« Ce que nous faisons est une forme de résistance culturelle », assure à L’Orient-Le Jour le président du comité du Festival de Byblos, Raphaël Sfeir, en préambule de la conférence de presse tenue à l’hôtel Byblos-sur-Mer ce mercredi 29 mai pour en annoncer le programme. Et d’ajouter : « Cette édition 2024 s’inscrit dans la continuité de ce festival international, tout en tenant compte de la situation qui prévaut aux niveaux économique et politique dans le pays et la région. Ainsi que du défi que pose son maintien avec une diversité de spectacles de qualité malgré les restrictions budgétaires dues à l’absence de sponsors. »
Présents à ses côtés, le ministre sortant du Tourisme Walid Nassar, les députés de Jbeil Ziad Hawat et Simon Abi Ramia, le président du conseil municipal Wissam Zaarour, le compositeur Toni Makhoul ainsi que le représentant de la plateforme de musique digitale Anghami Camille Abi Khalil, co-organisateur du festival, ont eux aussi essentiellement mis l’accent sur l’importance de maintenir - dans la mesure du possible et en prenant en considération leur position géographique - ces rendez-vous de l’été dispensateurs d’une certaine joie. « Et nécessaires à un peuple attaché à la culture de la vie », dixit Walid Nassar.
Au calendrier des festivités de Byblos, voici donc les cinq soirées auxquelles « pourrait venir s’ajouter une sixième, avec le musicien Guy Manoukian, dont la date sera communiquée une fois le projet de concert finalisé », a signalé Mr. Sfeir.
- Le 18 juillet, « Le grand spectacle » de Toni Makhoul
En ouverture de cette édition du festival, les organisateurs promettent « une expérience immersive » avec Le grand spectacle de Toni Makhoul. Une grosse production « avec plus de 100 artistes sur scène, dans une performance spéciale tout en fantaisie et extravagances », signée par ce compositeur, arrangeur et producteur bien de chez nous.
Toni Makhoul s’est fait connaître par ses concerts et spectacles chorégraphiques associant divers genres de musiques et de danses dans un mélange de pop, tango, jazz, disco, valse, salsa, samba et ballet classique. Le spectacle qu’il présente le 18 juillet en est une parfaite illustration. Créé à l’origine en 2021 à l’Opéra de Bucarest, en collaboration avec l’Orchestre philharmonique roumain et l’Orchestre Zuralia, il déploiera dans le cadre du vieux port de Jbeil les mêmes ingrédients revisités par un nouvel éventail de musiciens de l’Orchestre philharmonique libanais, un chœur, des chanteurs et des danseurs soutenus par des projections de vidéos artistiques sur écran LED géant. Ce Grand spectacle « édition spéciale Liban » inclura par ailleurs des tableaux célébrant l’héritage culturel phénicien et libanais, de la dabké et un hymne en arabe. Une soirée qui s’adresse à un public de festivaliers de tous âges.
Le 19 juillet : du rock égyptien avec Cairokee
Cairokee, ce groupe de rock indie underground égyptien (au style musical proche de celui du libanais Mashrou’ Leila), fondé au début des années 2000, est devenu iconique lors de la révolution de 2011, avec des titres véritables hymnes à la liberté, tels que Ya el-Midan ou Sout el-Horeya (« La voix de la liberté »), dont le clip a été filmé sur la place Tahrir au lendemain même du départ du président Hosni Moubarak.
Emmenés par Amir Eid, le chanteur leader du groupe, ces quatre rockeurs à la musique forte, émancipatrice, évoquent les préoccupations de la jeunesse égyptienne et exaltent ses revendications culturelles contemporaines. Avec un « twist », une pincée de références occidentales. Comme dans le vidéo-clip de leur chanson James Dean ou encore le single Tarantino, issu de leur collaboration avec Marwan Pablo, star montante du rap égyptien. À signaler, leur dernier single Telka Qadeya (« Ceci est une cause ») sorti le 30 novembre 2023, à peine deux mois après le début de la guerre de Gaza, dans lequel les Cairokee clament leur soutien au peuple palestinien. Voilà qui promet un concert flamboyant.
Le 21 juillet : Michel Fadel et la chorale
Au menu de la soirée : un pianiste, compositeur et arrangeur libanais de talent accompagné d’un chœur composé de 60 musiciens et 50 choristes qui défendent avec talent et passion les grandes œuvres du répertoire symphonique et choral et les mélodies à succès anglaises et arabes les plus emblématiques de tous les temps. Une combinaison, « la première du genre dans la région », signée Michel Fadel, un des visages appréciés de la musique orchestrale libanaise, reconnu aussi pour ses performances incluant souvent des improvisations au piano.
Un musicien qui a travaillé avec de nombreux artistes de renom, dont Feyrouz, Magida el-Roumi et Julia Boutros, en tant qu’arrangeur et compositeur. Et qui a à son actif de nombreux albums personnels, déployant avec harmonie son propre mélange de mélodies traditionnelles arabes avec des arrangements modernes, à l’instar de Memories ou de Fly Solo.
Le 26 juillet : Nancy Ajram, l’icône de la pop arabe
Est-il encore nécessaire de présenter Nancy Ajram ? Figure emblématique de la musique arabe actuelle, la chanteuse libanaise jouit d’une notoriété remarquable qui transcende les frontières de la scène arabe. Ses dates et lieux de concert en témoignent : après Byblos ce 26 juillet, elle se produira à Marbella en Espagne le 8 août et au Palais des Congrès à Paris en novembre prochain. Avec ses deux décennies d’une carrière sans faute, ses 12 albums, ses millions de fans et son titre d’ambassadrice itinérante de l’Unicef, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, celle qui a longtemps été surnommée la « princesse de la pop arabe » joue désormais dans la cour des « artistes les plus influentes du monde arabe », selon le Oprah Winfrey Show.
Sa musique a été, à plusieurs reprises, en tête des charts dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Elle est également la seule artiste arabe à figurer dans le palmarès américain Billboard Dance avec une chanson en langue arabe. Alors, si vous ne connaissez pas encore le répertoire de cette « icône de la pop arabe », voici l’occasion idéale d’aller le découvrir « live », sur fond de ciel marin et de nuit étoilée.
Le 27 juillet : Ash
Après s’être produit, avec succès, une toute première fois l’été dernier à Batroun, le musicien franco-égyptien Ash, tombé en amour du Liban, y revient. Au Festival de Byblos cette fois. Ce multi-instrumentaliste, de son vrai nom Ashraf Moawad, âgé de 27 ans, interprétera ses compositions électro aux influences orientales et à l’audience internationale. Au menu donc Mosaïque, l’un de ses titres qui a fait exploser les compteurs de vues sur la Toile, ainsi que Worlds Apart, Give a Little, Daydream, Dans la peau et About Life, entre autres mélodies apaisantes qui invitent au voyage. Et qu’il jouera sur fond de projection de leurs clips tournés dans ses différentes villes de cœur : Paris, Le Caire devant les pyramides de Gizeh notamment, ou encore Montréal, où il réside actuellement.
Shik shak shok Shik shak shok Ma tsib ya habibi el rap wel rock Shik shak shok
16 h 05, le 30 mai 2024