Oui à Nabih Berry, non à Nagib Mikati. Cette équation résume l’attitude actuelle du Courant patriotique libre en période de vacance présidentielle. D’un côté, le CPL boude, depuis octobre 2022, tous les Conseils des ministres convoqués par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, arguant que le pays ne peut être gouverné comme si de rien n’était en l’absence d’un chef de l’État. De l’autre, il a assuré une couverture chrétienne indispensable à quelques séances législatives placées sous le signe de la « législation de nécessité », alors même qu’en vertu de la Constitution, la Chambre est censée n’être qu’un collège électoral en période de vacance présidentielle. Il est clair que si la formation aouniste a accepté de jouer le jeu au Parlement, c’est en échange de précieuses concessions du chef du législatif Nabih Berry.
Mais le parti de Gebran Bassil vient de franchir un nouveau cap en appelant carrément le président de la Chambre à convoquer une séance parlementaire qui serait, elle aussi, placée sous le label de la législation de nécessité pour que soient votées des propositions de lois relatives au dossier des réfugiés et migrants syriens présentées par le bloc aouniste. Une démarche qui intervient en plein rapprochement entre les aounistes et leur (ancienne) bête noire, qui n’est autre que Nabih Berry. Ironiquement, sur le plan gouvernemental, les aounistes semblent s’en tenir à leur boycottage. Ils pourraient donc bouder la séance gouvernementale prévue mardi, quand bien même elle est, elle aussi, largement consacrée à la question des réfugiés et migrants syriens.
Une semaine après le débat parlementaire consacré à la question des migrants et réfugiés syriens, le bloc aouniste a adressé une missive à M. Berry lui demandant de convoquer une séance législative dédiée à l’adoption des six propositions de lois relatives à ce dossier, dont une portant sur le renforcement des capacités des municipalités, sur le double plan administratif et financier, pour faire face aux « infractions commises par les Syriens illégalement présents dans les villages », comme on peut lire dans un communiqué publié mercredi par le parti aouniste. Cette proposition a été élaborée en collaboration avec le bloc berryste, celui de la Modération nationale (majoritairement sunnites ex-haririens), ainsi que le groupe rassemblant Tony Frangié (Marada) et ses alliés Farid el-Khazen, William Tok et Michel Élias Murr, précise le communiqué du CPL. De toute évidence, la mention du bloc berryste dans ce contexte est une façon de lancer la patate chaude à un Nabih Berry qui s’était plaint, à plusieurs reprises, du fait que la Chambre n’a pas encore adopté plusieurs propositions et projets de lois en suspens. Que fera donc le maître du perchoir qui ne rate aucune occasion pour réunir la Chambre et prouver qu’elle peut légiférer normalement en plein vide à la tête de l’État ? D’autant plus que cette fois-ci, il est sûr d’avoir une précieuse couverture chrétienne pour la tenue de la séance. « Pour le moment, rien n’indique que le Parlement se réunira dans un avenir proche », déclare cependant à L’Orient-Le Jour Michel Moussa, député berryste.
Il n’en demeure pas moins qu’au-delà du dossier des ressortissants syriens, la démarche des aounistes, qui accordent au chef du législatif ce qu’ils refusent à son protégé, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, ne peut être dissocié du rapprochement en cours avec Aïn el-Tiné. « Nous participons à toute réunion de la Chambre portant sur des dossiers aussi importants que la question des (migrants et réfugiés) syriens », souligne Nagi Hayek, vice-président du CPL pour les affaires extérieures. Il se faisait l’écho du chef du parti Gebran Bassil, qui a explicité ce point dans une interview publiée vendredi par le quotidien koweitien al-Rai. « Nous ne participons pas à des séances dont l’ordre du jour est exhaustif parce qu’il n’est pas question de “business as usual” en période de vacance présidentielle (…) Mais quand il y a des questions nécessaires (et urgentes), nous nous rendons au Parlement dans le cadre de la législation de nécessité », a dit M. Bassil, faisant valoir que c’est pour cette raison que le CPL a pris part au débat général consacré au dossier des migrants et réfugiés syriens, le 15 mai.
Mikati furieux
Pourtant, ce même dossier figure à la tête de l’agenda du Conseil des ministres prévu mardi (soit au lendemain de la conférence de Bruxelles dédiée à ce dossier) au Sérail. Mais contrairement aux attentes du Premier ministre sortant, l’offre ne semble pas suffisamment alléchante pour que les ministres aounistes sortants, dont le principal concerné – Hector Hajjar (Affaires sociales) –, décident de rompre avec leur boycottage. « Aucun signe allant dans ce sens ne nous est parvenu », regrette Ali Darwiche, ancien député et proche du Premier ministre sortant, critiquant « un double discours de la part du CPL ». « Personne ne m’a notifié de quoi que ce soit », confirme Hector Hajjar. C’est ce qui expliquerait les piques lancées par M. Mikati en direction des aounistes vendredi depuis Tripoli. «Pourquoi insiste-t-on à entraver (l’action du) gouvernement qui s’efforce de préserver l’État et ses institutions ? » s’est interrogé le chef du gouvernement sortant.
Comme si quelqu’un espérait quelque chose de leurs discours habituels mensongers et creux. Le petit essaie par tous les moyens d’attirer la lumière vers lui. Il réussit puis tombe dans l’oubli jusqu’à une nouvelle trouvaille de subterfuge qui fait de nouveau parler de lui. Il se sent important même si les propos tenus ne sont que pour dénoncer ses agissements et pour dépeindre un personnage ubuesque et qui sonne creux à des km de distance. Il veut être le chef d’état coûte coûte, même s’il doit ramper jusqu’à Baabda. Berry est devenu son ami. C’est dire la cohérence de ce type
13 h 40, le 25 mai 2024