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Société - Crise

Près de 1 500 Syriens expulsés du Koura, d'autres évacuations prévues au Liban-Nord

À Kouba, dans le Batroun, près de 1 100 Syriens en situation irrégulière doivent évacuer les lieux avant le 28 mai.

Près de 1 500 Syriens expulsés du Koura, d'autres évacuations prévues au Liban-Nord

Un campement de familles syriennes à Deddé, au Liban-Nord, démantelé lundi. Photo fournie par Rabih Ayyoubi

Les autorités libanaises sont-elles passées à la vitesse supérieure concernant le départ des réfugiés et migrants syriens au Liban ? Après un convoi de « retour volontaire » en Syrie à la mi-mai et qui n'avait réussi à attirer que quelque 200 personnes, les forces de l'ordre ont évacué lundi près de 1 500 Syriens vivant dans un complexe commercial situé à Deddé au Liban-Nord (caza du Koura) et un campement à proximité. Des opérations similaires ont été signalées dans le caza de Batroun ces derniers jours, tandis que d'autres évacuations sont prévues, selon des informations fournies à L'Orient-Le Jour par le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra.

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Les expulsions de Deddé ont été menées par le département de la Sécurité de l'Etat, en présence de M. Nohra, du président de la municipalité de Deddé, Rabih Ayoubi, du député Forces libanaises (FL) Fady Karam, et du député Courant patriotique libre (CPL) Georges Atallah. Les deux partis chrétiens rivaux sont d'accord pour l'expulsion des réfugiés et migrants syriens, comme le réclament d'autres formations politiques et une large frange de la population libanaise.

Bâtiment « insalubre »

Les Syriens qui résidaient dans le complexe de Deddé étaient « en situation irrégulière » et vivaient au Liban « pour des raisons économiques et non pas parce qu'ils avaient des problèmes avec le régime syrien », assure Rabih Ayoubi à L'OLJ. Selon lui, cette expulsion ne visait pas « réfugiés » ou des « déplacés » (dénomination adoptée par les autorités libanaises) ayant fui la guerre en Syrie.

« Nous n'avons rien contre eux, mais le bâtiment dans lequel ils vivaient était insalubre et les eaux usées étaient déversées dans le sous-sol, ce qui a créé de nombreux problèmes et conduit à la propagation de certaines maladies », explique l'élu. Selon le mohafez Nohra, proche du CPL, des activités de prostitution et de vente de drogue auraient également eu lieu dans ce bâtiment. Des affirmations que nous n'avons pas pu confirmer de manière indépendante.

Le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra (au premier plan à gauche), supervisant le démantèlement d'un camp occupé par des Syriens à Deddé, le 20 mai 2024. Photo Ani

Les récentes expulsions de Syriens et la fermeture de commerces et entreprises tenus par des ressortissants en situation irrégulière ont provoqué une polémique ces derniers jours, après des critiques formulées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban. L'organisme, qui a dénoncé des « mesures inhumaines » décidées par le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, pour sévir contre les Syriens vivant clandestinement dans le pays, s'est attiré les foudres des autorités libanaises. L'agence onusienne est finalement revenue sur ses propos.

« Il faut leur mettre la pression »

« Nous appliquons les décisions des autorités. Tous les camps informels seront démantelés », insiste le mohafez Ramzi Nohra. Il indique que des expulsions ont eu lieu dernièrement à Kfifane et Kfar Helda dans le caza de Batroun, et que d'autres seront bientôt menées à Asia et Kouba, dans le même caza. Répondant aux critiques du HCR, Ramzi Nohra estime que l'agence onusienne « n'a pas le droit » de s'attaquer aux responsables libanais.

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À Kouba, ce sont près de 1 100 Syriens en situation irrégulière qui ont été notifiés de leur expulsion imminente, avec un ultimatum fixé pour le 28 mai, selon Elias Mello, président de la municipalité de cette localité. « Le village compte 700 habitants et 1 100 Syriens. Parmi eux, près de 200 ont des papiers en règle. Les autres sont entrés illégalement au Liban », affirme l'élu à L'OLJ. « Nos infrastructures ne sont pas adaptées à un tel afflux. Nous n’arrivons pas à assurer la collecte des déchets et les prix des terrains ont baissé à cause de la présence » des Syriens, ajoute-t-il.

Le Akkar, nouveau refuge ?

Selon Elias Mello, plusieurs familles auraient déjà quitté Kouba en direction du Akkar, plus au Nord, à quelques kilomètres de la frontière syrienne. De même pour les Syriens forcés de quitter Kfifane, il y a une semaine, selon le président de la municipalité de cette localité.

Contacté par L'OLJ, Zaher Kassar, mokhtar de la localité de Bebnine au Akkar, confirme que de nombreuses familles syriennes sont arrivées dernièrement dans le secteur, après avoir été expulsées d'autres régions. Il n'était pas en mesure de fournir des chiffres exacts sur ce phénomène.

Ballotés d'une région à l'autre, ces nouveaux venus suscitent des inquiétudes au Akkar, l'une des régions les plus pauvres du pays. « Avec ces nouvelles arrivées, nous avons de plus en plus de problèmes d'accès à l'eau, de traitement des eaux usées et de collecte des déchets », explique M. Kassar. Parmi ces Syriens, « il y a des gens qui ont réellement des problèmes avec le régime et qui ne peuvent pas rentrer et d'autres qui profitent tout simplement des aides offertes au Liban tout en effectuant des aller-retour fréquents en Syrie », estime-t-il.

Les autorités libanaises sont-elles passées à la vitesse supérieure concernant le départ des réfugiés et migrants syriens au Liban ? Après un convoi de « retour volontaire » en Syrie à la mi-mai et qui n'avait réussi à attirer que quelque 200 personnes, les forces de l'ordre ont évacué lundi près de 1 500 Syriens vivant dans un complexe commercial situé à...
commentaires (3)

Il serait souhaitable que ces mesures s'étendent dans d'autres régions a l'instar du Kesrouan district du gouvernorat du Mont-Liban ( pour info aux autorités) ou ces campements pullulent de Sarba à Amchit, même s'ils semblent bénéficier de conditions meilleures, électricité, eau, internet et même de l'energie renouvelable pour certains !! Il est evident que cette situation est bénéfique pour certains mais tout le monde devrait participer à cet effort national....que de placer l'eglise et la mosquée au centre du village...

C…

07 h 43, le 24 mai 2024

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Commentaires (3)

  • Il serait souhaitable que ces mesures s'étendent dans d'autres régions a l'instar du Kesrouan district du gouvernorat du Mont-Liban ( pour info aux autorités) ou ces campements pullulent de Sarba à Amchit, même s'ils semblent bénéficier de conditions meilleures, électricité, eau, internet et même de l'energie renouvelable pour certains !! Il est evident que cette situation est bénéfique pour certains mais tout le monde devrait participer à cet effort national....que de placer l'eglise et la mosquée au centre du village...

    C…

    07 h 43, le 24 mai 2024

  • le titre porte une bonne dose de rasicme Il Aurait fallu ajouter syriens en situation irrégulière

    William SEMAAN

    02 h 14, le 24 mai 2024

  • Une question svp: Les expulsions ok mais vers la Syrie on espère. Non pas expulsion d’un endroit au liban vers un autre endroit ?

    LE FRANCOPHONE

    01 h 07, le 24 mai 2024

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