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Au fil de nos 100 ans - LOrientLeSiecle

1969, quand les ordinateurs prenaient le pouvoir

Le 8 décembre 1969, « Le Jour » lance une série d’articles, sur une page entière chacun, intitulée : « Les ordinateurs au pouvoir ». Elle est rédigée par Naoum Farah et Sami Nseiri. « L’ordinateur grignote, implacablement, tous les domaines jusque-là réservés à l’homme » présageait-on dans le premier épisode. Lus aujourd’hui, à l’ère de l’intelligence artificielle, les mots prennent une résonance particulière. Extraits.

1969, quand les ordinateurs prenaient le pouvoir

Photo publiée dans Le Jour du 12 décembre 1969.

L’imagination n’a pas besoin de prendre le pouvoir. Elle y est déjà. Tout ce que l’imagination humaine a pu créer, depuis l’homme des cavernes aux premiers marcheurs sur la Lune, est en voie de réalisation. Et, comble d’ironie, ce bipède intelligent n’arrive souvent pas à suivre le développement vertigineux qu’il a lui-même provoqué.

L’homme a inventé la machine, et elle risque de lui échapper. L’ordinateur grignote, implacablement, tous les domaines jusque-là réservés à l’homme. Il y a quelques années, on croyait limiter l’utilisation de ces êtres humanoïdes aux seuls terrains du stockage de l’information, du calcul, et à la rigueur de la prévision. Mais voilà que ces nouvelles créatures s’emparent de ce que l’on considérait comme le droit inaliénable et la propriété insaisissable des fils d’Adam : la décision. (…)

De telles crises, fréquentes dans l’histoire, sont la rançon des progrès scientifiques. La découverte du feu, l’invention de l’imprimerie, le système copernicien, la théorie de la relativité, pour ne citer que les plus marquants, constituent autant de jalons pénibles dans la marche heurtée des civilisations. Mais plus que toutes ces inventions, l’ordinateur modifie notre mode de vie. Il opère une véritable mutation de notre façon d’appréhender le monde. Les morales, les religions, l’économie, la guerre… se trouvent inexorablement métamorphosées. Ces transformations jaillissent encore isolément. Bientôt, elles se généraliseront. Point d’autre choix : ou bien on prend le train, déjà en marche, ou bien on reste sur le quai du sous-développement économique, social et surtout intellectuel.

Cet acte de foi dans l’intelligence humaine et dans le progrès technique n’est pas synonyme de scientisme outrancier et naïf. L’avènement de l’ordinateur, ce « deus ex machina », ne sera pas le remède universel à tous nos maux. C’est ce qui sauve et tranquillise l’homme. Malgré la puissance diabolique de cette machine, malgré son utilisation de plus en plus systématique, l’homme reste le maître incontesté. (…)

La révolution informatique dépasse de loin sa vieille aînée, la révolution industrielle, à tel point que le calendrier s’est mis à l’ère informatique. La première décennie est déjà close.


L’imagination n’a pas besoin de prendre le pouvoir. Elle y est déjà. Tout ce que l’imagination humaine a pu créer, depuis l’homme des cavernes aux premiers marcheurs sur la Lune, est en voie de réalisation. Et, comble d’ironie, ce bipède intelligent n’arrive souvent pas à suivre le développement vertigineux qu’il a lui-même provoqué.L’homme a inventé la machine, et elle...
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