La frappe israélienne
L'armée israélienne a revendiqué, vendredi vers 16h, une « frappe ciblée » sur Beyrouth. La frappe a eu lieu près de la mosquée al-Qaëm, dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. L'attaque, qui a consisté en quatre missiles tirés par des avions de l'armée de l'air israélienne notamment au niveau du parking du bâtiment visé, haut de dix étages, a provoqué l'effondrement de l'immeuble jusqu'au deuxième sous-sol, selon une source sécuritaire libanaise citée par al-Jazeera.
Les membres du Hezbollah assassinés
Vendredi dans la nuit, le Hezbollah a annoncé qu'Israël avait tué deux de ses commandants, confirmant la mort d'Ibrahim Akil, quelques heures après une annonce de l'État hébreu. Selon sa biographie diffusée par le Hezbollah, Ibrahim Akil, né en 1962, « a supervisé la fondation, le développement et le commandement de l'unité al-Radwan jusqu'à son martyre ». Akil dernier était recherché par les États-Unis pour son implication dans les attentats à la bombe contre l'ambassade américaine à Beyrouth en avril 1983.
Le parti a également annoncé le décès d'un autre commandant, Ahmad Mahmoud Wehbé, connu sous le nom de « Hajj Abou Hussein Samir » et né en 1964. D'après la biographie diffusée par le parti, il « a dirigé les opérations militaires d'al-Radwan sur le front de soutien libanais depuis le début de la bataille du Déluge d'al-Aqsa jusqu'au début de l'année 2024, reprenant ensuite la responsabilité de l'unité de formation centrale après la mort de Wissam Tawil ». Quatorze combattants ont également été tués, a précisé le Hezbollah.
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Une source proche du Hezbollah a indiqué plus tôt qu'Akil avait été tué « lors d'une réunion avec des commandants ».
Pour rappel, il s'agit de la troisième frappe de ce type sur la banlieue sud de Beyrouth depuis le début de la guerre à Gaza et l'ouverture du front par le Hezbollah contre Israël en soutien à son allié, le Hamas. La première, le 2 janvier, a tué Saleh el-Arouri, le numéro deux du bureau politique du Hamas, ainsi que six autres personnes. La deuxième, le 30 juillet, a coûté la vie au commandant militaire de haut rang du Hezbollah, Fouad Chokor, ainsi qu'à deux enfants et trois femmes. Selon la chercheuse Randa Slim, du cercle de réflexion Middle East Institute à Washington, Ibrahim Akil avait remplacé Fouad Chokor.
Le bilan total des victimes
Le ministère libanais sortant de la Santé a annoncé samedi qu'au moins 37 personnes, dont trois enfants, sept femmes et trois Syriens, ont été tuées dans la frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth vendredi. Dans une conférence de presse, le ministre sortant de la Santé Firas Abiad a également indiqué que 68 personnes ont été blessées, dont deux grièvement. Cinquante-trois des soixante-huit blessés sont sortis des hôpitaux.
Selon lui, deux personnes ont succombé à leurs blessures causées par les explosions d'appareils de communication du Hezbollah mercredi. Cela porte à 76 le nombre de victimes dans les explosions de bipeurs du Hezbollah mardi, les explosions de talkies-walkies du parti mercredi et la frappe israélienne de vendredi sur la banlieue sud de Beyrouth.
Le contexte
-Cette frappe intervient alors que le Hezbollah a été visé, mardi et mercredi, par une opération massive de piratage de ses appareils de communication. Mardi, ce sont des centaines de bipeurs appartenant à des membres du parti qui avaient explosé. Mercredi, il s'agit de talkies-walkies. Des opérations, attribuées par le Hezbollah à Israël qui ton fait 39 morts et près de 3000 blessés. La neutralisation des systèmes de communication du Hezbollah pourrait expliquer, s'il était confirmé qu'une dizaine de commandants du Hezbollah ont été effectivement tués par la frappe de vendredi, pourquoi autant de figures importantes du parti étaient rassemblées en un même lieu.
-Jeudi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prévenu qu'il ne « fait aucun doute qu’un châtiment sévère suivra l’agression, là où les Israéliens s’y attendent et là où ils ne s’y attendent pas ».
-Vendredi, les bombardements de part et d'autre de la frontière israélienne se sont poursuivis avec intensité. L'armée israélienne a indiqué que quelque 200 roquettes ont été tirées vendredi vers Israël depuis le Liban. Le Liban-Sud avait été très lourdement bombardé par l'armée israélienne dans la nuit de jeudi à vendredi. Après le raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah a affirmé avoir tiré des salves de roquettes Katioucha sur « le principal quartier général des renseignements dans la région nord (d'Israël), responsable des assassinats », ajoutant qu'il s'agissait d'une « réponse aux attaques de l'ennemi israélien » sur le sud du Liban.
Les déclarations israéliennes
« Nos ennemis n'ont aucun lieu où se réfugier, pas même la banlieue (sud de) Beyrouth », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
« Nous n'agissons pas en vue (de provoquer) une large escalade dans la région. Nous agissons conformément aux objectifs définis (de la guerre) et nous continuerons à le faire », a déclaré le porte-parole l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d'un point de presse.
Les réactions
-« Le ciblage d'une zone résidentielle peuplée prouve une fois de plus que l'ennemi israélien ne tient compte d'aucune considération humanitaire », a dénoncé le Premier ministre libanais, Najib Mikati.
-« Très inquiète », l'ONU a appelé vendredi à la « désescalade » et à la « retenue maximale ».
-Le Hamas a condamné une « agression violente et terroriste » et l'Iran une « violation flagrante (...) de l'intégrité territoriale » du Liban, alors que l'armée israélienne a assuré ne pas rechercher « une large escalade » dans la région.
-« La frappe aérienne brutale et vicieuse du régime sioniste sur Beyrouth (...) constitue une violation flagrante du droit international, ainsi qu'une violation de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la sécurité nationale du Liban », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué. « Il ne fait aucun doute que le régime sioniste cherche à intensifier les tensions et à élargir la géographie de la guerre et du conflit dans la région », a-t-il poursuivi, ajoutant qu' »une politique aussi vicieuse constitue une menace claire et maximale pour la paix et la sécurité internationales ».
Que le HZ arrête d’utiliser les civils comme des boucliers humains
17 h 00, le 21 septembre 2024