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Culture - Concert

Maestro Fazlian : la partition dans la tête

Sous le signe du « Fatum », concert de l'Orchestre philharmonique libanais dirigé par le chef d'orchestre Harout Fazlian. 

Maestro Fazlian :  la partition dans la tête

Maestro Harout Fazlian. Photo DR

Il n’y a pas de mauvais orchestre mais plutôt de mauvais chef d’orchestre.

Le concert du vendredi 14 juin à l’église Saint-Joseph par l'Orchestre philharmonique libanais dirigé par Harout Fazlian le démontre une fois de plus, puisque celui-ci a excellé dans la direction des musiciens. Il l'a prouvé tout au long de la soirée en dirigeant l’ouverture de la Force du destin de Verdi et de la Cinquième symphonie de Tchaïkovski.

Ce soir-là, Harout Fazlian était dans une forme particulièrement éblouissante, déployant une gestique d'une grande précision. Sous sa direction, les flûtes y étaient vraiment des flûtes, les bassons des bassons, les hautbois des hautbois, les clarinettes des clarinettes, les cuivres y ont acquis un éclat particulier dans l'ouverture avec toute l'onctuosité des cordes et les percussions colorées et scintillantes. Admirable interprétation du chef dans La Cinquième de Tchaïkovski, avec une intelligence, un doigté, une sensibilité frémissante qui exprime tout le potentiel émotif et toute l'énergie créatrice.

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L'accroche s'est faite dès l'écoute du début du premier mouvement où le chef s'est laissé emporter par un plaisir sensoriel qui l'a poussé à se gorger de sonorités, à fouiller dans les détails pour lui arracher une volupté dans les contrastes, à déchaîner l'orchestre jusqu'à son extrême limite. Cette interprétation avait toute la force, la vigueur et le dynamisme qu'elle méritait.

Cette Cinquième s'inscrit sous le signe du Fatum (destin). Pesant et grave, l'Andante introductif du premier mouvement a imposé d'emblée un climat oppressant, dominé par les interventions ténébreuses de la clarinette. Comment s’étonner alors qu’à un moment de spleen aussi noir s'enchaîne un allegro carrément torturé, éperdu de passion et de nostalgie, mais irrésistiblement écrasé par la fatalité ? De là cette vision bousculée où s'accumulait des alanguissements éperdus de tendresse qui nous laissent épuisés à la sortie de cet Allegro con anima. L'Andante cantabile attaqué comme une longue plainte mahlerienne ne lui fournira guère de repos. Dense et démesuré, avec son très beau solo de cor – bravo au soliste, et qui s'est achevé dans un climat raréfié. En dépit de la frénésie centrale, la valse lente et appuyée n'a guère échappé à une atmosphère de nostalgie morbide menant tout droit à la réécoute chaotique et désespérée du thème de l'idée fixe dans un « andante maestoso » déchirant qui a introduit un final turbulent et combatif, et que notre chef a eu la merveilleuse idée d'attaquer sans trop attendre.

Généreux à l'excès, Harout Fazlian n'a pu se résoudre tout à fait à la noirceur ultime face au poids du destin. Son finale explosera dans une coda obstinée et triomphale avec l'irruption d'une fin apocalyptique. Cette version de La Cinquième avait à la fois du cœur et du nerf. Avec sa mémoire infaillible, le chef d'orchestre avait la partition dans la tête et non la tête dans la partition. 

Il n’y a pas de mauvais orchestre mais plutôt de mauvais chef d’orchestre.Le concert du vendredi 14 juin à l’église Saint-Joseph par l'Orchestre philharmonique libanais dirigé par Harout Fazlian le démontre une fois de plus, puisque celui-ci a excellé dans la direction des musiciens. Il l'a prouvé tout au long de la soirée en dirigeant l’ouverture de la Force du destin de Verdi et...
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