Jean-Yves Le Drian et Nizar Alaoula se sont entretenus jeudi à Riyad. C’est ainsi que, depuis la capitale saoudienne, l’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban et le conseiller de la cour royale chargé du dossier libanais ont donné les signes d’un nouveau round de tractations afin de débloquer la présidentielle. Une échéance dont le Quintette impliqué dans ce dossier (États-Unis, France, Arabie Saoudite, Égypte, Qatar) presse pour la tenue en cette période de calme relatif instauré au Liban-Sud depuis la riposte du Hezbollah, le 25 août dernier, à l’assassinat par Israël de son chef militaire, Fouad Chokor.
Mais les Cinq ne se font pas d’illusions. Ils sont conscients qu'ils auront du mal à réaliser une percée sans une entente interlibanaise. Car, d'une part, le président de la Chambre Nabih Berry (et le Hezbollah derrière lui) ne semble pas prêt à renoncer à la tenue d'un dialogue en amont pour convoquer une séance électorale ouverte. D'autre part, l'opposition se montre intraitable et continue de refuser cette condition, qu'elle estime « contraire à la Constitution ». Le nouveau round de contacts du Quintette viserait donc à faire assouplir cette position, parallèlement à une relance de l’initiative du bloc de la Modération nationale (députés majoritairement sunnites ex-haririens) pour rapprocher les points de vue.
Quatre mois après son dernier séjour à Beyrouth, Jean-Yves Le Drian a donc relancé son action afin de permettre la tenue de la présidentielle en collaboration avec Riyad. Selon les informations de L’Orient-Le Jour, ce sont en effet les Français qui ont demandé la tenue de la réunion dans la capitale saoudienne (en présence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth Walid Boukhari) pour tenter de faire progresser les choses dans un avenir proche. Grosso modo, le débat a porté sur la nécessité d’essayer de convaincre l’opposition, à commencer par les Forces libanaises, alliées de Riyad, de faire preuve de flexibilité au sujet du chemin à suivre pour engager les discussions entre les protagonistes libanais dans la perspective de l’élection. Toujours selon nos informations, la réponse saoudienne à la demande française était, en substance, la suivante : Riyad ne prend aucune position quant à la forme du débat interlibanais (dialogue, consultations ou concertations…). Ce qui lui importe le plus, c’est que les acteurs locaux s’entendent sur un candidat qui ferait l’objet d’une entente, comme l’avait préconisé le Quintette dans son fameux communiqué publié le 16 mai dernier.
Mais contrairement à ce qu’espérait la France, les éventuels efforts de Riyad avec Meerab risquent de ne pas porter leurs fruits. Car jeudi soir, le leader des FL, Samir Geagea, a réitéré son veto au dialogue tel que voulu par le chef du législatif. « Ils (le tandem Hezbollah-Nabih Berry) n’en finissent pas de nous sortir de nouvelles idées. Qu’ils dialoguent autant qu’ils veulent », a-t-il lancé dans une interview radiodiffusée sur les ondes d’al-Arabiya FM (affiliée à la chaîne saoudienne al-Arabiya), voyant dans le dialogue « une démarche anticonstitutionnelle ».
En dépit de cette position stricte de M. Geagea, qui se fait l’écho de l’opposition dans son ensemble et dont il se veut le leader, le groupe des Cinq ne semble pas baisser les bras. « À partir de la seconde quinzaine de septembre, il faut s’attendre à une relance de l’action du Quintette », confie une source diplomatique. L’OLJ a également appris que les ambassadeurs à Beyrouth du Quintette se réuniront le 14 septembre au domicile de leur homologue saoudien à Yarzé. Une information que la source diplomatique citée plus haut préfère ne pas confirmer, pour le moment. Elle souligne, en revanche, que le retour de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth sera décidé à l’issue du nouveau round de contacts des cinq ambassadeurs, sachant qu’une source diplomatique avait indiqué il y a près d’une dizaine de jours à notre journal que l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron est attendu au Liban entre septembre et octobre.
La « Modération nationale » prépare son retour
Ce délai, c’est principalement le bloc de la Modération nationale qui devrait le mettre à profit pour préparer son retour sur la scène présidentielle. Pour rappel, ces élus avaient proposé, en février dernier, une initiative à même de paver la voie à l’élection d’un président de la République. Dans ses grandes lignes, cette proposition est axée sur des concertations parlementaires informelles suivies d’une séance électorale ouverte avec des tours de vote successifs jusqu’à ce qu’un chef de l’État soit élu. « Nous discutons actuellement des moyens de redynamiser cette proposition avec le soutien du Quintette », lance Sajih Attié, membre du groupe de la Modération, faisant savoir que les discussions portent actuellement sur la nécessité d’arrondir les angles afin de permettre aux protagonistes de prendre part à des concertations dans la perspective de l'élection.
Dans cette tâche, la Modération nationale sera peut-être rejointe par les quatre députés ex-Courant patriotique libre, Élias Bou Saab, Alain Aoun, Simon Abi Ramia et Ibrahim Kanaan, qui tentent de se trouver une place médiane entre le Hezbollah et l’opposition. C’est au moins ce qui ressort des propos tenus par M. Bou Saab à l’issue de l’entretien des quatre détracteurs de Gebran Bassil, avec le patriarche maronite, Béchara Raï, jeudi, à Dimane. « Nous voulons ouvrir les canaux avec tout le monde, et discuter de tous les noms de présidentiables, dont certains ont été évoqués dans la fameuse « liste de Bkerké » (qui avait fuité dans les médias en mars 2023) », a dit le vice-président de la Chambre à la chaîne locale MTV dans une allusion à peine voilée à Ibrahim Kanaan, qui faisait partie des favoris (présumés) de Bkerké. D’ailleurs, une source proche des quatre députés a confié à L’OLJ que les efforts de M. Kanaan en direction de Bkerké auraient suscité la colère de Gebran Bassil. Ce serait d'ailleurs une des raisons qui auraient poussé le député du Metn à claquer la porte du parti.
Il faut que le quintette mette ses culottes et dénonce les approches anticonstitutionnelles Est ce qu’un pays de ce quintette accepte la violation de leur constitution surtout les pays occidentaux L’exemple récent l’élection de président de la chambre en France et le congress aux états
15 h 26, le 07 septembre 2024