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Politique - Partis

Alain Aoun exclu du CPL : Bassil se débarrasse d’un détracteur de plus

L'exclusion du député de Baabda et neveu de Michel Aoun a été officialisée vendredi après des mois de suspense.

Alain Aoun exclu du CPL : Bassil se débarrasse d’un détracteur de plus

Alain Aoun, député de Baabda, lors de la campagne électorale de 2022. Photo tirée de son compte X

C’est officiel. Alain Aoun, député de Baabda, a été radié du Courant patriotique libre, fondé par son oncle, Michel Aoun, ancien président de la République. En soi, la décision officialisée vendredi est loin d’avoir l’effet d’une surprise, le bras de fer entre le député et le chef du CPL, Gebran Bassil, remontant à plusieurs années et leurs désaccords s’étant aggravés ces derniers mois.

La démarche du leader du courant aouniste s'inscrit dans le cadre d'une politique constante visant à consolider son emprise sur la formation en écartant l'une après l'autre les voix discordantes. Une bataille dans le cadre de laquelle le chef chrétien ne parie que sur la confiance aveugle de Michel Aoun, son beau-père, et ne s’interdit rien. Radier Alain Aoun revient donc à se débarrasser d’un détracteur de poids. Sauf qu’une telle décision est sans doute une arme à double tranchant. Si elle constitue un pas en avant vers le « Gebranistan », pour lequel œuvre sans relâche M. Bassil, elle réduit d'autre part l’effectif du bloc parlementaire aouniste et, par ricochet, son influence sur la scène locale, notamment en matière de présidentielle. Le groupe s'en trouve ainsi ramené à 15 députés, l'exclusion de M. Aoun étant survenue après celle du vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, en mars. 

Rappelons d’abord que le fossé entre Gebran Bassil et Alain Aoun ne cessait de se creuser depuis 2015, quand le député de Baabda a dû s'effacer devant Gebran Bassil lors de la bataille pour la présidence du parti, sur les injonctions de Michel Aoun lui-même. 


Pour mémoire

Après Bou Saab, Alain Aoun : la démarche de limogeage mise sur les rails

Mais c’est surtout la présidentielle qui a fait éclater au grand jour les divergences entre les deux hommes, M. Aoun ayant soutenu une candidature de son collègue du Metn Ibrahim Kanaan – qui fait lui aussi partie des frondeurs du CPL – en pleines tractations entre ce courant et l’opposition autour du nom de Jihad Azour, ancien ministre des Finances et actuel haut cadre du Fonds monétaire international. « Alain Aoun n’a pas révélé l’identité du candidat pour lequel il a voté lors de la dernière séance électorale (tenue le 14 juin 2023) », souligne à L’Orient-Le Jour un responsable haut placé du CPL sous couvert d’anonymat. Un point que le communiqué officialisant la mise à l’écart du député évoque pour justifier la décision. « Le chef du CPL a temporisé avant de décider de radier Alain Aoun, dans l’espoir que ce dernier arrête de commettre des infractions, dont son refus d’annoncer sa conformité à la consigne de vote donnée par le CPL lors de la séance parlementaire du 14 juin 2023 », peut-on lire dans le communiqué publié par le département média du CPL. Le texte accuse en outre Alain Aoun de s’absenter des réunions du conseil politique de la formation et d’enfreindre son règlement interne. Selon le texte, le député a « fait tomber à l’eau toutes les tentatives visant à le convaincre de se rétracter, tant de la part du fondateur du parti que de son actuel chef et de plusieurs adhérents au CPL ».

Une ultime tentative de réconciliation

Le communiqué fait référence à une médiation menée notamment par Ibrahim Kanaan pour tenter de rendre à la normale la relation entre les deux hommes, dans la mesure où leur bras de fer est à même de causer une secousse inopportune au courant aouniste. « Sauf que cette médiation n’a pas porté ses fruits parce que Gebran Bassil ne veut rien entendre de la part des députés qui lui sont hostiles », lance à L’Orient-Le Jour une personnalité au courant des efforts du député du Metn. L’OLJ a en outre appris que le chef du CPL s’était réuni, il y a une dizaine de jours, avec M. Aoun dans une ultime tentative d’éviter la radiation. « C’était l’occasion pour les deux hommes de se dire les choses en face une fois pour toutes », révèle une source informée. Le parlementaire de Baabda a donc fait valoir que toutes les accusations contre lui étaient infondées, et ne visaient qu’à camoufler « les erreurs » de M. Bassil, accusé de grimper rapidement les échelons du parti pour des raisons uniquement liées à son lien de parenté avec Michel Aoun (dont il est le gendre). Toujours selon nos informations, les discussions ont également porté sur le fait que le désaccord entre la direction du parti et certains parlementaires réside dans « la confiscation », pour reprendre les termes de l’un d’eux, de la décision au sein du parti. C’est ce qui aurait poussé Alain Aoun à proposer que soit rédigé un document détaillant un mécanisme collectif de prise de décision. « Mais M. Bassil n’a même pas accepté d’en discuter », déplore un des frondeurs, accusant le chef du CPL de « ne pas vouloir de solutions » et de miser sur le feu vert que lui accorde l’ex-chef d’État. 


