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Politique - Témoignages

« Les gens ont commencé à courir, à crier » : les habitants de la banlieue sud de Beyrouth racontent leur terreur après la frappe israélienne

Cette frappe a fait au moins 12 morts et 66 blessés, selon un bilan encore provisoire du ministère de la Santé.

« Les gens ont commencé à courir, à crier » : les habitants de la banlieue sud de Beyrouth racontent leur terreur après la frappe israélienne

Accès fermé à une rue dans la banlieue sud de Beyrouth après une frappe ciblée israélienne, le 20 septembre 2024. Photo João Sousa

« En conduisant après un rendez-vous chez le médecin, j'ai entendu trois fortes explosions et ressenti une sorte de pression, caractéristique d'une frappe aérienne. Vous saurez malheureusement de quoi je parle si vous vous êtes déjà trouvé à proximité d'un lieu bombardé », nous a raconté notre journaliste Ghadir Hamadi, présente ce vendredi après-midi dans la banlieue sud de Beyrouth, à proximité de la rue visée par une frappe israélienne, où deux bâtiments se sont ensuite effondrés. De la confusion à la panique extrême, elle, ainsi que d'autres habitants du quartier de Haret Hreik, nous racontent les minutes qui ont suivi les trois détonations.

Cette frappe, revendiquée par Israël, visait Ibrahim Akil, responsable des opérations du Hezbollah. Selon un porte-parole de l'armée israélienne, elle a également coûté la vie à 10 commandants du parti.

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« Les gens ont soudain commencé à se précipiter, à courir et à crier. Des hommes, que je suppose être des membres du Hezbollah, ont surgi de nulle part et ont exhorté les gens à se dépêcher de rentrer chez eux. Ils ont frappé sur les voitures et leur ont demandé d'ouvrir les routes pour laisser passer les ambulances et les voitures de la Défense civile, qui sont apparues quasiment instantanément », poursuit-elle. « “Pour votre sécurité, rentrez chez vous”, a crié un homme dans la rue. J'ai eu l'impression de vivre une expérience hors de mon corps. Je n'ai jamais été aussi proche physiquement d'une telle chose. Au moment où je vous raconte cela, je n'arrive toujours pas à comprendre ce dont je viens d'être témoin », conclut notre journaliste.

Valises et enfants en pleurs

« Je quitte la banlieue sud avec mon chat jusqu'à nouvel ordre », a de son côté lâché Ranime Sabbah, neuf ans, en serrant un chaton dans ses bras alors qu'elle quittait son immeuble. Dans la rue, quasiment désertée par les véhicules et où résonnent des sirènes d'ambulance, quelques personnes quittent leur immeuble, valises à la main. Parmi les personnes évacuant le quartier, l'on peut voir des enfants en pleurs, hystériques.

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Contactée par téléphone, Sara Farhat soupire : « J'ai entendu le bruit des avions, un bruit énorme qui a déchiré le ciel. J'ai aussi entendu un son très profond, mais j'ai d'abord cru à autre chose qu'une frappe, tellement c'était lourd. » « J'ai ensuite entendu des hurlements, des sirènes d’ambulance. Mon téléphone a sonné plusieurs fois et j'ai compris que quelque chose se passait », continue-t-elle. « On n'absorbe plus les chocs émotionnels qu'on subit, mais la colère s'accumule en nous. S'ils croient (Israël) qu'ils vont nous faire taire ainsi, ils se trompent. Ils ne font qu'aggraver notre colère », conclut Sara Farhat.

« Il m'a dit de courir »

Hanane Achkar, 12 ans, était en train d'acheter « un cahier à la librairie de l'autre côté de la rue Jamous » près de la mosquée al-Qaëm, lieu de la frappe, lorsque la frappe aérienne a secoué la librairie. Elle avait un examen de mathématiques le lendemain. « Le propriétaire du magasin m'a dit de courir chez moi, ce que j'ai fait. J'espère que l'examen sera annulé demain car je n'ai pas le courage de le passer. Je pense que j'ai oublié tout ce que j'ai appris », confie-t-elle à notre journaliste sur place.

« J'ai échappé à la mort. La frappe a visé la même rue que j'avais empruntée il y a moins de cinq minutes pour me rendre chez moi pour prier », nous affirme de son côté Issam Ayoub, qui tient une pâtisserie.

Devant la porte de l'hôpital Sainte-Thérèse à Hadath, également dans la banlieue-sud de Beyrouth, Fatima Bangura, 24 ans, employée de maison originaire d'Éthiopie, a les mains enveloppées dans des bandages. Elle confie à notre journaliste sur place, Sally Abou AlJoud, qu'elle était seule chez elle lorsqu'elle a entendu « trois explosions ». Le bâtiment à côté du sien s'est complètement effondré, et elle a dû se frayer un chemin à travers les décombres à l'extérieur. Elle se trouvait au troisième étage.

Un père, blessé et avec du sang sur les vêtements, affirme à L'OLJ qu'il se trouvait dans l'immeuble au moment de la frappe et a miraculeusement survécu. Il est à la recherche de son fils de 4 ans, porté disparu. Les larmes aux yeux, il coupe court à l'interview et se précipite vers un autre hôpital pour tenter de le retrouver.

La frappe aérienne, revendiquée par Israël, a eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth peu avant 16h. Elle a ciblé un bâtiment qui se trouve juste à côté de la mosquée al-Qaëm. Elle a fait au moins 14 morts et 66 blessés, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé vendredi soir, et fait suite à deux salves d'explosions simultanées visant les moyens de communication du Hezbollah, imputées à Israël, mardi et mercredi, à travers le Liban.

« En conduisant après un rendez-vous chez le médecin, j'ai entendu trois fortes explosions et ressenti une sorte de pression, caractéristique d'une frappe aérienne. Vous saurez malheureusement de quoi je parle si vous vous êtes déjà trouvé à proximité d'un lieu bombardé », nous a raconté notre journaliste Ghadir Hamadi, présente ce vendredi après-midi dans la banlieue sud de...
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