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Lifestyle - Critique gastronomique

Carneo, paradis des amateurs de viande

Ce que j’ai aimé, moins aimé, ce qui m’a franchement irrité… Cette semaine, je partage avec vous l’expérience du restaurant Carneo à Jeita et ses viandes, qui fera exclusivement saliver les carnivores gourmets et gourmands.

Carneo, paradis des amateurs de viande

Carneo, Jeita. Photo C.C.

Si vous n’avez pas encore entendu parler du restaurant Carneo ou de son chef Mario Medawar, c’est que vous avez dû hiberner ces derniers mois, ou que vous n’êtes clairement pas actif sur les réseaux sociaux ! Car avec sa personnalité charismatique, il a envahi Instagram et TikTok, partageant avec ses plus de 90 000 abonnés sa passion pour la cuisine, et les coupes de viande en particulier.

Qui

L’expérience du chef Mario dans la restauration a commencé avec le restaurant William Cheese à Jeita et La Truffe Blanche Catering. En décembre 2022, il ouvre le restaurant Carneo avec l’un de ses frères. Bien que ce soit aujourd’hui un paradis pour les amateurs de viande, Mario n’avait pas, à la base, ce concept en tête. Les premiers mois, il proposait des joues de bœuf cuites dans une cocotte mijoteuse et quelques autres morceaux de viande importés du Brésil. En fait, une viande à bas prix avec très peu de goût. Avec le temps, et une clientèle de plus en plus exigeante, il a fait monter les enchères jusqu’à offrir des catégories de viandes de haute qualité, telles que le wagyu MB8-9 et le hokkaido A5, la plus élevée pour le bœuf wagyu japonais. Malheureusement, il s’est tellement efforcé d’améliorer sa carte qu’il a négligé, en cours de route, de mettre à jour l’identité de Carneo.

Mario est sympathique, humble et charismatique. À la fois chef et propriétaire du restaurant, il a beaucoup investi dans sa cuisine, notamment dans un four Josper et plusieurs mijoteuses commerciales dans lesquelles il fait cuire de grandes quantités de viande pendant de longues périodes à basse température. Sa cuisine est tout le temps impeccablement propre et les saveurs de ses cuissons lentes sont inégalables. Véritable carnivore passionné, sa cuisine est tout simplement exceptionnelle : Mario a réussi à proposer une très bonne viande, et il le fait au meilleur prix pour cette qualité, dans des portions généreuses.

À Carneo, le prix des viandes démarre à 13 dollars, tout le monde peut ainsi y trouver son compte. Pour 100 dollars, on peut avoir un plateau pour quatre personnes et opter pour une épaule d’agneau de 1,4 kg ou un choix des quatre viandes les plus recommandées. Bien que les prix ne soient pas très accessibles, ils sont de loin inférieurs à ceux pratiqués par d’autres restaurants pour une qualité égale.

Mario Medawar accorde autant d’importance à la qualité de la nourriture qu’au service. À peine arrivé, l’hôtesse vous accueille avec un sourire chaleureux. Un membre du personnel prend ensuite soin de vous et vous guide dans votre choix, tandis que le gérant, courtois, fait de son mieux pour que vous soyez totalement satisfait. Une fois son rôle en cuisine (presque) terminé, le chef Mario s’arrête à chaque table, s’assurant que ses clients sont ravis, que la nourriture est appréciée et que l’expérience sera inoubliable. Au passage, il aime aussi partager un peu de son histoire avec les convives désireux d’en savoir plus...

Brisket australian beef. Photo C.C.

Dans vos assiettes

Lors de nos nombreuses visites, Carneo était toujours plein, ce qui n’a pas empêché le service d’être rapide. Nous avons essayé plusieurs morceaux de viande de qualité supérieure parmi celles proposées, et chacune a dépassé nos attentes.

Même les entrées étaient délicieuses : les Stuffed mushrooms (8 dollars), des champignons rôtis et farcis d’un mélange de fromage et d’huile de truffe ; les Brisket nachos (14 dollars), une version savoureuse composée de chips de tortilla garnies de fromage et de brisket effiloché fumé, ou encore les Dynamite shrimps (13 dollars), des crevettes frites croustillantes, d’une taille substantielle et d’une texture charnue, associées à une sauce à l’orange douce et piquante, dans un équilibre de saveurs.

Pour le reste, le Wagyu burger (25 dollars) de 200 g est cuit et servi avec une délicate sauce aux truffes. Ici, pas de tomate, pas de laitue, pas d’oignon, pas de ketchup, pas de moutarde ni de cornichons. Seuls les arômes du hamburger – une belle symphonie, une viande intense, juteuse à souhait, et des nuances subtiles – explosent en bouche, faisant de ce repas une expérience inoubliable. Les frites dorées qui l’accompagnent sont croquantes et croustillantes.

