Dans la foulée de la frappe israélienne qui a tué Fouad Chokor, commandant haut gradé du Hezbollah, dans la banlieue-sud de Beyrouth le 30 juillet, et de l'assassinat du chef du Hamas Ismaïl Haniyé en Iran, les primes d'assurance contre les risques de guerre et de violence politique ont considérablement augmenté. Une situation due au fait que ces attaques ont laissé toute la région dans l'expectative, craignant que la situation ne dégénère en une véritable guerre entre « l'axe de la résistance » et Israël.
« Il est impossible de chiffrer cette augmentation, car les prix des couvertures des risques de guerre et de violence politique changent tous les jours », précise Assaad Mirza, président de l'Association des compagnies d'assurance du Liban (ACAL). Roger Zaccar, directeur général de Commercial Insurance, dont les primes sont en partie vendues à travers l’application mobile Comin, estime lui que ces primes pourraient avoir augmenté d'au moins trois fois en raison des incertitudes persistantes dans le pays.
L'augmentation de ces tarifs, associée à la réticence de certaines compagnies d'assurance à fournir ce type de couverture au Liban, à son tour, a un impact significatif sur les activités de transport maritime international et le trafic aérien.
« La plupart des compagnies aériennes annulent leurs vols vers le Liban en raison de la pression accrue exercée par leurs assureurs, qui autrement ne fourniraient pas de couverture en cas de dommages liés à la guerre, ou iraient même jusqu'à annuler leur police d'assurance », souligne Roger Zaccar.
Il devient aussi de plus en plus difficile pour les compagnies aériennes d'obtenir une couverture contre les risques de guerre et contre la violence politique. « Lorsque leur assureur principal est réticent à fournir une telle couverture, les compagnies aériennes doivent se tourner vers d'autres compagnies d'assurance qui finissent par imposer des primes extrêmement élevées », et cette variation est à son tour répercutée sur les clients, qui doivent payer des prix plus élevés que d'habitude pour les vols à destination et en provenance du Liban, explique le responsable.
Ces changements ont eu parallèlement un impact considérable sur le transport de marchandises, les compagnies maritimes ayant du mal à trouver une couverture contre la violence politique ou devant payer des primes de plus en plus élevées pour assurer leurs conteneurs à destination et en provenance du pays, affirment les deux personnes interrogées. « Si l'on ajoute à cela les coûts de transport des conteneurs, devenus très élevés en raison de la guerre qui sévit dans la région, cela se répercute sur le prix des marchandises qui arrivent dans le pays, rendant les denrées et les produits plus chers qu'auparavant », poursuit Assaad Mirza.
Le ministre sortant de l'Économie et du Commerce, Amine Salam, avait ainsi attribué la hausse des prix sur le marché libanais à l'augmentation des primes d'assurance pour la livraison des commandes au Liban, au cours d'une réunion d'urgence avec les représentants de divers syndicats le 31 juillet.
Assad Mirza a aussi souligné que l'un des plus grands assureurs du Liban – sans vouloir le nommer – avait annoncé qu'il ne couvrirait plus les risques de guerre et qu'il ne les inclurait pas dans les contrats des nouvelles polices d'assurance-vie. Selon lui, d'autres compagnies d'assurance à travers le pays sont susceptibles de suivre cet exemple. Les clients qui avaient déjà souscrit à ce type de polices d’assurances, continueront d'être couverts, conclut-il.