupe spécifique, ajoutant qu'ils devraient plutôt soutenir le Liban en tant qu'État et entité.
En outre, il a affirmé « l'engagement ferme et inébranlable du gouvernement libanais envers la résolution 1701 de l'ONU. » En marge du sommet, M. Mikati s'est entretenu avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane.
« Sapent tous les efforts »
Ce dernier, lors de son discours d'ouverture du sommet a déclaré que « les crimes israéliens en cours contre des civils innocents et la violation continue de notre lieu saint, la mosquée al-Aqsa, sapent tous les efforts visant à restaurer les droits légitimes du peuple palestinien ».
« Nous exigeons l'arrêt immédiat de l'agression israélienne contre les territoires palestiniens et le Liban », a ajouté l’héritier du trône saoudien, en condamnant également le refus d'Israël de permettre à l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) de fournir de l'aide à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Avant le sommet arabo-islamique, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a souligné « la nécessité d'un cessez-le-feu au Liban conformément à la résolution 1701 de l'ONU ». Le roi de Jordanie, Abdallah II, a, quant à lui, insisté sur l'urgence de « mettre fin aux guerres israéliennes immédiatement pour éviter la destruction et empêcher la région de sombrer dans une guerre totale ».
Ahmad Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe et ancien ministre des Affaires étrangères de l'Égypte, a également estimé que « l'extension du conflit de Gaza au Liban mettait en péril l'avenir de la région », soulignant que « l’absence de respect du droit international a encouragé la direction israélienne à mettre en œuvre des projets fous et irréalistes ».
Dans son discours, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, lui, insisté sur le fait que « la bande de Gaza doit être sous la juridiction de l'État de Palestine et de l'Organisation de libération de la Palestine ». Il a également souligné la nécessité de « mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies visant à arrêter la guerre et au retrait d’Israël de Gaza ».
« Nous ne traitons pas avec un État au sens juridique, mais avec une entité coloniale en dehors de la loi. C'est là l'essence même de notre réunion aujourd'hui, que j'espère fructueuse », a déclaré le président syrien Bachar el-Assad. Affirmant que les pays participant au sommet « sont d'accord sur les principes proposés concernant les violations israéliennes », il a souligné que l'essentiel était « de les traduire en actions concrètes ».
« Apaiser les tensions »
Lors d'une conférence de presse en clôture du sommet, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan, a indiqué que « le sommet vise à apaiser les tensions dans la région », appelant à « lever les restrictions sur l'acheminement de l'aide à Gaza ». « La création d'un État palestinien est la solution au conflit au Moyen-Orient, et l'urgence actuelle est d'arrêter la guerre et de mettre fin à la souffrance des Palestiniens », a-t-il également dit.
« Il ne faut pas permettre à la communauté internationale de fermer les yeux sur les crimes israéliens », a martelé le ministre. « Le monde arabe et islamique est en colère face à ce qui se passe à Gaza, et une position arabe et islamique unifiée aura un impact pour parvenir à une solution », a-t-il assuré.
Nous savons tous depuis longtemps a quoi s'attendre des sommets Arabes et Islamiques : le grand Neant.
20 h 38, le 12 novembre 2024