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Le Ribeye wagyu MB8-9 (85 $) est d’une tendreté et d’une richesse qui en font, ici aussi, une expérience gastronomique exceptionnelle. Chaque bouchée est une célébration de saveur et de délicatesse, laissant une impression durable sur le palais.

Quant au Short rib MB6-7 (50 $), il a le goût profond du bœuf qui s’est considérablement développé au cours de longues heures de cuisson lente. Incroyablement tendre, la viande se détache facilement de l’os, ce qui donne une texture fondante et une saveur robuste rehaussée par les marbrures.

Le Lamb shoulder est connu pour sa saveur riche et sa viande tendre et juteuse. L’agneau est importé de Syrie et cuit lentement jusqu’à atteindre la perfection ; la viande est tendre et les os se détachent sans effort. Spécialité du Carneo, il est saisi à table, ce qui offre un beau spectacle aux clients.

Le « Rass nifa » (20 $) a un goût de gibier très particulier par rapport aux autres morceaux d’agneau. Il est cependant tendre et succulent. La langue est un délice, elle aussi tendre et légèrement gélatineuse, avec un soupçon de douceur. La cervelle d’agneau, presque sucrée, est conseillée aux intrépides qui aiment sa texture crémeuse… Elle est accompagnée d’une sauce simple et sans prétention composée de trois ingrédients simples : huile d’olive, citron et ail.

Dynamite shrimps. Photo C.C.

Les bémols

Les sauces sont une déception et ne sont pas à la hauteur des plats servis. Il n’était pas nécessaire d’en ajouter aux viandes, toutes déjà parfaites ; on trouve notamment des sauces au cumin, au chimichurri, aux champignons, au barbecue, aussi bien que du sel de l'Himalaya, du miel, et leur propre mélange d’épices. La sauce aux champignons et celle au chimichurri étaient au mieux fades.  Je suggérerais de les remplacer par une sauce au poivre, ou une sauce réduction au vin rouge.

D’autre part, l’identité des lieux n’a pas évolué avec le concept. Un steakhouse est avant tout un établissement de restauration haut de gamme. Or Carneo ressemble actuellement à une cafétéria sans style ni décoration. Lorsqu’il a démarré il y a 18 mois, c’était un salon de narguilé qui comprenait également un espace de jeux pour enfants.

Avec le temps et malgré les changements, son image n’a pas suivi. La présence d’une large gamme de pizzas dans le menu est à mon sens un faux pas majeur. Sans parler de la multitude de téléviseurs accrochés au mur et de l’horrible choix musical.

Certes, le chef Mario a récemment déplacé le narguilé sur une terrasse extérieure isolée, mais il devrait à tout prix donner à Carneo une âme et une identité qui lui ressemblent aujourd’hui. S’il veut que son restaurant soit dans la catégorie des steakhouses, alors il n’y a pas de place pour le narguilé ou la pizza dans son menu, et encore moins pour un espace dédié aux enfants… Il devrait plutôt se concentrer sur son concept et assurer aux clients des fauteuils confortables, de vrais couteaux à viande, un plus grand choix de vins au verre et soigner la présentation de ses plats.

Carneo crêpe. Photo C.C.

Plus encore, il devrait inclure le porterhouse dans son menu, qui offre à la fois la tendresse du filet mignon et la richesse de l’entrecôte. Et peut-être transformer la cour et l’espace narguilé en un yakiniku, ce barbecue japonais où les clients cuisinent eux-mêmes directement à table, créant une expérience interactive qui ajoute aussi un élément d’amusement. Il pourrait également penser à faire vieillir quelques morceaux de bœuf, et peut-être ajouter un fumoir, avec une variété de copeaux de bois pour obtenir un excellent fumage…  

Des idées à prendre en compte, car le chef Mario envisage d’ouvrir très prochainement un restaurant dans le centre-ville de Beyrouth.

Durant l’une de nos nombreuses visites, nous avions mangé des portions « normales » pour laisser une place à un dessert. Le Pain perdu (à 8 dollars) que nous avons choisi était un véritable délice, avec sa croûte croustillante, son intérieur moelleux et crémeux et ses notes sucrées salées.

Ce « finale » était en parfait accord avec notre repas, tout comme l’était l’hospitalité authentique de Mario Medawar.

 

Adresse : Jeita, route principale

Téléphone : 71/091069


Une signature qui revient deux fois par mois. Photo C.C.

