Israël n'a laissé aucun répit à ses ennemis au Liban, ce mercredi. Après une nuit particulièrement violente, au cours de laquelle des frappes sur la région de Baalbeck ont fait au moins un mort et une vingtaine de blessés, les frappes se sont succédé dans la journée au Sud, faisant au moins trois morts : un membre du Fateh, éliminé à Saïda, un combattant du Hezbollah, ciblé à Beit Lif, et un civil syrien, tué dans une frappe d'artillerie.
Cette suite d'attaques a entraîné des ripostes violentes du Hezbollah sur plusieurs bases situées à plus de quinze kilomètres de la ligne bleue. La série noire des dernières 24h a commencé avec quatre frappes israéliennes lancées vers minuit dans la Békaa : deux dans la zone de Nabi Chit, une sur la localité voisine de Saraïne, au sud-ouest de Baalbeck, et une quatrième sur Boday, plus à l'ouest. Selon le ministère de la Santé, ces frappes ont tué une personne, un habitant de Nabi Chit identifié jusqu'à présent comme un civil et appelé Ali Moussaoui. Sur les 30 blessés, l'un d'eux se trouve dans un état grave et a dû être opéré. Parmi les blessés, l'on dénombre également huit enfants et une femme enceinte. Des appels à donner du sang pour les victimes ont été lancés par l'hôpital local de Deir el-Amal.
Dans un message sur X, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a indiqué que l'aviation a frappé dans la nuit « des dépôts d'armes et de munitions du Hezbollah dans la Békaa. Immédiatement après ces raids, des explosions secondaires ont été observées, ce qui indique la présence de matériel de combat dans les entrepôts ciblés ». Adraee a également indiqué avoir bombardé « un complexe utilisé par le système de défense aérienne » du parti chiite. « Le Hezbollah déploie ses équipements de combat au cœur de zones résidentielles civiles », a accusé le porte-parole.
En riposte à ces frappes, le parti a lancé deux attaques d'importance, sur la base militaire de Tsnobar, dans le Golan syrien occupé, et sur celle d’Ami’ad, située à une vingtaine de kilomètres de la ligne bleue, au nord du lac de Tibériade. La frappe dans le Golan a fait un blessé, dans une localité proche de l'infrastructure militaire visée. En tout, le parti chiite a revendiqué pas moins de 12 opérations mercredi. Il dit notamment avoir pris pour cible, avec des missiles Katioucha, les positions de Ramot Naftali, Ramim, Misgav Am et Ya’ara (visée pour la première fois).
Netanyahu : Israël est prêt
En parallèle, et dans une opération inédite, Israël a éliminé à Saïda Khalil Maqdah, un responsable de la branche militaire du Fateh, les Brigades des martyrs d'al-Aqsa. Son frère Mounir est l'un des responsables palestiniens du Fateh au Liban. Il a été accusé à plusieurs reprises par l'État hébreu de faire passer des armes aux Brigades des martyrs d'al-Aqsa en Cisjordanie occupée.
L'armée israélienne a également mené une série de raids meurtriers sur des villages du Liban-Sud, dont une frappe de drone ciblée sur une voiture à Beit Lif, dans le caza de Marjeyoun, tuant un combattant du Hezbollah, Hussein Moustapha, né en 1975 et tué à Beit Lif. Dans la nuit de mardi à mercredi, le Hezbollah avait déjà annoncé la mort de quatre de ses combattants dans des frappes sur le village de Dhaïra. Des tirs d'artillerie sur un campement proche de Wazzani ont, eux, tué un migrant syrien.
Dans ce contexte, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré, lors d'une visite à la base aérienne de Ramat David, que « l'armée de l'air est notre main de fer, affirmant qu'Israël était prêt à faire face à n'importe quel scénario, qu'il soit défensif ou offensif ». Cette base, décrite comme la plus importante au nord de l'État hébreu, a été photographiée il y a quelques semaines par un drone du Hezbollah. Le nom de ses commandants ont également été révélés par le parti. M. Netanyahu a rencontré des officiers supérieurs de l'armée et a reçu une évaluation du secteur nord d'Israël et de l'état de préparation au combat de la base, y compris un examen des hélicoptères de combat et des avions de chasse, selon le Haaretz.De son côté, le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a dénoncé les opérations menées par le Hezbollah qui, « encore une fois, tire arbitrairement sur les civils israéliens ». « Comme tout État qui protège ses citoyens, nous allons agir en conséquence », a-t-il mis en garde.
Le Liban veut un rapport sur Majdel Chams
De son côté, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a reçu mercredi le chef de l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), le général de division Patrick Gauchat, et l'a exhorté à publier un rapport sur le bombardement de la localité de Majdel Chams sur le plateau du Golan annexé par Israël, qui a tué 12 enfants le 27 juillet dernier. M. Bou Habib a demandé à l'ONU de publier ce rapport pour « dégager la vérité et retirer le prétexte du droit à l'autodéfense sur lequel Israël s'est appuyé pour lancer son attaque sur la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet 2024 ». Israël a attribué la frappe sur le Golan au Hezbollah, qui a démenti.
Depuis le 8 octobre 2023, le bilan des affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne s'élève à 584 morts, parmi lesquels, notamment, 422 combattants du Hezbollah, 34 des factions palestiniennes au Liban, et 108 civils.
Les memes articles chaque jour
00 h 30, le 22 août 2024