Trois suspects auraient été arrêtées dans le cadre d'une enquête ouverte par la justice libanaise pour abus sexuels visant des élèves scolarisés dans un établissement de Kfarchima (caza de Baabda), notamment le directeur de l'école, selon des informations circulant dans les médias locaux.
Les faits se seraient déroulés au Lycée Emmanuel et impliqueraient quatre membres du personnel, selon des informations de la chaîne LBCI. L'affaire aurait été ébruitée par le père d'une des élèves, après qu'il eut retrouvé un message vocal à caractère sexuel envoyé par un enseignant à sa fille, explique la chaîne. Un individu non identifié aurait ensuite envoyé ce message vocal au ministre sortant de l'Éducation, Abbas Halabi, et à la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun. Cette dernière aurait alors chargé la juge Nazek Khatib de mener l'enquête, explique la chaîne.
Selon la LBCI, l'enquête a démontré que les abus sexuels se poursuivaient depuis trois ans et que le directeur était au courant des faits. La chaîne indique que des mandats d'arrêt ont été émis à l'encontre du directeur, d'un professeur de sport et d'un gardien, qui avait été arrêté auparavant pour une affaire similaire avant d'être relâché. Un quatrième mandat d'arrêt aurait été émis à l'encontre d'un professeur de mathématiques. Ce dernier serait recherché par les autorités, selon des informations qui circulent en ligne.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, un responsable au sein du ministère de l'Éducation révèle que le ministère a été alerté il y a quelques jours de cette affaire et qu'une enquête interne a été ouverte à la demande du ministre. Ce responsable n'était pas en mesure de fournir plus de détails sur l'affaire. L'OLJ a tenté de joindre des sources judiciaires proches de ce dossier, mais sans succès.
Réagissant à cette affaire, le lycée a publié vendredi un communiqué sur les réseaux sociaux dans lequel il assure que « le directeur ne fait pas partie des suspects », mais qu'il est « uniquement interrogé par la justice en sa qualité de directeur d'établissement ». Sur sa page Facebook, le Lycée Emmanuel indique qu'un des enseignants suspectés par la justice a été licencié il y a deux mois, tandis que le gardien aurait été remercié en octobre dernier. Aucune mention n'est faite par rapport au deuxième enseignant recherché par les autorités.
Contactée par L'OLJ, l'administration du lycée n'était pas disponible pour commenter ces développements. Une source au sein des Forces de sécurité intérieure n'était, pour sa part, pas en mesure de fournir plus de détails sur l'affaire.
Inquiétude à Kfarchima
Une campagne de soutien au directeur du lycée a été lancée vendredi sur les réseaux sociaux par des parents d'élèves qui assurent que le directeur est innocent. Un internaute le décrit comme étant « une personne très honnête et sincère ». « Nous faisons confiance au directeur. Nous considérons qu'il s'agit d'une tentative de porter atteinte à la réputation de l'établissement », indique un autre parent d'élève. « Mes quatre enfants sont scolarisés dans cette école connue pour son respect des valeurs morales », témoigne une troisième personne.
Selon le président de la municipalité de Kfarchima, Wassim Rajji, ces accusations inquiètent les habitants de la localité, dont certains ont scolarisé leurs enfants dans cet établissement. « Il y a douze écoles à Kfarchima, donc les familles commencent à se poser des questions sur ce genre d'agissements dans les établissements scolaires », explique-t-il.
L'Union pour la protection de l'enfance au Liban (UPEL), une association de la société civile spécialisée dans la protection des mineurs, n'était pas immédiatement joignable pour un commentaire sur cette affaire.
Début mai, la justice libanaise a arrêté plusieurs suspects impliqués dans un réseau pédophile de près de 30 personnes, dont un avocat et un « influenceur » sur la plateforme TikTok, soupçonnés d'avoir abusé sexuellement d’une trentaine d’enfants, utilisant parfois la plateforme de partage de vidéos pour attirer leurs victimes.
On soulève enfin le couvercle. Gageons que ce n’est pas le seul ça d’abus sexuels à déplorer. Mais il manque une info capitale dans ce papier: à qui appartient cet établissement? Une congrégation religieuse? Un groupe privé?
19 h 24, le 24 mai 2024