 

DATA
Son : niveau max = 96,7 dB, TWA = 52,1 dB
Qualité de l’air : 76/100 (moyen), COV 0,34 ppm, humidité 45%, température +20,2 °C
 
NOTES
Son : 3/5
Décoration : 2,5/5
Personnel : 4/5
Plats : 4/5
Propreté : 4/5
Avis : très bon
Prix : élevé.
EN RÉSUMÉ...
On aime bien : Wagyu burger, Ribeye wagyu MB8-9, Short rib MB6-7, Dynamite shrimps, Brisket nachos, Pain perdu
On aime moins : les sauces et les épices qui accompagnent les morceaux de viande, la Carneo crêpe.
Le conseil : assurez-vous d’avoir le ventre creux avant de venir, et optez pour un Carneo Plate of Dream afin d’avoir un avant-goût des quatre morceaux les plus recommandés ; partagez un Wagyu burger et ne manquez surtout pas les Brisket nachos.
Instagram : cordon.courtine
cordon.courtine@gmail.com
 

                                                                                


Si vous n’avez pas encore entendu parler du restaurant Carneo ou de son chef Mario Medawar, c’est que vous avez dû hiberner ces derniers mois, ou que vous n’êtes clairement pas actif sur les réseaux sociaux ! Car avec sa personnalité charismatique, il a envahi Instagram et TikTok, partageant avec ses plus de 90 000 abonnés sa passion pour la cuisine, et les coupes de viande en...
commentaires (9)

100% d’accord avec M Wassim Henoud sur l’aspect Arguilé, cigarettes… Limitez , Svp, vos articles aux restos qui respectent la loi sur la cigarette et qui respecte ses clients. En tout cas, vu les prix des restaurants dans vos articles, seuls les touristes libanais de passage au Liban pourraient se permettre de payer ces montants. Et ces personnes n’iront PAS vers les restaurants n’interdisant pas la cigarette et le narguilé. A quoi servent vos articles si les seuls clients potentiels ne mettront jamais leurs pieds dans des restaurants puant la cigarette et le narguilé ?

LE FRANCOPHONE

02 h 49, le 02 juin 2024

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • 100% d’accord avec M Wassim Henoud sur l’aspect Arguilé, cigarettes… Limitez , Svp, vos articles aux restos qui respectent la loi sur la cigarette et qui respecte ses clients. En tout cas, vu les prix des restaurants dans vos articles, seuls les touristes libanais de passage au Liban pourraient se permettre de payer ces montants. Et ces personnes n’iront PAS vers les restaurants n’interdisant pas la cigarette et le narguilé. A quoi servent vos articles si les seuls clients potentiels ne mettront jamais leurs pieds dans des restaurants puant la cigarette et le narguilé ?

    LE FRANCOPHONE

    02 h 49, le 02 juin 2024

  • Robert Courtine, collaborateur notoire, fut après la Seconde Guerre mondiale chroniqueur gastronomique au 'Monde', sous le pseudonyme de La Reynière. Est-ce une coïncidence que vous lui empruntiez son nom pour votre pseudo??

    Fouad SABBAGH

    10 h 28, le 29 mai 2024

  • RE: Henoud Wassim Je comprends parfaitement votre frustration. Malheureusement, si je devais limiter mes critiques aux seuls restaurants strictement non-fumeurs, cela réduirait considérablement les options disponibles. Depuis l'entrée en vigueur de la Loi n° 174 en 2019, qui réglemente le tabagisme dans les lieux publics, rares sont les établissements qui appliquent pleinement ces restrictions. Toutefois, je ne manquerai pas de souligner ceux qui le font dans mes critiques. Merci de votre compréhension et de votre engagement pour des espaces publics plus sains.

    Cordon Courtine

    23 h 34, le 27 mai 2024

  • Je vous encourage à limiter vos articles aux restaurants qui sont strictement réservés aux clients non-fumeurs. Franchement, on en a ras le bol de l’arrogance du cigare, de la misérable addiction à la cigarette, vapotage inclus, et de la pestilence des narguilés, quand on mange hors de chez soi. De grâce, faites au moins cette sélection de base pour qu’on s’intéresse aux restaurants que vous « analysez »

    Henoud Wassim

    08 h 38, le 27 mai 2024

  • Introduction qui sue l'arrogance, J'hiberne.

    Christine KHALIL

    09 h 54, le 26 mai 2024

  • Re: Barrage Samuel Randa Je voulais vous informer que j'ai répondu à votre commentaire et apporté des précisions sur mon compte IG, car je suis limité par la taille du texte ici.

    Cordon Courtine

    15 h 07, le 25 mai 2024

  • C’est du n’importe quoi !!! Je parle de l’article et non du restaurant …

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 44, le 25 mai 2024

  • 25 $ le hamburger ! Hors de prix. Même à Paris ou à Londres on ne trouverait pas un burger, fût-il d’excellente qualité, à un tel prix. Et au Liban : simplement indécent…

    Barrage Samuel Randa

    11 h 45, le 25 mai 2024

  • Je ne reconnais malheureusement pas le style objectif de "l'ancien" Gordon Courtine.

    Michel Trad

    09 h 41, le 25 mai 2024

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