Les ambassades présentes au Liban fébriles face au contexte sécuritaire

Environ 48h après la frappe meurtrière de Majdel Chams qu'Israël impute au Hezbollah mais dont ce dernier dément en être l'instigateur, les craintes d'une riposte israélienne qui provoquerait une réaction en chaîne sont en tête des préoccupations des ambassades étrangères au Liban, qui sont de plus en plus nombreuses à mettre à jour les recommandations qu'elles adressent à leurs ressortissants.

Lire aussi

Frappe à Majdel Chams : efforts américano-iraniens pour une riposte mesurée

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a conseillé mardi à ses ressortissants de quitter le Liban alors que les efforts se multiplient pour éviter une escalade entre Israël et le Hezbollah libanais après l'attaque meurtrière sur le Golan occupé. « Nous conseillons aux ressortissants britanniques de quitter le Liban et de ne pas se rendre dans le pays. La situation évolue rapidement », a écrit le ministre des Affaires étrangères David Lammy sur X.

« Le risque est élevé et la situation pourrait se détériorer. Je travaille avec nos équipes consulaires pour pouvoir réagir à tous les scénarios », a encore affirmé le haut responsable fraîchement arrivé à son poste dans le sillage des législatives britanniques.

Sur son site, l'ambassade du Royaume-Uni au Liban « déconseille tout voyage » au Liban et encourage les ressortissants présents à « quitter le pays dès maintenant, tant qu'il existe des possibilités de voyages commerciaux »

My message to British nationals in Lebanon is clear – leave. https://t.co/obWtG8Kzzv

— David Lammy (@DavidLammy) July 30, 2024

États-Unis

L'ambassade américaine n'a que partiellement mis à jour dimanche ses recommandations de voyage, qui datent de fin juin. Elle rappelle que « l'environnement sécuritaire au Liban reste complexe et peut changer rapidement » et insiste pour que les ressortissants US évitent de se rendre au Liban-Sud, à la frontière entre le Liban et la Syrie ou dans les camps de réfugiés. Dans son communiqué, elle a aussi demandé aux Américains « voyageant à destination ou en provenance du Liban de suivre de près l'état de leur vol, d'être conscients que les itinéraires peuvent changer avec peu ou pas d'avertissement, et à prévoir d'autres plans ».

Lundi, l'ambassade des États-Unis au Liban a diffusé sur son compte X une vidéo dans laquelle Rena Bitter, secrétaire d'État adjointe aux affaires consulaires, recommande « aux citoyens américains d'élaborer un plan d'action en cas de crise et de partir avant que celle-ci ne commence ».

Dans message reçu par un ressortissant américain au Liban, la chancellerie joint 4 instructions sommaires : passer en revue les plans de sécurité personnels ; garder les téléphones portables chargés en cas d'urgence ; faire preuve de prudence, suivre de près l'actualité pour connaître les derniers développements susceptibles d'affecter la sécurité intérieure, et tenir  compte des informations mises à jour dans les plans et activités de voyage ; enfin prévoir un plan d'urgence et consulter la liste de contrôle du voyageur.

A reminder to U.S. citizens in Lebanon to enroll in STEP and other preparedness recommendations to keep you and your loved ones safe. A message from Assistant Secretary for Consular Affairs Rena Bitter.@TravelGov pic.twitter.com/OZNugd0bCc

— U.S. Embassy Beirut (@usembassybeirut) July 29, 2024

Allemagne

Les ressortissants allemands au Liban, dont le nombre est estimé à environ 1 300, ont été « invités d'urgence » à quitter le pays tant que cela est encore possible, a déclaré lundi un porte-parole du gouvernement.

« Nous sommes très préoccupés par la situation des Allemands sur le terrain et nous préparons ce qui doit l'être », a ajouté le porte-parole. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, s'est entretenue avec plusieurs responsables, dont son homologue libanais, afin d'« atténuer la situation et d'éviter qu'elle ne s'aggrave », a aussi déclaré le porte-parole.

