L’image fait polémique : casque vissé sur la tête, gilet pare-balles, lunettes noires, regard tourné vers l’horizon, il trône sur un fauteuil placé au-dessus des débris d’une maison, devant un appartement détruit. Cet homme qui surplombe un champ de ruines n’est autre que Danny Kushmaro, célèbre journaliste et présentateur de télévision pour la Chaîne 12 israélienne, la plus populaire des chaînes d’information en Israël, rapporte le Haaretz.
Cette mise en scène fait partie d’un reportage de 26 minutes, diffusé durant le week-end et mené par le journaliste aux côtés de l’armée israélienne au Liban-Sud, notamment dans le village de Aïta el-Chaab. « Cet endroit ressemblait à un village pastoral il y a deux ou trois semaines, et maintenant c’est la destruction totale », commence par rapporter Danny Kushmaro, avant de participer directement à l’action...
« Juste avant de partir, il reste une dernière mission », dit un soldat à l’envoyé spécial, avant de pointer du doigt une maison d’où partiraient selon lui des tirs (inaudibles dans la vidéo), puis de lui tendre un détonateur. Et le fantassin de lancer le compte à rebours : « Quatre, trois, deux, un, détone ! » Le journaliste s’exécute et lâche face aux volutes de fumée : « Une maison avec un stock d’armes, surplombant Israël, a été détruite, éliminant une menace pour l’État d’Israël. » La vidéo se concluant par le regard souriant du journaliste à la caméra, lançant fièrement en anglais, le doigt levé : « Don’t mess with the Jews » (« Ne vous frottez pas aux Juifs »).
« Honte »
Si depuis le début de la guerre à Gaza et au Liban, les images de plasticage d’habitations civiles, voire de villages entiers, par l’armée israélienne fleurissent sur les réseaux sociaux, le fait que l’homme qui se filme en train de se réjouir en commettant ce type d’acte soit cette fois « le journaliste de télévision le plus reconnaissable en Israël », selon le Haaretz, a indigné de nombreux confrères. Une « honte », a par exemple réagit Cyril Payen, grand reporter à France 24, dans un post sur X. « Il n’y a plus d’éthique, plus de garde-fous », poursuit-il.
Etan Nechin, correspondant du Haaretz à New York, s’est aussi dit révolté de cette séquence, soulignant le contrepoids avec les journalistes palestiniens visés par l’armée israélienne « sur des accusations ténues », ou les journalistes libanais « tués dans leur sommeil », en référence aux trois journalistes tués dans leur hôtel pendant la nuit à Hasbaya le 25 octobre. Au total, douze membres de la presse ont déjà été tués au Liban par l’armée israélienne depuis le 8 octobre 2023, comme plus d’une centaine de leurs confères à Gaza.
Ofer Cassif, député du parti Hadash, se définissant comme une formation de gauche non sioniste juive et arabe, a souligné l’ironie de voir un journaliste israélien expérimenté faire exploser de ses mains une maison au Liban, « avant de retourner à son studio rendre compte des terroristes du Hamas déguisés en journalistes ». Le 23 octobre, Israël a accusé six journalistes de la chaîne qatarie al-Jazeera de faire partie du mouvement islamiste palestinien Hamas et du Jihad islamique, classés terroristes dans le pays.
Lundi 14 octobre, une tournée médiatique au Liban-Sud, organisée par l’armée israélienne alors qu’elle avait entamé deux semaines plus tôt son offensive terrestre, avait déjà fait polémique. Alors que les autorités israéliennes empêchent depuis plus d’un an l’accès à la bande de Gaza aux journalistes étrangers (sauf sous son étroite surveillance), elles avaient convié plusieurs médias occidentaux (dont la BBC, Reuters et le New York Times...) à accompagner ses soldats dans des villages libanais. Le Hezbollah avait alors vertement critiqué dans deux communiqués ce qu’il percevait comme une « violation (…) de la souveraineté et des lois libanaises » et exigé des autorités libanaises qu’elles sanctionnent les médias impliqués.
Le Hezbollah avait alors vertement critiqué dans deux communiqués ce qu’il percevait comme une « violation (…) de la souveraineté et des lois libanaises » et exigé des autorités libanaises qu’elles sanctionnent les médias impliqués. Laissez nous rire,. Le HB parle de la souveraineté du Liban et du respect de ses lois, après avoir pris le soin de massacrer la première et de piétiner les deuxièmes forts de ses armes offertes par un pays étranger pour anéantir son propre pays? Ils n’a qu’à donner le bon exemple en respectant la constitution, en permettant aux libanais de choisir leur président
09 h 55, le 29 octobre 2024