Pour mémoire

Bou Saab mis à la porte du CPL : Bassil frappe de plus en plus haut

Michel Aoun lui-même a d’ailleurs avalisé la décision d'exclure son neveu, mais aussi le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab. Après un long silence, le parti a en effet confirmé vendredi aussi la mise à la porte du numéro deux du Parlement sur recommandations du « Conseil des sages » présidé par le fondateur du CPL et… pour les mêmes motifs qu’Alain Aoun.

« La ligne rouge » de Bassil

« La discipline partisane est une ligne rouge que personne ne doit franchir », se contente de commenter pour L’OLJ Ghassan Khoury, vice-président du CPL pour les affaires administratives. Il se faisait  l’écho de Gebran Bassil qui a profité d’un discours prononcé jeudi, soit quelques heures avant l’officialisation de la radiation d’Alain Aoun, lors du dîner des anciens du CPL pour adresser des messages musclés à ses détracteurs. « Le respect des décisions partisanes est le critère (pour mesurer) l’appartenance sincère » à une formation, a lancé le chef aouniste. « Nous préserverons le règlement interne du CPL. La moindre des choses, c’est l’existence d’un tribunal partisan qui demande des comptes après des erreurs aussi graves que la non-conformité aux directives du parti », a-t-il ajouté. Et, dans ce qui s’apparente comme un message adressé au député populaire qu’est Alain Aoun, M. Bassil a déclaré : « Nous voulons des députés et ministres qui donnent au CPL au lieu d’en profiter uniquement », notamment lors des législatives.

 

C’est officiel. Alain Aoun, député de Baabda, a été radié du Courant patriotique libre, fondé par son oncle, Michel Aoun, ancien président de la République. En soi, la décision officialisée vendredi est loin d’avoir l’effet d’une surprise, le bras de fer entre le député et le chef du CPL, Gebran Bassil, remontant à plusieurs années et leurs désaccords s’étant...
commentaires (9)

Certains refusent le rôle de caméléons.

Khazzaka May

10 h 48, le 07 août 2024

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Certains refusent le rôle de caméléons.

    Khazzaka May

    10 h 48, le 07 août 2024

  • Tout laisse croire que Mme Abi Akl est plus informée de ce qui se passe au sein du CPL que ses hauts cadres eux-mêmes

    Hitti arlette

    22 h 07, le 03 août 2024

  • Si Michel Aoun a donné son accord, alors la décision est juste, fondée. Dommage qu'on ne puisse pas consulter plus régulièrement les anciens présidents tous connus pour leur sagesse et pour leur sens de l'intérêt national. Pour revenir au CPL, il est connu et admis qu'il n'y a que vertu et innocence dans sa composition et dans son fonctionnement. Dans l'espoir qu'il se rapproche du Hezbollah afin que le pays puisse trouver l'unité nécessaire pour former une majorité politique efficace et salutaire

    Georges Olivier

    11 h 17, le 03 août 2024

  • - PEUPLE, IL TE FAUT BIEN RIRE, - L,ESQUIF VENDU CHAVIRE. - IL NE RESTE EN FONCTION, - QU,UN PIGMEE AU TIMON. - MOUSSE DE PIETRE TAILLE, - *TOO SHORT* AU GOUVERNAIL. - SANS *SIZE* ET APTITUDE, - LA PERTE EST CERTITUDE. - NI MAR MKHAEL ET NI, - BERRYMIKO. FINI ! - ET LA CHAISE DU REVE ? - C,EST BIEN DIT : RIEN QU,EN REVE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 06, le 03 août 2024

  • Le réveil de ces quelques cadres frondeurs a été un peu tardif. Le mal est fait et désormais le calif qui veut devenir un dictateur a pris son envol misant sur la lâcheté de tous ceux qui l’ont soutenu dans ses déboires et ses alliances contre nature pour décider de leur sort, fort de son lien avec le fondateur de ce parti et de son allié armé barbu. On ne s’inquiète sûrement pas du sort du CPL ni de ses cadres et encore moins des adhérents, c’est notre sort qui est en jeu et toujours suspendu au gré des ambitions de cet énergumène qui continue de croire qu’il est l’homme de la situation.

    Sissi zayyat

    10 h 52, le 03 août 2024

  • Les rats quittent le navire.......

    Tabet Karim

    08 h 54, le 03 août 2024

  • La moindre des choses, c’est l’existence d’un tribunal partisan qui demande des comptes après des erreurs aussi graves que la non-conformité aux directives du parti.......attendez le tribunal populaire pour non-conformite a la constitution.....ca sera pas de la radiation, ni de l'irradiation.....

    Elementaire

    08 h 35, le 03 août 2024

  • Cher Monsieur Alain Aoun. Je ne vous connais pas mais j’ai toujours eu pour vous beaucoup d’estime et de respect pour vos propos modérés et votre comportement humble contrairement à la majorité de vos confrères. Que vous soyez exclu du CPL, veut tout simplement dire que le président du CPL vous craint et en tant que dictateur, il élimine tous ses éventuels concurrents. Il vous a rendu le plus grand service politique en faisant de vous un potentiel candidat à la présidence de la république dont vous possédez la carrure et la personnalité. Continuez comme vous êtes, l’avenir vous appartient

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 31, le 03 août 2024

  • C’est quoi le nombre minimum de membres pour pouvoir faire un parti? Ils y sont bientôt, non?

    Gros Gnon

    22 h 40, le 02 août 2024

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