Italie

L'ambassade d'Italie au Liban a affirmé qu'elle n'avait que partiellement modifié ses recommandations aux ressortissants italiens en leur demandant de tenir compte des annulations et modification de vols opérés par les compagnies aériennes pour les jours à venir. 

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a annoncé avoir discuté avec ses homologues israélien et libanais. « Il est possible de briser la spirale de la violence », a-t-il écrit sur le réseau X. Il a aussi indiqué que le gouvernement italien était engagé en faveur de la paix et de la stabilité, notamment par le biais de la présence de l'Italie au sein du contingent de la FINUL. Il a ajouté que l'évacuation des quelque 3 000 civils italiens vivant au Liban ne serait nécessaire que si la crise s'aggravait, mais il a encouragé ses compatriotes à partir.

Ho parlato con Ministri ??@Israel_katz e ?? Bou Habib per evitare una nuova guerra. Interrompere spirale violenza è possibile.
Governo è impegnato per pace e stabilità, anche attraverso contingente ?? @UNIFIL_ per il quale ho chiesto protezione. Rispetto ris.?? 1701 è cruciale. pic.twitter.com/IgObxMTp2E

— Antonio Tajani (@Antonio_Tajani) July 29, 2024

Suisse

L'ambassade de la confédération helvétique a publié lundi sur son site une mise à jour de ses recommandations aux ressortissants suisses, à qui elle « déconseille de se rendre au Liban » en raison des incertitudes qui dominent la situation dans le pays. « Les tensions sont fortes et une détérioration significative de la situation sécuritaire au Liban peut survenir à tout moment », prévient la Suisse. 

Elle appelle aussi ses citoyens à « respecter les conseils adressés aux voyageurs du département fédéral des Affaires étrangères, à s'informer de manière indépendante sur la situation actuelle et à suivre les instructions des autorités locales ». « La décision de quitter une région en crise est une décision individuelle. Elle est prise volontairement, à vos risques et périls et à vos frais. Si vous décidez de quitter le pays, utilisez les moyens de transport commerciaux disponibles. Pour toute information, contactez directement les compagnies aériennes », a poursuivi l'ambassade. 

Chypre

Dans un message publié mardi sur son site, l'ambassade de Chypre au Liban a indiqué que le ministère des Affaires étrangères de l'île « suit de près la situation en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, ainsi que les incidents de sécurité survenus au Liban-Sud, qui pourraient s'aggraver dans l'ensemble du pays sans avertissement préalable ». Elle recommande à ses ressortissants « d'éviter tout voyage au Liban ».

Les Chypriotes résidant dans le pays sont également « invités à éviter tous les rassemblements et manifestations, à rester vigilants et à suivre les instructions des autorités locales ». Il leur est aussi « conseillé de suivre de près l'évolution de la situation et les informations diffusées par les médias internationaux et locaux, d'éviter les déplacements inutiles et d'appliquer des mesures de sécurité maximales ».

Australie

L'Australie a demandé jeudi à ses ressortissants au Liban de quitter immédiatement le pays, estimant qu'il existait un risque réel que les tensions entre Israël et le Hezbollah s'aggravent sérieusement, une demande qui fait suite à des avis similaires émis cette semaine par d'autres pays à travers le monde de quitter le Liban ou d'éviter d'y rendre.

« Il est temps de partir, car la situation en matière de sécurité pourrait se détériorer rapidement avec peu ou pas de préavis », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, dans une vidéo publiée sur le réseau social X mercredi en fin de journée.

Mme Wong a indiqué que l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) pourrait fermer complètement si la situation s'aggravait, ce qui risquerait de bloquer les personnes souhaitant partir pendant « une période prolongée », et a exhorté les Australiens à utiliser les vols commerciaux pendant qu'ils opèrent.

Mexique

Dans un court message publié sur la page principale de son site Internet depuis lundi, l'ambassade du Mexique au Liban recommande à ses ressortissants qui n'ont aucune raison impérieuse de rester sur le territoire libanais d'envisager de partir tant qu'il reste des vols commerciaux disponibles, évoquant la possibilité que cela ne soit plus le cas en cas d'aggravation des tensions.